L’Afrique centrale abrite le bassin du Congo, la plus grande forêt tropicale d’Afrique et un important puits de carbone.
Cet immense massif forestier s’étend sur plus de 200 millions d’hectares et soutient les moyens de subsistance d’environ 60 millions de personnes qui ont besoin de ses ressources pour leur alimentation, énergie et emploi. Par ailleurs, des animaux en danger d’extinction tels que les gorilles de plaine, ainsi que plus de 10 000 espèces de plantes tropicales endémiques, dépendent de ses écosystèmes luxuriants pour leur survie.
Malgré le rôle central du bassin du Congo dans les économies d’Afrique centrale, l’obtention de données au niveau régional peut être difficile pour les gouvernements, les bailleurs et les partenaires de mise en œuvre, qui ont besoin de prendre des décisions éclairées sur la conservation et l’utilisation durable des écosystèmes.
L’Observatoire des forêts d’Afrique centrale (OFAC), qui a été créé il y a plus de dix ans pour relever ce défi, vient de lancer un nouveau portail d’analyse qui suit les politiques publiques et les tendances pour examiner leur impact sur les écosystèmes forestiers aux niveaux régional, national et local. L’objectif de cette plateforme numérique est de fournir un point de départ par lequel les chercheurs et les décideurs peuvent accéder aux informations sur le sujet et suivre les tendances émergentes.
« Nous encourageons vivement les experts politiques et techniques à tirer le meilleur parti des données de haute qualité disponibles dans la plateforme », a déclaré Raymond Ndomba Ngoye, Secrétaire Exécutif de la Commission des forêts de l’Afrique centrale (COMIFAC), lors du lancement dans la conférence numérique Forum Mondial sur les Paysages (GLF) – Biodiversity.
« Le nouvel outil devrait apporter une contribution importante à la coopération régionale et à l’harmonisation des politiques sectorielles entre les dix États membres de la COMIFAC », a-t-il déclaré.
Selon Honoré Tabuna, commissaire chargé de l’environnement, des ressources naturelles, de l’agriculture et du développement rural de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), les données sont également importantes du point de vue du développement économique. « La production de données est essentielle pour le développement d’une économie basée sur les ressources naturelles en Afrique centrale, en particulier autour des aires protégées », a-t-il dit.
Principalement financé par l’Union européenne, le portail présente des données clés telles que les volumes de production, de certification, d’exportation, de transformation et de commerce de bois, ainsi que les politiques de conservation et la contribution des forêts et de la biodiversité aux économies nationales. Il fournit également une multitude de cartes interactives, d’images satellites, de visualisations et de filtres pour aider les utilisateurs à naviguer et à interpréter les données, a expliqué Quentin Jungers, assistant technique de l’OFAC.
« La plateforme se concentre actuellement sur la gestion des forêts et la conservation de la biodiversité aux niveaux régional, national et local, y compris les aires protégées et les concessions forestières. Nous travaillons à intégrer des analyses sur les cadres juridiques et le changement climatique, et nous fournirons bientôt des données au niveau du paysage », a dit-il.
Le portail comprend une base de données de plus de 650 initiatives environnementales et de développement dans la région, estimées à 6 milliards d’euros et représentant plus de 80 bailleurs et 324 agences d’exécution. Il comprend également une bibliothèque multimédia avec 1 200 documents scientifiques, techniques et politiques. La plupart des données sont open source.
Applications immédiates
« Le nouveau portail répond aux différents besoins des utilisateurs : révision des plans de gestion ; analyse des problèmes transfrontaliers ; définition des données de base ; évaluation des politiques et contrôle de l’efficacité des stratégies de gestion », a dit Donald Djossi, analyste des données de l’OFAC.
Parmi les utilisateurs cibles figurent des chercheurs qui travaillent sur des évaluations majeures de la région.
« Notre prochain rapport L’État des aires protégées en Afrique centrale bénéficiera énormément des données et analyses de la nouvelle plateforme », a déclaré Florence Palla, coordinatrice du projet d’appui à l’OFAC (RIOFAC). L’experte a souligné l’importance des données pour la mise en œuvre du Cadre de la biodiversité pour l’après-2020, une feuille de route mondiale pour la prochaine décennie à convenir lors de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (CDB COP15) à Kunming, en Chine, en 2021.
Le scientifique et coordonnateur pour l’Afrique centrale du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR), Richard Eba’a Atyi, a convenu de l’importance de données fiables et a indiqué qu’il bénéficierait également du nouveau portail pour la production du prochain rapport État des forêts en Afrique centrale, qui sera publié en 2021. La publication explorera des questions telles que les plantations forestières, la REDD + (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts), les engagements zéro-déforestation et les progrès vers les objectifs de développement durable.
Créer et maintenir un portail de données sur les forêts n’est pas une tâche simple, d’après D. Djossi. « Nous devons faire un suivi approfondi avec les pays pour nous assurer que les données ont été collectées de manière adéquate et sont fiables », a-t-il déclaré, faisant allusion aux difficultés d’accès à certaines des données.
Pour Philippe Mayaux, chef d’équipe biodiversité à la direction générale de la coopération internationale et du développement de la Commission européenne, l’effort en vaut la peine : « De bonnes décisions politiques et techniques exigent de bonnes informations et, dans le passé, nous ne les avions pas toujours. Les données fournies par l’OFAC sont de la plus haute importance pour suivre les politiques forestières, climatiques et de biodiversité. »
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