Plantations d’arbres : Une triple victoire pour l’énergie, le climat et la biodiversité en RDC

Comment la plantation d'espèces d'arbres clés pour la récolte peut-elle servir le développement durable ?
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Un arbre d’acacia dans une plantation de Yangambi. Photo par Axel Fassio/CIFOR-ICRAF

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Les plantations d’arbres pourraient être une solution transformatrice pour relever les défis de l’énergie, du climat et de la biodiversité en République démocratique du Congo (RDC), selon une récente thèse de doctorat de Désiré Katembo Kasekete à l’Université de Kisangani (UNIKIS). L’étude identifie les principales espèces d’arbres qui peuvent fournir de l’énergie renouvelable, atténuer le changement climatique et soutenir la biodiversité, offrant ainsi une approche globale du développement durable dans la région. 

 La recherche de Kasekete met en évidence le potentiel des espèces à croissance rapide telles que l’eucalyptus et l’acacia en tant que sources efficaces d’énergie de biomasse. Ces espèces peuvent être récoltées par cycles, assurant ainsi un approvisionnement continu en biomasse, ce qui est déterminant pour les régions qui ont du mal à accéder à l’énergie. « Ces espèces d’arbres constituent une source d’énergie renouvelable qui peut réduire la dépendance à l’égard des combustibles fossiles et fournir un approvisionnement énergétique plus stable et plus abordable aux communautés rurales », a déclaré M. Kasekete. 

 L’importance de l’énergie de la biomasse ne peut être surestimée dans un pays où une grande partie de la population dépend de la biomasse traditionnelle pour cuisiner et se chauffer. Les plantations d’espèces telles que l’Eucalyptus grandis et l’Acacia auriculiformis offrent une alternative renouvelable qui peut atténuer la pression sur les forêts naturelles et réduire les taux de déforestation. En outre, ces plantations peuvent être gérées de manière durable afin de garantir un approvisionnement perpétuel en ressources énergétiques. 

Outre leur rôle dans la production d’énergie, ces espèces d’arbres sont importantes pour leur potentiel de piégeage du carbone. En absorbant de grandes quantités de dioxyde de carbone, elles peuvent contribuer à atténuer le changement climatique, un besoin essentiel face à l’augmentation des températures mondiales et aux phénomènes météorologiques extrêmes.  

Desire K.Kasekete-dans une plantation de Grevillea robusta à Kirotshe Nord-Kivu RDC. Photo de Desire K.Kasekete/ UNIKIS

Paolo Cerutti, scientifique principal au  Centre de Recherche Forestière Internationale et le Centre International de recherche en Agroforesterie (CIFOR-ICRAF)et chef d’unité de son bureau en RDC, a souligné l’importance de ces résultats. « La mise en œuvre de stratégies de plantation optimales pour des espèces d’arbres comme l’eucalyptus pourrait maximiser les avantages climatiques et contribuer de manière significative à nos objectifs de réduction du carbone », a-t-il déclaré.  

 « Les plantations d’arbres ont également un impact profond sur la biodiversité locale », a poursuivi M. Cerutti. « En créant des zones tampons autour des zones protégées, elles améliorent la connectivité des habitats et offrent de nouveaux refuges à la faune et à la flore. Cela est particulièrement bénéfique pour la préservation des espèces endémiques et la résilience écologique, qui sont particulièrement bénéfiques pour la biodiversité locale. 

Les avantages écologiques des plantations d’arbres s’étendent également à la santé des sols. Des espèces comme l’Acacia auriculiformis sont connues pour améliorer la fertilité des sols grâce à la fixation de l’azote, ce qui peut accroître la productivité des terres agricoles adjacentes. Cette relation symbiotique entre les plantations d’arbres et l’agriculture peut conduire à des pratiques d’utilisation des sols plus durables, ce qui, en fin de compte, profite à la fois à l’environnement et aux communautés locales. 

Plantation d’acacias à Yangambi RDC. Photo par Axel-Fassio/ CIFOR-ICRAF

Les implications pratiques de la recherche de Kasekete sont particulièrement pertinentes alors que la RDC est confrontée à une grave dégradation de l’environnement et à une pauvreté généralisée. Ses travaux fournissent un cadre scientifique aux décideurs politiques et aux défenseurs de l’environnement qui souhaitent mettre en œuvre des projets de plantation d’arbres. Lorsqu’ils sont intégrés à une planification plus large de l’utilisation des terres et à l’implication des communautés, ces outils écologiques peuvent être utilisés efficacement pour soutenir le développement durable en RDC. 

Pour les communautés locales, l’établissement de plantations d’arbres peut apporter des avantages économiques immédiats. En associant des lignes d’acacias à des pratiques agricoles améliorées, telles que la culture intercalaire de manioc, les agriculteurs peuvent obtenir des rendements plus élevés et générer des revenus supplémentaires, ce qui permet de soutenir les moyens de subsistance tout en contribuant à la sécurité alimentaire. À plus long terme, lorsque les arbres arrivent à maturité, ils peuvent être récoltés pour le bois ou la biomasse, ce qui offre d’autres opportunités économiques. 

Les implications plus larges de la thèse de Kasekete vont au-delà de la RDC. Alors que les dirigeants mondiaux recherchent des stratégies efficaces pour atteindre les objectifs climatiques et préserver la biodiversité, les conclusions de cette recherche pourraient inspirer des initiatives similaires dans d’autres régions confrontées à des défis comparables. L’approche globale – combinant les dimensions écologiques, économiques et sociales – démontre les avantages multiples des plantations d’arbres. En se concentrant sur des solutions pratiques qui offrent des avantages en matière d’énergie, de climat et de biodiversité, l’étude fournit un schéma directeur porteur d’espoir pour le développement durable dans la région et souligne l’importance d’intégrer des considérations écologiques, économiques et sociales dans la planification et la politique de l’environnement. 


Remerciements 

Cette recherche a été soutenue par le partenariat de longue date entre CIFOR-ICRAF et l’Université de Kisangani (UNIKIS), avec un financement de l’Union européenne. Cette collaboration a contribué à façonner l’avenir de la gestion durable des forêts en RDC. Depuis plus de dix ans, ce partenariat est la pierre angulaire de l’avancement des connaissances académiques et pratiques en matière de foresterie et de conservation de l’environnement dans le pays. Le partenariat a non seulement facilité la recherche critique, mais a également soutenu le renforcement des capacités dans la région. En formant des scientifiques et des praticiens locaux, la collaboration garantit que les connaissances et les compétences nécessaires à la gestion durable des forêts sont intégrées dans le contexte local. Cet aspect du renforcement des capacités est fondamental pour le succès à long terme et la durabilité d’un développement équilibré et d’initiatives environnementales. 

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