Améliorer La Résilience Climatique Dans Le Nord Du Cameroun

Un Nouveau Projet Relève Le Défi.
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Champs de démonstration du village Gambour (Cameroun)/ Laureanne Mefan CIFOR-ICRAF

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Les effets du changement climatique sont réels ! Au Cameroun, les précipitations annuelles ont diminué de 2,9 mm par décennie depuis 1960. La température moyenne au Cameroun est en hausse depuis 1930, avec une augmentation nette de 1oC entre 1930 et 1995. Ces impacts sont encore plus palpables dans les régions septentrionales du pays, caractérisées par un climat soudano-sahélien. Dans cette partie septentrionale, plus de 80% de la population vit de l’agriculture et du pastoralisme – et les deux dépendent des précipitations. Le secteur agricole est le secteur le plus sensible et vulnérable aux aléas climatiques et également celui dans lequel le risque relatif est le plus élevé eu égard à la faible capacité d’adaptation des foyers. Par ailleurs, la Banque mondiale mentionne que les régions du Nord et Extrême-Nord sont celles présentant, pour le secteur agricole des risques très élevés et absolus liés aux conséquences du changement climatique.

Une autre préoccupation concerne le secteur énergie. Actuellement, la déforestation pour des besoins agricoles, en plus de l’élévation de la température et la forte évapotranspiration qui en résulte, ont pour conséquence la réduction du volume de la biomasse ligneuse disponible. De plus, les travaux d’extension du réseau électrique centralisé ne permettront pas aux villages ruraux les plus éloignés des lignes principales d’en bénéficier à court ou moyen terme. L’accès à une énergie durable (électricité d’origine renouvelable entre autres) et l’amélioration de l’efficience énergétique restent donc parmi les enjeux les plus importants de développement économique de ces villages.

Le projet INNOVACC relève le défi !

Innovation pour l’Adaptation au Changement Climatique (INNOVACC) est le projet chargé de relever le défi redoutable d’améliorer la résilience des populations dans les régions du Nord Cameroun. Financé par l’Union européenne et géré par le Centre international de recherche en agroforesterie (ICRAF), le Centre international de recherche forestière (CIFOR), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) , L’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD), et la Fondation Energies pour le Monde (FONDEM), ce projet vise spécifiquement l’augmentation durable de la productivité agro-pastorale et les revenus des ménages ruraux au vu de leurs enjeux climatiques.

« Nous voulons aider les populations à être plus résilientes face aux effets du changement climatique. Nous voulons les accompagner avec de meilleures pratiques agricoles, les aider à comprendre et à s’informer sur les changements climatiques en les plaçant au premier plan de la collecte et de l’analyse des informations climatiques » explique Bertin Takoutsing, scientifique au CIFOR-ICRAF et coordinateur du projet INNOVACC pour ICRAF.

Cette initiative qui a débuté ses activités en 2022 et sera mise en œuvre jusqu’à 2025 prévoit des résultats clés. Le premier des résultats attendus du projet est que les acteurs locaux (organisations paysannes, agents des structures de développement et représentants des ministères) utilisent des outils d’évaluation et prospective d’adaptation au changement climatique des systèmes de production actuels et alternatifs et vulgarisent les résultats de ces évaluations dans une démarche participative auprès des agriculteurs et ménages ruraux. Ensuite, la diffusion d’informations agro climatiques et leur utilisation effective dans la prise de décision des agriculteurs des régions du Nord et de l’Extrême Nord. Le troisième résultat concerne la disponibilité au niveau local des services énergétiques basés sur les énergies renouvelables en réponse aux besoins de développement social et économique induits par la démarche d’adaptation au changement climatique. Des femmes et des jeunes (filles et garçons) dans la zone du projet qui s’impliquent activement dans les stratégies d’adaptation au changement climatique par le développement des chaînes de valeur climato-intelligentes et des petites entreprises écologiques, constitue le quatrième résultat attendu d’INNOVACC. Pour finir, l’amélioration des conditions politiques et institutionnelles permettant aux ménages ruraux d’adopter plus facilement des pratiques climato-intelligentes.

Les activités du projet INNOVACC se dérouleront dans les villages de Tolore, Pintchoumba, Bame et Bang pour la région du Nord, Gambour et Douroum pour l’êxtreme nord. « Le choix du lieu d’intervention n’a pas été facile. Nous avons dû prendre en compte un certain nombre de critères – Dynamisme et mobilisation de la communauté, capacité à organiser et mener des activités communautaires, types de pratiques culturales (diversification sur différents sites), Impact palpable du changement climatique sur les systèmes de production (faible pluviométrie, températures élevées, inondations, sécheresse, érosion éolienne), Présence d’une station météorologique (SODECOTON, etc.) dans les environs » explique Bertin. « Nous avons également dû veiller à ce que ces villages soient représentatifs. Nous devions nous assurer qu’ils n’avaient pas les mêmes caractéristiques afin de ne pas biaiser l’expérience » conclut-il.

Des premiers pas à succès !

Bang, comme nous l’avons mentionné, est l’un des villages climato-intelligents choisis pour la phase pilote du projet. Le village comprend la plupart des éléments qui seront mis en œuvre tout au long du projet : Des champs de démonstration pour les pratiques climato-intelligentes des cultures telles que le maïs, le sorgho, les arachides, les haricots, le soja… Des pépinières pour la production de plants à intégrer dans les systèmes de production – arbres fruitiers, espèces forestières, espèces fourragères, etc. Des pluviomètres pour la collecte des données pluviométriques.

Avec l’appui des communautés, des parcelles expérimentales de variétés améliorées de céréales (maïs, sorgho et riz), de légumineuses (niébé, soja et arachide), d’espèces fourragères (Bracharia, Stylosanthes et sorgho fourrager) et des pépinières ont été mises en place avec l’aide de l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD), à des périodes différentes de celles appropriées (semis précoce et tardif), afin de tester l’efficacité de cette technique promue par le projet. Un an plus tard, la récolte est tangible.

« Au départ, lorsque nous sommes arrivés avec les semences améliorées et que nous les avons distribuées auprès de la population locale, celle-ci n’était pas enthousiaste, et d’autres se sont même moqués de ceux qui nous rejoignaient, mais voilà qu’un an plus tard, les récoltes sont au rendez-vous », explique le Dr Valentin Mvondo, chercheur à l’IRAD.

« Nous sommes heureux de ces récoltes et attendons avec impatience celles de l’année prochaine », explique le chef du village de Bang, Bahr DawaÏ.

L’émerveillement de la population face à ces rendements démontre l’efficacité des premiers pas et suscite l’espoir pour l’avenir. Une étape positive pour le projet INNOVACC.

Le projet INNOVACC se veut une bouffée d’air frais pour ces personnes face à tous les défis climatiques qui semblaient être presque insurmontables.


Le projet  Innovation pour l’Adaptation au Changement Climatique (INNOVACC) financé par l’Union européenne, est mis en œuvre par un Consortium d’institutions de recherche internationales et nationales, en l’occurrence le Centre international de recherche en agroforesterie (ICRAF), le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) et la Fondation Energies pour le Monde (FONDEM).

Pour plus d’informations sur ce sujet, veuillez contacter Bertin Takoutsing, Coordonnateur du projet à l’adresse courriel suivante : B.Takoutsing@cifor-icraf.org

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