Des scientifiques ont capturé des images de pièges photographiques indiquant le rétablissement probable des populations de buffles de forêt dans la région nord de la République démocratique du Congo, après cinq années de recherche infructueuse de cette espèce presque éteinte localement.
À 5 h 35 le 24 mai 2023, un buffle des forêts (Syncerus caffer nanus) de forte corpulence, aux longues cornes recourbées, est entré dans le cadre rapproché d’un piège photographique installé par des scientifiques du Centre de recherche forestière internationale et du Centre International de Recherche en agroforesterie (CIFOR-ICRAF) dans la réserve de biosphère de Yangambi.
Les images du piège ne durent que 10 secondes, mais elles sont le résultat de cinq années de travail consacrées au suivi des mammifères terrestres présents dans le paysage. Après avoir capturé ces 10 secondes d’images, l’équipe de scientifiques est retournée sur le site concerné et a trouvé des empreintes et des pistes, suggérant la présence de quatre buffles adultes et d’un plus jeune – un point névralgique potentiel pour les buffles.
Selon les chasseurs, les buffles étaient abondants dans la région à la fin des années 1990, mais ils se sont éteints localement en raison des niveaux élevés de chasse, en particulier pendant les guerres civiles du Congo, qui ont pris fin en 2003.
L’observation des buffles a eu lieu dans le cadre du projet Formation, Recherche, Environnement dans la Tshopo (FORETS II). Financé par l’Union européenne et mis en œuvre par CIFOR-ICRAF, le projet vise à renforcer la biodiversité et les avantages de l’écosystème en vue de stimuler les moyens de subsistance durables dans le paysage de Yangambi.
“Cette découverte est très importante car elle pourrait indiquer qu’un rétablissement des populations d’animaux sauvages est encore possible dans la réserve de biosphère de Yangambi tant qu’un soutien substantiel est apporté aux communautés locales vivant avec les animaux sauvages, ce qui permettrait à la famille de buffles récemment photographiée de croître en plus grand nombre”, a déclaré Nathalie van Vliet, scientifique principale du projet.
Aucune preuve de la présence de l’espèce de buffle n’a été trouvée au cours des cinq années de suivi, même si quelques chasseurs ont mentionné que des buffles isolés pouvaient traverser la rivière Aruwimi et entrer dans la réserve de biosphère de Yangambi. Selon Mme. Van Vliet, il s’agit de la voie la plus probable pour pénétrer dans la réserve.
Séquence du buffle capturé avec le piège photographique. Vidéo par CIFOR/ICRAF
L’équipe du projet CIFOR-ICRAF est en train de repenser des stratégies efficaces pour assurer la croissance des populations de ces espèces et également gérer les conflits homme-faune qui pourraient survenir lorsque des espèces de mammifères terrestres coexistent avec l’activité humaine dans la région.
Les pièges photographiques sont utilisés par les scientifiques en écologie et en conservation depuis des décennies. Aujourd’hui, cette technologie est un outil largement utilisé qui aide les scientifiques à comprendre les espèces et à améliorer leur suivi et leur conservation.
En République démocratique du Congo, en particulier autour de la réserve de biosphère de Yangambi, les pièges photographiques ont permis d’identifier – et de capturer des preuves directes – de diverses espèces protégées ou vulnérables, notamment les chimpanzés en voie de disparition, trois espèces de pangolins et le macroscélide tacheté. La découverte de ces espèces est tout à fait conforme aux impacts attendus du projet FORETS II, qui comprend l’amélioration de la gestion de la réserve de biosphère de Yangambi et la réduction de la perte de biodiversité végétale et animale dans la région.
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FORETS II est financé par l’Union européenne et mis en œuvre par CIFOR-ICRAF dans le paysage de Yangambi, dans la province de la Tshopo, en République démocratique du Congo. Le projet, qui en est à sa deuxième phase, permet aux décideurs politiques, aux bailleurs de fonds et aux communautés de mieux comprendre la contribution des forêts aux économies locales, à la santé et au bien-être, ainsi qu’à la biodiversité régionale, grâce à la conservation et à l’utilisation durable des services écosystémiques.
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