Mettre en place des mécanismes financiers par lesquels le secteur privé pourrait investir dans le développement durable. Voilà un des principaux thème de la première des deux journées du Sommet des paysages tropicaux 2015. La croissance rapide d’obligations vertes pourrait constituer une solution possible.
Selon les recherches menées par le Crédit Suisse, McKinsey et le Fonds mondial pour la nature, présentées par Ben Ridley, l’investissement dans la protection environnementale souffre d’un déficit en financement de 250 à 300 milliards de dollars.
Ridley estime que les obligations vertes sont une solution clé pour combler ce manque d’investissements.
« Cette année, on attend un nouveau financement du marché des obligations vertes, de l’ordre de 60 à 80 milliards. Toutefois, le premier engagement vert d’une entreprise en Asie date seulement de l’an dernier. Le potentiel de croissance de ces instruments économiques dans ce secteur est donc considérable », a-t-il déclaré aux délégués. « Je pense qu’il faut regarder du côté des marchés des obligations pour frapper fort. »
Cette année, on attend un nouveau financement du marché des obligations vertes, de l’ordre de 60 à 80 milliards de dollars. Toutefois, le premier engagement vert d’une entreprise en Asie date seulement de l’an dernier. Le potentiel de croissance de ces instruments économiques dans ce secteur est donc considérable
Les obligations vertes sont prises par les entreprises dans le but de recevoir de l’argent pour mettre en œuvre des politiques d’atténuation du changement climatique. Certaines de ces politiques peuvent également soutenir des objectifs de protection environnementale. Par exemple, une entreprise d’huile de palme pourrait concevoir des obligations vertes pour financer la transition vers la certification de la Table ronde pour une huile de palme durable.
« Par conséquent, au lieu de dégrader l’habitat résiduel pendant les 2 à 3 ans durant lesquels une entreprise cherche de l’argent pour mettre en œuvre sa politique de développement durable, l’argent pourrait être obtenu plus rapidement en délivrant des obligations vertes et le laps de temps pourrait ainsi être raccourci », a déclaré M. Ridley à Nouvelles des Forêts, en marge de l’événement.
Ridley a toutefois noté que les différences régionales des attitudes des consommateurs face à la notion de durabilité pourraient compromettre la valeur des obligations vertes. À la base de cette valeur, il y a le désir des consommateurs d’acheter un produit durable. Ainsi, pour les entreprises exportant vers les marchés de l’Inde et de la Chine, où les consommateurs ne sont pas autant préoccupés par la durabilité, les incitations à devenir durable risquent d’être minimes.
« Je pense que l’un des défis est que les entreprises ont la possibilité d’obtenir un financement moins cher, puisqu’elles peuvent obtenir des emprunts auprès des banques locales ou régionales, qui ont des normes inférieures. Ceci présente un grand risque », a souligné M. Ridley. « Pour renforcer les capacités, les banques locales et régionales doivent être également s’asseoir autour de la table. »
Alors que la disparité des attitudes mondiales des consommateurs envers la valeur des forêts peuvent constituer un obstacle à l’établissement de solutions de financement verts, les délégués ont également souligné la diversité des valeurs et bénéfices qui doivent être examinés au moment de légiférer sur l’utilisation des forêts.
« Lorsque nous parlons de valeurs, ou de valeurs stratégiques, nous devons tout d’abord nous demander de à qui appartiennent ces valeurs », a déclaré Dr Peter Holmgren, directeur général du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR), à l’auditoire.
« Il existe de nombreuses parties prenantes, à différents niveaux, avec des rapports de pouvoir hétérogènes et dans des situations diverses. Finalement, nous nous retrouvons face à cette question : comment pouvons-nous intégrer l’ensemble de ces divers systèmes de valeurs et donner un sens au processus. »
Lorsque nous parlons de valeurs, ou de valeurs stratégiques, nous devons tout d'abord nous demander à qui appartiennent ces valeurs
Holmgren a mis en garde contre une évaluation trop concentrée sur l’aspect économique des écosystèmes forestiers, en soulignant les valeurs moins facilement quantifiables que constituent les services fournis par les forêts, comme l’eau potable, la protection contre les inondations et les habitats pour les animaux.
« Nous devons reconnaître les valeurs au-delà de la mesure ou du calcul monétaires et les prendre en compte lorsque nous prenons des décisions. Pour y parvenir, nous devons développer des méthodologies et des procédures. Il s’agit de compléments nécessaires aux propositions d’investissement dans les forêts qui se basent sur des critères économiques. »
Holmgren a également contesté la capacité des obligations vertes, qui concernent uniquement les grandes entreprises, à être bénéfiques pour les petits exploitants qui ont déjà des difficultés pour accéder aux crédits.
En identifiant les services multiples fournis par les forêts, les délégués ont souligné à plusieurs reprises la nécessité d’harmoniser les valeurs économiques, sociales et écologiques dans la gestion des actifs fonciers et forestiers.
« Les forêts sont un atout stratégique pour la nation », a déclaré Siti Nurbaya, ministre indonésienne de l’Environnement et des Forêts. « Néanmoins, les objectifs économiques ne doivent pas diminuer la fonction écologique, tout comme la protection environnementale ne doit pas empêcher une utilisation économique. »
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