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Les régions boisées au nord du Ghana et au sud du Burkina Faso abritent une multitude de mosaïques de champs cultivés en association avec des arbres, des jachères, des vestiges de forêts claires et des réserves forestières, qui sont tous des éléments utiles. Comprendre d’une part comment s’articule, au sein de ces interfaces forêt-ferme, l’utilisation des ressources par les populations, et d’autre part, les défis auxquels celles-ci font face, est loin d’être simple.

Les décideurs politiques, agences de développement et bailleurs de fonds ont généralement tendance à sous-estimer l’importance de ces paysages complexes en tant que systèmes agroforestiers pérennes, durables et riches en biodiversité. Il en résulte que les politiques et les programmes régissent les forêts et l’agriculture de manière séparée. Au lieu d’exploiter les bénéfices que procurent ces systèmes multifonctionnels, ils se focalisent soit sur l’intensification de l’agriculture, soit sur la conservation des forêts, alors qu’ils auraient tout intérêt à renforcer ou améliorer les systèmes des petits exploitants qui donnent déjà de bons résultats.

Le projet WAFFI (Interface forêt-ferme en Afrique de l’Ouest) cherche à faire évoluer cette vision des choses. Cette initiative conjointe qui réunit le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR), le Centre mondial de l’Agroforesterie (ICRAF) et Tree Aid, vise à informer les décideurs politiques sur ce qui fonctionne bien chez ces petits exploitants et sur quoi axer les mesures pour obtenir des changements durables.

« Les systèmes complexes des régimes fonciers et de propriété des arbres influent sur les processus de prise de décision des hommes et des femmes au sein même des ménages, car c’est là que les membres d’une famille négocient entre eux », indique Peter Cronkleton, en charge du projet WAFFI et expert scientifique senior au CIFOR.

Si l’on y ajoute les différences d’accès aux arbres et aux terres à cultiver qui existent en fonction du genre, alors les défis que posent la conservation et les initiatives de développement deviennent « particulièrement épineux ».

Le chevauchement entre systèmes fonciers officiel et coutumier – lorsque la terre est détenue et allouée par les chefs des communautés et où les femmes jouissent traditionnellement d’un droit d’accès aux arbres mais dépendent des hommes qui contrôlent cette même terre – constitue une difficulté institutionnelle qui entrave la restauration des terres et le contrôle des feux de brousse. Cette situation se retrouve fréquemment lorsque les décisions politiques sont prises sans consulter la communauté, ou sans tenir compte des mosaïques complexes d’utilisation des terres qu’illustre cette interface forêt-ferme.

Chaque vendredi pendant les huit prochaines semaines, Nouvelles des forêts vous propose de découvrir huit témoignages autour de l’interface forêt-ferme, recueillis dans chacun des deux pays et auprès des douze communautés sur lesquelles porte le projet WAFFI.

 

Des arbres « pour les petits-enfants » dans une forêt communautaire
Bibata Ouedrago, Séloghin, département de Nobéré, Burkina Faso

C’est en 1986 que le parc national Kaboré Tambi a été officiellement classifié, mais il aura fallu attendre 1997 pour que le plan de gestion du parc commence à être appliqué. À partir de cette date, les ressources forestières qu’il contient n’ont plus été disponibles pour les populations des communautés environnantes. Les habitants de Séloghin, situés à environ 20 kilomètres du parc, ont été informés des restrictions d’accès aux arbres du parc mises en place. La communauté se trouve assez éloignée des larges forêts et les villageois se sont rendu compte que certaines espèces essentielles de plantes et d’arbres disparaissaient du paysage. En réaction à cette situation et de leur propre chef, ils ont décidé de créer leur propre forêt, une forêt communautaire, en protégeant les jeunes plants qui poussaient naturellement et en plantant certaines autres essences pour remplir les « vides » laissés dans le couvert. Désormais, Séloghin ne compte pas une, mais deux forêts communautaires : l’une de 15 hectares et l’autre de 10, composées de nombreuses essences d’arbres et d’arbustes. Le projet WAFFI aide la communauté à structurer la valeur de ses forêts locales et à partager son expérience avec les villages voisins. Sans la forêt communautaire, Bibata Ouedraogo conclut, « nos enfants ne connaitraient pas ces plantes ».

Pour plus d'informations sur ce sujet, veuillez contacter Peter Cronkleton à l'adresse courriel suivante P.Cronkleton@cgiar.org.
Cette recherche a été possible grâce à l'aide financière international de développement agricole (FIDA)
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