Les financements consacrés à la conservation, mieux connus sous le terme de paiements pour services environnementaux (PSE), sont un instrument fréquemment utilisé pour agir contre la déforestation et préserver les forêts tropicales.
Le principe consiste à verser une indemnisation, financière ou en nature, aux gestionnaires des terres en contrepartie d’un soutien actif en faveur de la conservation des forêts. L’objectif recherché est la supériorité de la rentabilité des forêts sur pied par rapport à une coupe rase. Le paiement destiné à conserver la forêt doit par conséquent être plus important que le coût d’opportunité d’une déforestation évitée, c.-à-d. le montant des profits auxquels ont renoncé des secteurs économiquement tributaires du déboisement (par exemple la culture sur brûlis et l’élevage intensif de bétail).
La plupart des évaluations menées sur l’impact des PSE indiquent divers degrés de réussite dans la réalisation de cet objectif. Mais l’on dispose de peu d’informations sur la permanence de ces résultats après l’arrêt des paiements.
Le présent infobrief condense les principales conclusions de notre évaluation des impacts d’un projet REDD+ (Réduction des émissions liées à la déforestation et la dégradation des forêts, et à l’amélioration des stocks de carbone) dans lequel de petits exploitants de l’Amazonie brésilienne ont été rémunérés pour réduire la déforestation. Notre première étape pour combler le manque de connaissances sur la permanence des effets, une fois le projet terminé, a été d’examiner attentivement dans quelle mesure les résultats obtenus ont perduré.
Pour commencer notre analyse, nous avons formulé l’hypothèse (voir paragraphe suivant) de quatre scénarios concernant la permanence des résultats de conservation de la forêt, consécutifs aux PSE. Tous les scénarios partaient du même postulat de base, c’est-à-dire la réduction effective de la déforestation grâce aux PSE, mais leur suite différente après l’arrêt des versements illustrait les quatre degrés de permanence, classés du plus optimiste au plus pessimiste.
Scénario 1 : Permanence de la réduction de la déforestation : le faible niveau de déforestation se maintient après la fin des versements.
Scénario 2 : Préservation des bénéfices de la conservation : la déforestation reprend, mais sans oblitérer la déforestation évitée.
Scénario 3 : Permanence à résultat nul : les taux de déforestation remontent jusqu’à « rattraper » leur niveau initial.
Scénario 4 : Permanence négative : la déforestation est plus forte sur le long terme et produit des effets néfastes sur la conservation.
Les résultats de notre évaluation des impacts des PSE de la REDD+ sur le terrain se rapprochent le plus du scénario 2. D’après nos estimations, les PSE ont permis de préserver 7,8 % en moyenne du couvert forestier par propriété, mais uniquement pendant la durée des paiements. Une fois les versements terminés, les anciens participants ont repris leurs activités de déforestation, mais à un rythme qui n’annulait pas les résultats de conservation obtenus. Autrement dit, si la réduction de la déforestation n’a pas perduré, le bénéfice de conservation des PSE a tout de même été préservé.
Le premier enseignement pour les donateurs et les porteurs de projets de PSE pourrait être que « l’on n’en a que pour son argent, et tant qu’on paie ». Les programmes PSE définis sur le long terme se révèlent donc préférables puisqu’ils permettent de réduire la déforestation sur une plus longue période.
Néanmoins, même les PSE temporaires que nous avons évalués présentaient une certaine permanence, par exemple certains bénéfices de conservation de la forêt obtenus pendant les versements se sont maintenus après la fin du projet.
Par conséquent, si les PSE n’ont pas mis un terme à la déforestation, ils ont toutefois permis d’ouvrir une parenthèse salutaire pendant, et après la fin de l’intervention, pour protéger les forêts qui atténuent le changement climatique entre autres avantages.
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Les présents travaux ont été réalisés par le Centre de recherche forestière internationale dans le cadre de l’Étude comparative mondiale sur la REDD+. Les partenaires financiers qui ont soutenu ces travaux incluent l’agence norvégienne de coopération pour le développement (Norad), l’Initiative internationale pour le climat (IKI) du ministère fédéral allemand de l’Environnement, de la Protection de la Nature et de la Sûreté nucléaire (BMU), et le Programme de recherche du CGIAR sur les forêts, les arbres et l’agroforesterie (CRP-FTA), avec un soutien financier des donateurs du Fonds du CGIAR.
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