Nous sommes tellement inquiets de savoir si la Convention sur les Changements Climatiques (UNFCCC) va enfin accepter de financer des activités de foresterie que nous perdons bien souvent de vue ce qui est réellement en jeu. Si nous continuons à brûler autant de carburants fossiles et de forêts, nous allons probablement modifier notre climat pour toujours. Nous causerons alors des ravages considérables et désorganiserons la vie de millions de familles pauvres.
D’après le document intitulé "Climate Change Impacts, Assessment, and Vulnerability, A Summary for Policymakers" publié en février dernier par le Forum Intergouvernemental sur les Changements Climatiques (IPCC), les températures moyennes ont approximativement augmenté de 0,6 degrés centigrades au cours du siècle passé. Assez pour que des formations glaciaires fondent, pour provoquer des inondations ou des sécheresses, pour dérégler l’horloge biologique de certains insectes, oiseaux ou fleurs, pour conduire certaines espèces au bord de l’extinction et pour changer la distribution géographique des autres. Si nous ne prenons pas des mesures pour arrêter cela, les températures moyennes vont encore augmenter de 1,4 à 5,8 degrés centigrades au cours des cent prochaines années et le niveau des mers va s’élever de 0,1 à 0,9 mètres en moyenne. Il pleuvra beaucoup plus par endroit et beaucoup moins ailleurs. Les évènements climatiques extrêmes vont devenir de plus en plus fréquents. Le danger est particulièrement grand pour les récifs coralliens, les forêts tropicales, les mangroves et les prairies naturelles. Et si les cent prochaines années nous paraissent bien loin, rappelons-nous que nos petits enfants seront encore vivants dans cent ans.
Les grands perdants seront les familles pauvres vivant sous les tropiques. Le rapport de l’IPCC montre clairement que les pays en voie de développement tirent la plus grande partie de leurs ressources de l’agriculture et d’autres activités qui dépendent directement des conditions climatiques. Cela les rend plus vulnérables. De plus, les nations et foyers qui manquent de ressources financières, humaines et scientifiques trouverons plus difficile la nécessaire adaptation aux nouvelles conditions. Contrairement à ce qui devrait advenir dans les régions tempérées, les scientifiques s’attendent à ce que le réchauffement climatique global réduise les rendements culturaux dans la plupart des zones tropicales. Pour de nombreuses régions subtropicales où l’eau est déjà rare, le réchauffement global va aggraver le problème. Cela semble spécialement le cas pour l’Asie centrale et l’Afrique australe. Le nombre de personnes potentiellement exposées à des maladies comme le paludisme, la dengue et le choléra vont fortement augmenter. D’un autre côté, les ressources en eau d’une grande partie de l’Asie du sud-est et les rendements potentiels en bois d’oeuvre des régions tropicales en général devraient augmenter. Ces effets positifs semblent cependant mineurs comparés à l’ampleur des effets négatifs.
Ainsi, ceux parmi vous qui pensent que seuls les pays riches peuvent se permettre de s’inquiéter des changements climatiques feraient bien de réviser leur jugement. Comme cela est bien souvent le cas, ce sont les pauvres qui vont payer le plus lourd tribut.
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Vous pouvez télécharger le résumé exécutif ainsi que d’autres documents concernant le sujet sur le site Internet de l’IPCC à http://www.ipcc.ch ou bien demander une copie électronique gratuite du résumé (en format PDF) à Ambar Liano ( mailto:a.liano@cgiar.org ). Merci de noter que le document est uniquement disponible en anglais.