« Notre programme d’éducation environnementale permet aux élèves de comprendre comment leurs actes affectent l’environnement », explique Jules Mayaux, l’animateur de cette activité. « On leur fait voir l’importance de l’exploitation durable des ressources naturelles, en les encourageant à adapter leurs pratiques dès le plus jeune âge. »
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), quel que soit le pays, les problématiques relatives aux forêts sont loin d’être enseignées comme il le faudrait et, en général, l’éducation à l’environnement est inadéquate et insuffisante. C’est pourtant capital dans un pays où l’on trouve 60 % de la deuxième forêt du monde en termes de superficie.
« L’éducation à l’environnement devrait faire partie du cursus général », déclare Joëlle Grandjean, qui est responsable du programme d’éducation environnementale.
« Dès leur jeune âge, il est essentiel que les enfants comprennent comment les forêts contribuent aux moyens d’existence de leurs familles et communautés, et comment les générations à venir puissent aussi bénéficier de toutes les ressources procurées par la forêt. »
Ce programme d’éducation s’adresse aux enfants et aux jeunes qui vivent dans les alentours de la Réserve de biosphère de Yangambi
Axel Fassio/CIFOR
Ces animateurs recourent à l’art, à la danse, aux jeux de société et à d’autres outils ludiques pour intéresser les élèves.
Axel Fassio/CIFOR
Apprendre, c’est un jeu d’enfant
À cause du manque de ressources et de formation pédagogique, les méthodes d’enseignement traditionnelles dans les régions rurales de la RDC donnent peu de résultats. Face à des classes surchargées, à un matériel rare et au fait que les élèves ont du mal à suivre, les enseignants ont peu de marge de manœuvre, à part encourager la répétition et la mémorisation.
Mais ce programme s’inscrit dans une démarche d’innovation. Grâce à des jeux de société, à des pratiques artistiques et au travail manuel, aux sports d’extérieur et des films cinéma (tous les outils en lingala), de jeunes animateurs dynamiques parviennent à capter l’attention des élèves, quel que soit leur âge.
« J’aime beaucoup ce que je fais, les enfants ont tellement d’énergie, et ils sont si désireux d’apprendre », affirme Éric Basosila, l’un des animateurs de cet atelier, qui vient d’obtenir son diplôme d’études supérieures en gestion durable des forêts à l’Université de Kisangani (UNIKIS). « Cela me permet d’utiliser ce que j’ai appris à l’université pour impulser un réel changement dans les communautés », ajoute-t-il.
« Nous avons une équipe d’éducation à l’environnement, formée par des personnes qui connaissent ces communautés, par des experts des forêts et des spécialistes de la pédagogie », précise J. Mayaux. « Nous préparons ensemble un programme adapté pour chaque atelier et étudions bien le contenu afin qu’il soit en adéquation avec les réalités locales et l’âge des élèves. »
« L’équipe ne répète jamais le même atelier », poursuit Yves Agwamba, également animateur de l’atelier et étudiant de master à l’UNIKIS. « Nous devons nous assurer que les jeunes pourront facilement comprendre le contenu proposé, et aussi qu’il leur apporte des connaissances nouvelles et des outils. »
Les animateurs du programme sont fraîchement diplômés ou étudiants de master en gestion durable des forêts.
Axel Fassio/CIFOR
Une transformation durable
Ce programme fait partie d’une entreprise ambitieuse visant à transformer le paysage de Yangambi (la Réserve de biosphère et ses alentours), en un site où la conservation des forêts et la recherche scientifique contribuent à améliorer les conditions de vie des populations locales. Financés par l’Union européenne, les projets FORETS (Formation, Recherche, et Environnement dans la Tshopo) et YPS (Yangambi Pole Scientifique) ont permis de créer, depuis 2017, plus de 600 emplois directs, de former plus de 220 étudiants de deuxième ou de troisième cycle, de restaurer environ 300 hectares, et de planter 300 000 arbres, d’après le CIFOR.
Mais pour que ces changements soient durables à long terme, il faut aussi que le comportement change au niveau local, selon Paolo Cerutti, scientifique au CIFOR. « Les forêts peuvent être source de prospérité à long terme si elles sont bien gérées. C’est à nous à aider les communautés à le comprendre et à le mettre en œuvre. »
Par conséquent, l’éducation environnementale sera cruciale pour le succès de ce projet. « Le changement doit commencer avec les enfants et les jeunes », indique J. Mayaux.