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« Batela zamba, tokobatela zamba, toloni nzete, tokobatela zamba » (Protégeons la forêt et plantons des arbres) chantent à l’unisson 500 élèves de l’école élémentaire publique de Lusambila, dans la province de la Tshopo, en République démocratique du Congo (RDC).

C’est la journée nationale de l’arbre, instituée en 1986 pour célébrer les arbres et leur importance pour la société, l’économie et l’environnement du pays. Une journée très spéciale destinée à rappeler à tous les citoyens que l’avenir du pays est lié à la biodiversité et à la vitalité de ses forêts.

Cette année, les élèves de Lusambila reçoivent des visites inhabituelles. Le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) a organisé un événement spécial, dans le cadre de son programme d’éducation environnementale en RDC. Grâce à un atelier dynamique sur trois jours, les enfants vont apprendre à protéger la forêt et à prendre soin de l’environnement, c’est-à-dire à acquérir un savoir-faire qui est critique pour une communauté vivant à l’orée de l’une des plus importantes forêts de la RDC : la réserve de biosphère de Yangambi.

   Les élèves chantent « batela zamba », ce qui signifie « protégeons la forêt » en lingala Axel Fassio/CIFOR

« Notre programme d’éducation environnementale permet aux élèves de comprendre comment leurs actes affectent l’environnement », explique Jules Mayaux, l’animateur de cette activité. « On leur fait voir l’importance de l’exploitation durable des ressources naturelles, en les encourageant à adapter leurs pratiques dès le plus jeune âge. »

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), quel que soit le pays, les problématiques relatives aux forêts sont loin d’être enseignées comme il le faudrait et, en général, l’éducation à l’environnement est inadéquate et insuffisante. C’est pourtant capital dans un pays où l’on trouve 60 % de la deuxième forêt du monde en termes de superficie.

« L’éducation à l’environnement devrait faire partie du cursus général », déclare Joëlle Grandjean, qui est responsable du programme d’éducation environnementale.

« Dès leur jeune âge, il est essentiel que les enfants comprennent comment les forêts contribuent aux moyens d’existence de leurs familles et communautés, et comment les générations à venir puissent aussi bénéficier de toutes les ressources procurées par la forêt. »

   Ce programme d’éducation s’adresse aux enfants et aux jeunes qui vivent dans les alentours de la Réserve de biosphère de Yangambi Axel Fassio/CIFOR
   Ces animateurs recourent à l’art, à la danse, aux jeux de société et à d’autres outils ludiques pour intéresser les élèves. Axel Fassio/CIFOR

Apprendre, c’est un jeu d’enfant

À cause du manque de ressources et de formation pédagogique, les méthodes d’enseignement traditionnelles dans les régions rurales de la RDC donnent peu de résultats. Face à des classes surchargées, à un matériel rare et au fait que les élèves ont du mal à suivre, les enseignants ont peu de marge de manœuvre, à part encourager la répétition et la mémorisation.

Mais ce programme s’inscrit dans une démarche d’innovation. Grâce à des jeux de société, à des pratiques artistiques et au travail manuel, aux sports d’extérieur et des films cinéma (tous les outils en lingala), de jeunes animateurs dynamiques parviennent à capter l’attention des élèves, quel que soit leur âge.

« J’aime beaucoup ce que je fais, les enfants ont tellement d’énergie, et ils sont si désireux d’apprendre », affirme Éric Basosila, l’un des animateurs de cet atelier, qui vient d’obtenir son diplôme d’études supérieures en gestion durable des forêts à l’Université de Kisangani (UNIKIS). « Cela me permet d’utiliser ce que j’ai appris à l’université pour impulser un réel changement dans les communautés », ajoute-t-il.

« Nous avons une équipe d’éducation à l’environnement, formée par des personnes qui connaissent ces communautés, par des experts des forêts et des spécialistes de la pédagogie », précise J. Mayaux. « Nous préparons ensemble un programme adapté pour chaque atelier et étudions bien le contenu afin qu’il soit en adéquation avec les réalités locales et l’âge des élèves. »

« L’équipe ne répète jamais le même atelier », poursuit Yves Agwamba, également animateur de l’atelier et étudiant de master à l’UNIKIS. « Nous devons nous assurer que les jeunes pourront facilement comprendre le contenu proposé, et aussi qu’il leur apporte des connaissances nouvelles et des outils. »

   Les animateurs du programme sont fraîchement diplômés ou étudiants de master en gestion durable des forêts. Axel Fassio/CIFOR

Une transformation durable

Ce programme fait partie d’une entreprise ambitieuse visant à transformer le paysage de Yangambi (la Réserve de biosphère et ses alentours), en un site où la conservation des forêts et la recherche scientifique contribuent à améliorer les conditions de vie des populations locales. Financés par l’Union européenne, les projets FORETS (Formation, Recherche, et Environnement dans la Tshopo) et YPS (Yangambi Pole Scientifique) ont permis de créer, depuis 2017, plus de 600 emplois directs, de former plus de 220 étudiants de deuxième ou de troisième cycle, de restaurer environ 300 hectares, et de planter 300 000 arbres, d’après le CIFOR.

Mais pour que ces changements soient durables à long terme, il faut aussi que le comportement change au niveau local, selon Paolo Cerutti, scientifique au CIFOR. « Les forêts peuvent être source de prospérité à long terme si elles sont bien gérées. C’est à nous à aider les communautés à le comprendre et à le mettre en œuvre. »

Par conséquent, l’éducation environnementale sera cruciale pour le succès de ce projet. « Le changement doit commencer avec les enfants et les jeunes », indique J. Mayaux.

   L’éducation à l’environnement est primordiale pour promouvoir l’utilisation durable des ressources naturelles. Axel Fassio/CIFOR
Cette recherche a été possible grâce à l'aide financière de l'Union européenne
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