Maïmouna Bouba : Un homme a prétendu que mon bois de chauffe lui appartenait
Depuis son arrivée à Gado-Badzéré il y’a sept ans, Maïmouna Bouba a fait l’expérience d’une lutte quotidienne pour récolter du bois afin de cuisiner et se laver. Aujourd’hui, le bois est devenu plus rare qu’auparavant.
« Nous [femmes réfugiées] devons parfois marcher très loin », dit-elle. « Nous ne possédons pas de champs où nous pouvons récolter du bois, donc nous devons aller en brousse et nous salir ».
La tâche déjà « salissante » le devient encore plus après les feux de brousse, car les cendres tachent les corps et les vêtements des femmes qui continuent de se déplacer pour les récoltes.
C’est aussi un défi pendant la saison des pluies, car le bois de chauffe devient humide et couve lorsqu’il est allumé, au lieu de s’enflammer : « Nous allumons le feu avec beaucoup de difficulté ; nous l’attisons au point que nos yeux rougissent », a déclaré M. Bouba.
La récolte du bois est également risquée, même si elle est effectuée en groupe. Les femmes rencontrent souvent des problèmes avec les hommes et les propriétaires fonciers. Une fois, M. Bouba marchait avec un groupe de dix autres femmes, chacune portant un fagot de bois. Elles ont été arrêtées par un homme qui les somma de lui donner tout leur bois, prétendant qu’elles l’avaient récolté dans son champ, donc qu’il lui appartenait.
Laissant le bois à l’homme, les femmes sont rentrées chez elles les mains vides. Elles sont ensuite allées se plaindre auprès du chef local et ont proposées de payer son déplacement pour qu’il puisse rencontrer l’homme et vérifier les faits.
« Nous sommes allées chez l’homme et le chef lui a expliqué que nous étions des réfugiées et que nous voulions du bois afin de cuisiner pour nos enfants », a déclaré Bouba. « J’ai dit à l’homme que je n’avais pas les moyens d’acheter du bois de chauffe ou du charbon de bois ; j’ai besoin du bois que la nature offre dans la brousse afin de cuisiner pour mes enfants. »
Heureusement, le chef s’est rallié du côté de M. Bouba et les autres femmes, et l’homme a accepté de leur restituer leur bois. Depuis lors, elles ne sont toujours pas retournées dans cet endroit pour chercher du bois.
Pour les femmes réfugiées, de tels conflits rendent difficile la satisfaction de leurs besoins fondamentaux sans mettre en péril leur sécurité et leur bien-être.
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