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Situé en plein cœur de l’Afrique, un vaste plateau de forêt dense bordé par l’imposant fleuve Congo abrite depuis les années 1930 une installation scientifique emblématique consacrée à l’étude de l’agriculture et des forêts tropicales.

La station de Yangambi a connu des hauts et des bas, mais elle se réinvente aujourd’hui comme centre d’excellence qui permet aux jeunes chercheurs africains d’étudier les réponses aux défis les plus urgents auxquels est confrontée la deuxième plus grande forêt tropicale du monde, le bassin du Congo.

Initialement créé au Congo belge dans le but de développer un secteur agricole fondé sur la science, Yangambi a atteint son apogée dans les années d’après-guerre (1945-1960), en devenant l’un des centres de recherche les plus réputés d’Afrique. Le riche héritage de cet « âge d’or » comprend des relevés climatologiques détaillés, de nouvelles variétés de bananes et de palmiers à huile, l’herbier le plus important d’Afrique centrale, et une classification de la végétation africaine qui reste pertinente de nos jours.

Malheureusement, l’instabilité qui a suivi l’indépendance de la République démocratique du Congo (RDC) a mis un terme à la plupart des recherches. Ce n’est qu’au cours des quinze dernières années que Yangambi reprend progressivement sa place de centre où se rencontrent les spécialistes forestiers.

   Étançons de parasolier (Musanga cecropioides), circa 1950. Photo : Anonyme/Collection Bibliothèque INERA
   Observation phénologique sur l’Afrormosia (Pericopsis elata), 2020. Photo : Axel Fassio/CIFOR

Une nouvelle exposition de photos organisée par le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) et l’Institut National pour l’Étude et la Recherche Agronomiques (INERA) présente un voyage dans le passé glorieux et le présent dynamique de Yangambi, proposant une vision ambitieuse pour l’avenir, dans laquelle les forêts gérées durablement et la recherche appliquée serviront de moteur au développement local.

Intitulée « Koyeba Yangambi » (Koyeba signifie connaître en lingala), l’exposition comprend du matériel inédit provenant des archives photographiques de la bibliothèque de l’INERA, ainsi que des images récentes du photographe Axel Fassio, qui font partie des archives photographiques du CIFOR. La collection complète sera disponible en ligne jusqu’au 7 juillet 2021.

Un joyau de la couronne belge

Sous l’impulsion du futur Roi Léopold III, l’Institut National pour l’Étude Agronomique du Congo belge (INEAC) a été créé en 1933. Formé d’un réseau de 37 stations de recherche, la plus importante a été établie à Yangambi, à 100 kilomètres de la ville de Stanleyville (rebaptisée plus tard Kisangani).

Ses installations de premier ordre s’étalaient sur 25 000 hectares, comprenant de multiples laboratoires, des parcelles expérimentales, des salles de conférence, des quartiers résidentiels et même un théâtre et une piscine olympique. Avec plus d’une centaine de scientifiques et beaucoup plus de techniciens, Yangambi était à l’époque un centre dynamique qui favorisait l’innovation et le bouillonnement des idées.

   Hybridation du riz à la division des plantes vivrières, 1947. Photo : Anonyme/Collection Bibliothèque INERA

Yangambi a également accueilli des événements internationaux notables, dont le premier congrès international d’agronomie en Afrique centrale (la Semaine agricole de Yangambi en 1947), et la première conférence visant à promouvoir la collaboration entre les experts forestiers francophones et anglophones travaillant en Afrique (la Conférence de Yangambi, 1956).

L’INEAC a été démantelé après l’indépendance de la RDC en 1960, et la station de Yangambi a été intégrée à l’INERA, une institution qui venait d’être créée. Malgré des décennies de coupes budgétaires et de guerre, le personnel de l’INERA a réussi à maintenir le fonctionnement du centre et à conserver ses précieuses archives, préservant ainsi l’héritage de près de trente ans d’une recherche exceptionnelle.

Un trésor inconnu

Nonobstant l’importance historique de Yangambi, le centre reste largement méconnu de la population congolaise, selon le directeur de l’INERA-Yangambi, Michel Lokonda. « Même quand les gens en ont entendu parler, ils pensent que Yangambi est mort », a-t-il indiqué. « Avec cette exposition photographique, nous visons à montrer que c’est tout le contraire. Nos activités sont toujours très pertinentes pour la RDC et au-delà de ses frontières. »

De 2006 à 2015, la Belgique a contribué avec un nouveau programme d’appui à l’INERA pour améliorer la production agricole. Depuis 2017, Yangambi a reçu un soutien de l’Union européenne pour lancer de nombreuses activités de recherche, de développement et de conservation visant à promouvoir un modèle de développement durable, capable de concilier les défis environnementaux avec les besoins d’une population croissante.

Les activités en cours, qui sont mises en œuvre par le CIFOR en collaboration avec l’INERA et d’autres institutions, comprennent la restauration à grande échelle des terres dégradées, la recherche sur la flore et la faune menacées, le renforcement des capacités des entrepreneurs locaux, la création de moyens de subsistance durables, et la rénovation des infrastructures.

   Analyse des échantillons au nouveau laboratoire de biologie du bois à Yangambi, 2018. Photo : Axel Fassio/CIFOR

Ces efforts sont également soutenus par la Belgique, qui investit désormais dans la consolidation de Yangambi en tant que pôle scientifique de pointe. Cela comprend la formation du personnel de l’INERA et la construction de nouvelles installations scientifiques pour améliorer la capacité du centre à mener des recherches de haut niveau.

« Les images valent mieux que mille explications, c’est pourquoi nous sommes fiers de soutenir cette exposition et de donner de la visibilité aux nombreux efforts menés par nos partenaires congolais et internationaux pour faire de Yangambi à nouveau le centre de référence pour la recherche forestière en Afrique centrale », a déclaré Stefan Meersschaert, Ministre-Conseiller pour la Coopération au Développement à l’Ambassade de Belgique à Kinshasa.

 

Cette recherche a été possible grâce à l'aide financière de l'Ambassade de Belgique à Kinshasa et l'Union Européenne, et est menée en partenariat avec l'INERA, UNIKIS, le Musée Royal de l'Afrique centrale, le Jardin botanique Meise, R&SD et l'Université de Gand, parmi d'autres partenaires congolais et internationaux.
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