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Combler les lacunes en matière de données régionales pour renforcer la gestion durable du bassin du Congo

Interview avec le Secrétaire exécutif adjoint de la COMIFAC
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Plateforme analytique de l’Observatoire des forêts d’Afrique centrale.

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Le bassin du Congo couvre 250 millions d’hectares de forêt et revêt une importance capitale pour la planète. Il contribue à la lutte contre le changement climatique grâce aux 46 milliards de tonnes de carbone que stockent ses forêts. Cependant, ce massif forestier tropical fait face aujourd’hui à un double défi : la conservation de sa biodiversité, mais aussi le développement des communautés locales qui dépendent de ses ressources pour leurs moyens de subsistance.

Face à ces enjeux, les données régionales crédibles représentent une précieuse ressource pour les dix pays de l’Afrique centrale, selon le Secrétaire exécutif adjoint (SEA) de la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC), Gervais Ludovic Itsoua Madzous.

Dans une interview avec Forests News, Itsoua parle sur l’expérience de l’Observatoire des forêts d’Afrique centrale dans l’harmonisation de la collecte et du traitement des données environnementales pour soutenir ainsi la coopération régionale au niveau de l’élaboration des politiques dans le secteur forestier.

Q : C’est quoi l’Observatoire des forêts d’Afrique centrale ? Pouvez-vous nous expliquer davantage cette initiative ?

SEA : L’OFAC est une cellule spécialisée de la COMIFAC visant à promouvoir une meilleure gouvernance et une gestion durable des écosystèmes forestiers en Afrique centrale à travers le pilotage et le partage des connaissances et des données. L’OFAC est chargé de compiler, centraliser, harmoniser et publier des informations sur la conservation et la gestion forestière pour l’ensemble des dix pays de l’espace COMIFAC (Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Rwanda, Sao Tomé & Principe et Tchad).

Sur les outils produits par l’OFAC, on peut trouver des informations sur les quantités et les volumes de bois produits dans le bassin du Congo, des données sur les délimitations des aires protégées ou des informations socio-économiques du secteur forêt-environnement.

Un volet analytique récemment ajouté permet aux utilisateurs d’obtenir des graphiques et des cartes. A partir de cette plateforme, vous pouvez par exemple sélectionner la carte du Gabon et visualiser toutes les concessions forestières certifiées FSC du pays.

Q : Quelle était la motivation des pays d’Afrique centrale pour créer l’OFAC ? L’observatoire répond à quel besoin ?

SEA : Avant l’OFAC, il existait une Association pour le Développement de l’information environnemental en Afrique centrale qui se contentait de partager l’actualité environnementale et forestière des différents pays. Chaque pays à son niveau gérait sa base de données et les données environnementales et forestières de la sous-région étaient éparses. Avec la dynamique de la dimension régionale, il fallait avoir une base de données harmonisée au niveau sous régional.

Nous avons institutionnalisé l’OFAC pour avoir un processus de collecte de données environnementales cohérent et fiable au niveau sous régional. En tant qu’organe technique de la COMIFAC, l’OFAC met à la disposition des pays toutes les informations nécessaires pour les guider dans la prise de décisions politiques basées sur des évidences, en matière de conservation et de gestion durable de leurs écosystèmes forestiers.

Q : Pourquoi une coopération régionale accrue pour la production de données dans le secteur forestier est-elle nécessaire ?

SEA : Les pays de la sous-région ont les mêmes problèmes et comptent sur leurs ressources naturelles pour se développer.

Aujourd’hui, le bassin du Congo veut parler d’une seule voix dans les processus de négociation international relatif aux questions environnementales. Si nous n’avons pas une information centralisée sur l’ensemble du bassin, il est assez difficile prendre en compte les spécificités de chaque pays de la sous-région. Avoir une information fiable sur l’ensemble permet de mieux défendre les intérêts des pays.

Q : Qui peut avoir accès aux données de l’OFAC ? Que faites-vous pour que ces données soient fiables et accessibles à tous ?

SEA : Les données de l’OFAC sont du domaine public. Décideurs, universitaires, chercheurs, étudiants, développeurs de projet, membres de la société civile, acteurs du secteur privé et tous les utilisateurs qui recherchent une information fiable et de qualité sur le bassin du Congo, peuvent accéder gratuitement aux ressources de l’OFAC. Ces données forestières et environnementales sont disponibles en ligne et les utilisateurs peuvent les visualiser, les télécharger et les analyser tout en respectant l’honnêteté intellectuelle de citer la source.

Dans le dispositif de collecte des données nous nous rassurons que la donnée est fournie officiellement par le gouvernement. Au niveau national, nous mettons en place un cadre de collecte d’information qui rassemble l’ensemble des institutions ou administrations concernées par l’information environnementale et forestière que nous recherchons, ainsi que l’ensemble des points focaux nationaux des différentes conventions internationales.

Nous respectons ensuite un processus minutieux impliquant les instituts nationaux des statistiques. Ils rassemblent les informations sur la base des formulaires créés à cet effet en amont et validées par l’ensemble des pays. Quand une donnée est mise sur la plateforme, elle ne devient visible qu’après le processus de la validation au niveau national. Nous nous rassurons que l’information mise en place est une information officielle et car il y va du mandat et de la notoriété de la COMIFAC auprès des Etats.

Q : Comment l’OFAC contribue-t-il aux objectifs stratégiques de la COMIFAC ?

SEA : La COMIFAC détient un plan de convergence qui est un cadre des interventions et des activités dans le secteur forêt-environnement dans la sous-région. L’OFAC contribue à l’atteinte de ces objectifs stratégiques, notamment promouvoir une plus grande participation des différentes parties prenantes dans le processus de gestion durable et de la conservation de nos écosystèmes forestiers. L’OFAC joue un rôle prépondérant au niveau de la sous-région car elle participe à la coordination de la gestion des connaissances.

Q : Depuis la création de l’OFAC, qu’est ce qui a changé dans l’accès aux données sur les forêts et les écosystèmes en Afrique centrale ?

SEA : Nous savons tous la difficulté que les parties prenantes rencontraient pour accéder aux informations. Aujourd’hui, l’OFAC met à disposition l’information gratuitement 24/24 et les utilisateurs peuvent accéder aisément à une information fiable et de qualité en ligne.

Le site Web OFAC enregistre en moyenne 1300 visiteurs par mois, et sur les douze derniers mois (octobre 2019 – octobre 2020), elle a totalisé plus de 14 mille visiteurs.

Q : Comment l’OFAC contribue-t-il à meilleure gestion des ressources naturelles et à la lutte contre la pauvreté des populations locales en Afrique centrale ?

SEA : L’OFAC contribue aux suivis thématiques de l’environnement naturel et socio-économique. Les systèmes de suivi donnent une vue synthétique de l’état du couvert forestier, de la gestion des forêts, du cadre légal existant, de la conservation de la biodiversité, de l’amélioration du cadre de vie des communautés locales et aussi des financements y associés.

Aujourd’hui on peut savoir quels sont les projets mis en œuvre dans la sous-région et quelle est la source de ces différents financements. Ces informations sont mises à la disposition des différentes parties prenantes et constituent des atouts pour une prise de décision éclairée à tous les niveaux. C’est une contribution pertinente à la meilleure gestion des ressources naturelles et à la lutte contre la pauvreté des populations et des communautés locales de nos pays.

Cette recherche a été possible grâce à l'aide financière de l'Union européenne.
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