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Une grande première pour l’Afrique : des données climatiques « made in Kenya »

Premières découvertes du nouveau Centre Mazingira de Nairobi.
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The Greenhouse Gas lab at the Mazingira Center. The Lab measures GHG emissions that will be presented as evidence to policy makers. S.Kilungu photo

Laboratoire Gaz à effet de serre du Centre Mazingira au Kenya. Ce laboratoire mesure les émissions de gaz à effet de serre qui seront présentées comme éléments de preuve aux décideurs politiques. Crédit photo : S. Kilungu

NAIROBI, Kenya — C’est le premier centre de recherche du genre en Afrique. Il devrait produire des mesures des émissions de gaz à effet de serre du Kenya plus rentables et plus précises. Mieux encore : il pourrait servir d’exemple pour le reste du continent.

Le Centre Mazingira de Nairobi, nommé d’après le mot swahili « environnement », produit déjà des données. Jusqu’à présent, le Kenya, comme la plupart des pays en voie de développement, devait compter sur des facteurs d’émission génériques fournis par défaut par le Groupe d’experts intergouvernemental des Nations Unies sur le changement climatique (GIEC) pour préparer ses rapports biennaux sur les émissions et absorptions de GES dans le pays pour la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC).

Le pays d’Afrique de l’Est ne disposait pas de l’équipement sophistiqué nécessaire pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre réelles émises par les différentes utilisations des terres dans des scénarios divers. Ainsi, il dépendait fortement de consultants, pour la plupart étrangers et généralement coûteux, pour effectuer ces calculs pour son inventaire des gaz à effet de serre, un élément clé des communications nationales avec la CCNUCC.

Cependant, l’enjeu dépasse fierté et argent lorsqu’il s’agit de prendre des mesures « faites maison » : les premiers retours montrent que les mesures de Mazingira sont plus précises et donc beaucoup plus utiles que celles que le pays avait utilisées auparavant.

Le laboratoire moderne permet aux scientifiques de mesurer les émissions issues d’une vaste gamme de sources au Kenya, comprenant l’élevage de bétail, les systèmes de gestion du fumier, les petites exploitations agricoles, ainsi que les diverses utilisations des terres, telles que les forêts, les plantations de thé et de bois.

UN COUP DE POUCE POUR LA DÉCLARATION DES ÉMISSIONS

Ce sont là des nouvelles particulièrement bonnes pour Charles Mutai, directeur adjoint du Secrétariat pour le changement climatique du Kenya et en charge de déclarer l’inventaire des gaz à effet de serre de son pays à la CCNUCC.

« Le calcul des facteurs d’émission et des gaz à effet de serre provenant de l’élevage est une très, très bonne initiative ici au Kenya », dit-il. « C’est une première en Afrique … et je suis heureux qu’elle soit arrivée au bon moment, juste quand nous préparons notre rapport national pour la CCNUCC, qui éclairera l’accord climatique de 2015. »

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La recherche et les données produites au laboratoire Mazingira sont le résultat de la collaboration entre le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR), l’Institut de technologie de Karlsruhe en Allemagne (KIT) et l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI) qui accueille le laboratoire. 

C’est une première en Afrique… Elle est arrivée au bon moment, juste au moment où nous préparons notre rapport national pour la CCNUCC, qui éclairera l’accord climatique 2015

Charles Mutai

« Je suis enthousiaste de voir que ces installations peuvent aider notre système de déclaration des gaz à effet de serre, tout comme notre déclaration générale, à la CCNUCC », a dit Stephen King’uyu, directeur adjoint pour l’atténuation et l’adaptation au Secrétariat pour le changement climatique du Kenya au sein du ministère de l’Environnement, de l’Eau et des Ressources naturelles, après sa première visite du laboratoire. « Cela signifie que nous pouvons passer de l’utilisation de chiffres par défaut [pour les facteurs d’émission] à l’utilisation de chiffres beaucoup plus représentatifs des circonstances nationales. »

