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L’essentiel sur les forêts d’Afrique centrale et le besoin d’un soutien renforcé pour favoriser le rôle écologique

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Forêt à Yangambi – RDC. Axel Fassio/CIFOR

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Alors que le point critique de non-retour du changement climatique et du réchauffement mondial se rapproche, les experts se sont réunis au Congrès forestier mondial de Séoul pour évaluer une ressource longtemps négligée, mais de plus en plus au centre de l’attention, et qui pourrait limiter les émissions de carbone : les forêts d’Afrique centrale.

« Au cœur de ces forêts se trouvent des écosystèmes et des moyens de gestion », commentait Robert Nasi, directeur général du Centre de recherche forestière internationale et du Centre International pour la Recherche en Agroforesterie (CIFOR-ICRAF), dans une présentation au cours d’un événement parallèle. « Si nous voulons atteindre les objectifs de Glasgow (de la COP 26), il nous faut connaître l’état de ces forêts et rester mobilisés. »

La séance, qui coïncidait avec la sortie de l’édition 2022 de la Situation des forêts du monde de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), portait sur les derniers résultats révélés par le rapport sur l’état des forêts d’Afrique centrale, récemment publié par l’Observatoire des forêts d’Afrique centrale (OFAC).

Les forêts d’Afrique centrale recouvrent six pays sur presque 240 millions ha, dont 89 de forêts primaires, et incluent les tourbières de la Cuvette Centrale, un puits de carbone vital, et le Bassin du Congo, la seconde plus grande forêt tropicale du monde. Dans ces milieux, la biodiversité, d’une grande richesse, compte des milliers d’espèces de plantes et d’animaux sauvages endémiques. Les communautés locales et les groupes autochtones qui en font également partie leur attribuent une grande valeur culturelle, alimentaire, et les voient comme un moyen de subsistance.

Pourtant, de nouvelles menaces sont apparues sous la forme d’activités entraînant la déforestation, telles que les plantations agricoles, l’abattage d’arbres, les productions minières et de charbon de bois. Une étude a révélé que l’Afrique centrale avait perdu plus de six millions d’hectares de forêt primaire humide depuis 2001, soit l’équivalent de six millions de terrains de rugby.

« La dynamique de déforestation et de dégradation ne cesse d’augmenter dans le bassin d’Afrique centrale », observe Verina Ingram, scientifique et professeure chargée de recherche à l’université de Wageningen. « À ce rythme, 27 pour cent des forêts tropicales d’Afrique centrale encore intactes aujourd’hui auront disparu d’ici 2050. »

« Actuellement, et malgré une surface comparativement inférieure, les forêts intactes d’Afrique absorbent plus de carbone que celles du bassin de l’Amazonie », ajoute Philippe Mayaux, intervenant et chef d’équipe pour la biodiversité et les services écosystémiques à la DEVCO.

Leurs remarques soulignent l’importance de se saisir des questions urgentes posées dans l’état des forêts d’Afrique centrale. Préparé en 2021 par la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) et le Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo, le rapport dresse un bilan de la santé naturelle et socio-économique des forêts d’Afrique centrale.

Faisant écho aux conclusions du rapport, Richard Eba’a Atyi, délégué régional d’Afrique centrale pour le CIFOR-ICRAF, a mentionné « trois grands défis dans la gestion des forêts d’Afrique centrale. Le premier se situe au niveau de l’aménagement du territoire. Le second relève de la restauration des paysages et des écosystèmes forestiers dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes 2021-2030. Le troisième défi consiste à préserver les droits des populations locales et des peuples autochtones dans l’ensemble des politiques de gestion des forêts et des plans de conservation. »

Dans ce contexte, plusieurs intervenants ont émis des recommandations pour mieux protéger les forêts d’Afrique centrale sur le plan politique et au travers d’actions de terrain, notamment :

  • Utiliser des satellites pour surveiller la répartition des forêts et les stocks de carbone dans les zones difficiles d’accès ;
  • Recueillir et synthétiser des données à l’échelle régionale ;
  • Veiller à la transparence des pouvoirs publics et leur demander des comptes sur les objectifs de restauration des terres et de séquestration du carbone ;
  • Harmoniser les mesures de restauration des terres entre les pays et d’une frontière à l’autre ;
  • Impliquer les communautés locales dans la gestion de l’utilisation des terres ;
  • Surveiller les maladies infectieuses et les zoonoses ;
  • Lutter contre la déforestation issue de la production de matières premières ;
  • Restaurer les zones dégradées ;
  • Faire venir les gouvernements régionaux à la table des négociations sur la certification des chaînes d’approvisionnement ;
  • Mettre en œuvre les projets UN REDD+ ;
  • Fortement relever les niveaux de financement de la part du secteur privé, des fondations et des donateurs.

Lors d’une séance prometteuse du Sommet sur le climat de la COP26 qui s’est tenu à Glasgow à l’automne dernier, les donateurs s’étaient engagés à financer la protection et la gestion des forêts du bassin du Congo à hauteur de 1,5 milliard USD.

Mais cela reste insuffisant pour que les forêts d’Afrique centrale contribuent au coup d’arrêt d’urgence du changement climatique.

Pour Hervé Maidou, secrétaire exécutif de la COMIFAC, « Les forêts d’Afrique centrale et du bassin du Congo sont les plus importantes à l’échelle mondiale pour la séquestration du carbone et le maintien de l’équilibre climatique planétaire. »

Cette recherche a été possible grâce à l'aide financière de l'Union européenne
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