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Les forêts d’Afrique centrale : Des héros du carbone menacés

La déforestation, le braconnage et l'absence de pratiques durables menacent les vastes forêts tropicales de la région
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Transport de bois de chauffe à Yangambi, Tshopo, RDC. Photo d’Axel Fassio/CIFOR-ICRAF

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La sous‑région de l’Afrique centrale, qui comprend principalement le bassin du Congo, abrite l’une des plus grandes étendues de forêts tropicales au monde. Elle constitue un refuge pour une diversité extraordinaire d’espèces végétales et animales, et offre des services écosystémiques essentiels.

Selon le rapport État des Forêts  (EDF) 2021 publié par l’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale (OFAC), ces forêts séquestrent environ 40 gigatonnes de carbone chaque année, soit environ l’équivalent total des émissions annuelles de carbone produites par les êtres humains.

Cependant, ces écosystèmes sont confrontés à plusieurs défis. La déforestation principalement causée par l’agriculture extensive sur brûlis, l’exploitation forestière illégale, l’expansion des infrastructures, et le développement de l’agro-industrie, met en péril la biodiversité régionale. Par ailleurs, la pression démographique croissante, le braconnage et l’absence de mesures de conservation adéquates menacent également les habitats fragiles et les espèces endémiques. Le rapport EDF 2021 avertit que 27 % de ces forêts pourraient disparaître d’ici 2050 sans une intervention urgente.

« Les enjeux liés à la conciliation de la conservation de la biodiversité et du développement économique durable sont immenses. Les communautés locales dépendent souvent des ressources naturelles pour leur subsistance. Pourtant, une exploitation excessive ainsi qu’une mauvaise gestion peut épuiser ces ressources à un rythme insoutenable », explique Richard Eba’a Atyi, coordonnateur régional du Centre de Recherche Forestière Internationale et du Centre de Recherche en Agroforesterie (CIFOR-ICRAF) pour l’Afrique centrale.

La préservation des forêts d’Afrique centrale et la gestion durable de leurs écosystèmes sont au centre des discussions lors des rencontres de haut niveau, comme celles de la Réunion des Parties du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC). Lors de la 20ème session de cette réunion tenue en juin 2024 à Kinshasa en République démocratique du Congo, la contribution de Richard Eba’a Atyi à la réalisation d’un cadre technique de la gestion forestière et l’accompagnement des institutions de la sous-région dans l’animation du dialogue science-politique lui ont valu la nomination de forestier de l’année 2024.

 « Pour relever ces défis, CIFOR-ICRAF travaille avec l’OFAC afin d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques de gestion durable fondées sur des données fiables et actualisées, tout en soutenant les efforts de développement durable des pays » déclare Richard Eba’a Atyi. « Ces données ne peuvent être fournies que sur la base de travaux de recherches crédibles et actualisées menées par des organisations spécialisées en partenariat avec les acteurs gouvernementaux, le secteur privé et les acteurs de la société civile ».

Créé en 2007, l’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale (OFAC) est une cellule spécialisée de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) qui met à disposition des données actualisées et pertinentes sur les forêts et les écosystèmes de la région, pour informer la prise de décisions politiques et promouvoir une meilleure gouvernance ainsi qu’une gestion durable des ressources naturelles. L’OFAC est financé par l’Union européenne et bénéficie de l’appui du projet « Renforcement et Institutionnalisation de l’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale » (RIOFAC) mis en œuvre par le CIFOR-ICRAF.

Malgré les efforts de l’OFAC, des lacunes subsistent dans la production et l’utilisation d’informations scientifiques sur les écosystèmes africains. Celle-ci incluent une capacité limitée de formation dans les universités et centres de recherche dans la sous-région ainsi qu’un faible taux d’investissements financiers pour fournir de meilleures informations et des connaissances de meilleure qualité. De plus, les connaissances produites au sein de la communauté scientifique, ne sont pas suffisamment partagées avec les praticiens et les décideurs politiques.

Afin de promouvoir la contribution de la recherche scientifique à la gestion durable des forêts du bassin du Congo, un forum hybride intitulé « Quel est l’état des forêts d’Afrique centrale », s’est tenu à Bonn, en Allemagne. Organisé par l’OFAC et Global Landscapes Forum (GLF), l’évènement a réuni plus de 700 experts, praticiens et décideurs politiques.

Les discussions ont souligné l’importance capitale des forêts d’Afrique centrale, la nécessité de considérer leur conservation comme une priorité mondiale, ainsi que les ressources et outils mis à la disposition des décideurs politiques sur la plateforme digitale de l’OFAC.

« La conservation n’est pas une fin en soi ; elle soutient les moyens de subsistance et le bien -être des communautés locales et des peuples autochtones » a souligné le Dr Aurélie Flore Koumba Pambo, facilitatrice au sein du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC). « Ces forêts existent encore aujourd’hui, parce que des personnes en prennent soin. »

À travers ces actions collectives, on espère que la prise de décisions basées sur des informations crédibles et régulièrement actualisées pour les pays de la COMIFAC contribuera à la préservation des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale et au bien-être des populations en dépendent.

 

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