PREMIERS RETOURS

Les premiers résultats du laboratoire Mazingira suggèrent que les émissions réelles provenant du fumier au Kenya seraient considérablement inférieures, de l’ordre d’un à quatre, aux facteurs d’émission par défaut actuellement utilisés pour le Kenya. Selon le scientifique Klaus Butterbach-Bahl de l’ILRI / KIT, les écarts réels entre les facteurs d’émission par défaut et les facteurs réels peuvent aller dans les deux sens. Donc un inventaire des gaz à effet de serre pour le Kenya, réalisé en utilisant des facteurs d’émission Tier 2 (un mélange plus complexe de données par défaut et de données locales spécifiques), pourrait être inférieur ou supérieur à ce qui est actuellement signalé à la CCNUCC.

Mais ce qui importe pour les efforts mondiaux dans la lutte contre le changement climatique, c’est l’exactitude des données sur les émissions, et celle-ci ne peut être améliorée que par des données de qualité produites localement. 

D'autres pays de la région s'attendent à ce que le Kenya donne le rythme. Et c’est ce que nous pourrons faire lorsque nous pourrons calculer notre propre inventaire de gaz à effet de serre.

Stephen King’uyu

Selon M. King’uyu, les données produites au Kenya sur les gaz à effet de serre émis par les différentes utilisations des terres et de l’élevage de bétail peuvent également être utiles pour les pays limitrophes, qui partagent des mêmes caractéristiques géophysiques et socio-économiques, dans le calcul de leurs inventaires de gaz à effet de serre. Il note également qu’à l’avenir, en utilisant les échantillons et les données produites localement par le laboratoire Mazingira pour les calculs, le Kenya pourra économiser de l’argent en se passant des experts étrangers coûteux actuellement engagés pour ce travail.

« D’autres pays de la région s’attendent à ce que le Kenya donne le rythme », ajoute-t-il. « Et c’est ce que nous pourrons faire lorsque nous pourrons calculer notre propre inventaire de gaz à effet de serre. »

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Installation Mazingira à Nairobi est le premier centre de recherche du genre en Afrique. Crédit photo : S. Kilungu

TERRAIN D’ENTRAÎNEMENT

Mariana Rufino, scientifique du CIFOR, place le travail sur le changement climatique qui est fait au Kenya dans le cadre des efforts visant à soutenir le Kenya dans son Plan d’action national sur le changement climatique, lancé en 2013. Non seulement le pays peut produire des données cruciales analysées grâce à un équipement sophistiqué qui peut selon elle améliorer la qualité des données et donc celle des inventaires de gaz à effet de serre, mais le laboratoire constituera également un terrain d’entraînement très important pour les jeunes techniciens et scientifiques du Kenya et d’ailleurs en Afrique.

Déjà vingt étudiants et techniciens du Kenya et de huit autres pays travaillent dans le laboratoire et sur des projets utilisant ses installations pour produire des données et analyser des échantillons.

L’installation Mazingira à Nairobi n’est qu’un début, affirme Mme Rufino. Elle espère qu’elle finira par devenir un noyau central de l’excellence environnementale en Afrique, avec un réseau de plus petit laboratoires sur le changement climatique à travers le continent, dont le premier est déjà fonctionnel au Cameroun.

« Le CIFOR est spécialisé dans les forêts et les arbres, donc nos partenaires bénéficient de nos connaissances sur les forêts », déclare Mme Rufino. « Mais nous ne pouvons pas être experts sur tout, donc nous travaillons avec des partenaires pour combler les lacunes et pour aborder les problèmes liés au changement climatique. »

« Nos partenaires au Kenya sont aussi intéressés par les possibilités de compenser les émissions issues du secteur de l’élevage et nous savons tous que les forêts représentent l’une des meilleures solutions à ce problème. »

Pour plus d’informations sur ces travaux, veuillez contacter Mariana Rufino à l’adresse m.rufino@cgiar.org ou Klaus Butterbach-Bahl à l’adresse k.butterbach-bahl@cgiar.org.

Le Centre Mazingira est financé en partie par le Programme de recherche du CGIAR sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS) et s’inscrit dans le cadre du Programme de recherche du CGIAR sur les forêts, les arbres et l’agroforesterie.

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