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La conservation des forêts du bassin du Congo est une tâche cruciale mais complexe. Ce massif de forêts tropicales, le deuxième plus grand au monde, couvre plus de 200 millions d’hectares et s’étend sur six pays d’Afrique centrale. Il abrite certains des animaux les plus menacés au monde, tels que les gorilles de plaine ainsi que plus de 10 000 espèces de plantes tropicales endémiques. Il contribue également aux moyens de subsistance de 60 millions de personnes, qui dépendent des ressources forestières pour leur nutrition, énergie et emplois ; une contribution économique importante dans l’une des régions les moins développées du monde. De plus, il stocke environ 46 milliards de tonnes de carbone, ce qui profite à toute la planète confrontée au changement climatique.

L’importance de cet écosystème fait qu’une multitude d’acteurs, y compris des bailleurs de fonds, des agences de mise en œuvre, des gouvernements nationaux et des organisations locales, mènent simultanément des efforts de conservation et de développement sur le terrain. Bien que l’intérêt international, la disponibilité des fonds et la volonté politique soient certainement les bienvenus, il y a parfois des doubles emplois. Le manque d’informations et le manque de coordination globale empêchent d’atteindre les objectifs en matière d’environnement et de développement.

Pour s’attaquer à ces problèmes, l’Observatoire des forêts d’Afrique centrale (OFAC) – dont la mission est de fournir des données aux décideurs pour promouvoir des politiques fondées sur des preuves – a récemment lancé une plateforme interactive de recensement et suivi de projets. Cet outil en ligne permet aux utilisateurs d’accéder aux données et aux projets de la région, de promouvoir la collaboration et de mettre fin au gaspillage de ressources.

« Au cours des deux dernières décennies, le nombre d’acteurs du secteur forêt-environnement dans la région a augmenté de façon exponentielle, » explique Quentin Jungers, assistant technique de l’OFAC, et coordonnateur de l’équipe d’informaticiens derrière la plateforme. « Cet outil répond aux demandes d’une meilleure coordination aux niveaux régional et national. Cela permettra aux organisations et aux gouvernements de partager des informations, de promouvoir des collaborations et d’assurer l’harmonisation. »

Notre objectif était de faire en sorte que toutes les catégories d'utilisateurs, familiarisés ou non avec la technologie, puissent en bénéficier

Quentin Jungers

UNE APPROCHE RÉGIONALE

Le programme de conservation du bassin du Congo vise depuis longtemps à améliorer la coordination entre les parties prenantes. En 1999, la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC) a été créée par l’ensemble des dix pays d’Afrique centrale avec pour mandat de superviser la gestion durable et la conservation des écosystèmes forestiers.

En 2005, l’adoption d’un premier Plan de convergence a fourni une stratégie commune aux États membres de la COMIFAC et aux partenaires internationaux pour atteindre des objectifs durables. L’OFAC est officiellement devenue une unité technique de la COMIFAC en 2011, ce qui a conduit à la mise au point d’un système intégré de suivi et d’évaluation quelques années plus tard.

« Il existe tellement d’initiatives en faveur de la gestion durable des forêts d’Afrique centrale qu’il est parfois difficile pour la COMIFAC d’avoir une vision claire de tous les efforts qui contribuent à la mise en œuvre de notre Plan de convergence, » explique Vincent Medjibe, coordinateur OFAC à la COMIFAC. « Nous espérons que cette plateforme nous donnera un aperçu précis de ce qui se passe sur le terrain. »

SOLUTIONS NUMÉRIQUES

Le développement de la plateforme de recensement et suivi de projets, la première du genre en Afrique centrale, a commencé en 2015 avec une simple base de données. Il a fallu 8 mois de travail intense pour la convertir en une plateforme analytique, qui a été lancée l’année dernière.

« Nous avons commencé par développer une base de données comprenant des experts, des projets et des initiatives de renforcement des capacités dans les domaines de l’environnement, du changement climatique, de la gestion durable des ressources naturelles et de la conservation, » explique Donald Djossi, informaticien à l’OFAC. Cependant, il affirme que le véritable défi technique consistait à trouver les liens entre les projets, afin de fournir une vue d’ensemble complète de toutes les initiatives.

« Notre objectif était de faire en sorte que toutes les catégories d’utilisateurs, familiarisés ou non avec la technologie, puissent en bénéficier », déclare Q. Jungers. L’intérêt pour la plateforme est clair. Bien qu’elle ait été lancé il y a quelques mois à peine, elle compte déjà en moyenne 60 utilisateurs par semaine.

Les utilisateurs peuvent bénéficier d’un répertoire et d’une carte interactive indiquant la géolocalisation et l’explication de chaque initiative, d’un onglet d’analyse qui examine l’état actuel des projets, ainsi que d’un outil de génération de rapports.

UN APPEL À CONTRIBUTIONS

Cette plateforme est une initiative collaborative et son succès dépendra de la volonté des organisations de partager les informations de leurs projets. À ce jour, plus de 651 projets ont déjà été soumis, dont 508 ont été validés et publiés, un montant significatif compte tenu du fait qu’ils représentent 5 milliards d’euros de financement.

Pour contribuer, il faut d’abord créer un compte utilisateur. Cela donne aux organisations l’accès à un module privé. Ensuite, les utilisateurs peuvent remplir un formulaire pour chaque projet. « C’est tout ce qui est nécessaire, » déclare D. Djossi. Une fois le projet soumis, l’équipe de l’OFAC examine le formulaire pour s’assurer que toutes les informations sont exactes et éviter les chevauchements. « Nous devons suivre ce processus de validation pour nous assurer que la plateforme est une source fiable, » explique Q. Jungers.

Pour encourager les organisations à alimenter la plateforme, leur compte utilisateur leur donne également accès à un outil de suivi gratuit qui peut les aider à contrôler l’avancement de leurs projets. « Ils peuvent avoir un rapport en un clic, » explique D. Djossi.

La prochaine étape pour l’OFAC consiste à utiliser les informations de cette plate-forme pour produire une publication régionale intitulée « L’État des Projets », attendue pour 2020. Elle analysera l’impact des projets dans le bassin du Congo au cours des 15 dernières années, en cherchant à mieux les intégrer dans les politiques environnementales nationales et régionales. « L’État des Projets aidera les décideurs à comprendre ce qui a été fait pour conserver les forêts en Afrique centrale et ce qu’il reste à faire, » conclut Q. Jungers.

Visiter la plateforme de recensement et suivi de projets

Cette recherche a été possible grâce à l'aide financière RIOFAC, financé par l'Union européenne.
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