Une femme Kichwa se repose de la coupe d’arbres. Ils défrichent une zone pour semer du maïs afin de nourrir leur bétail près de la rivière Napo en Orellana, en Equateur. Les Objectifs de Développement Durable viseront à orienter la foresterie, l’agriculture et d’autres domaines par un cadre cohérent. Photo: Tomas Munita/CIFORLe mouvement «slow food» se focalise sur une nourriture «bonne, propre et juste» qui fournit une alimentation saine, tout en reflétant et en maintenant la culture et les traditions locales. Faisons une pause des repas hâtifs et produits de masse pour les personnes en mouvement, la cuisine lente nécessite une attention particulière, du temps et de l’effort, mais elle vaut la peine d’attendre.
Considérons les ODD comme le «slow food» du développement mondial – un processus parfois laborieux qui pourrait, s’il est «préparé» correctement, engendrer des résultats bons, propres et justes pour l’environnement et les hommes pour les 50 années à venir.
Comme avec tout plat ou cuisine complexe, il faudra de la patience pour élaborer les Objectifs de Développement Durable au cours des 12 à 15 prochains mois. Divers points de vue se réunissent progressivement dans les salles de réunion de l’ONU à New York – et nous sommes parmi ceux qui espèrent et croient que le produit final vaudra la peine d’attendre.
Et malgré quelques craintes, l’un des principaux ingrédients du mélange – les forêts – est amplement représenté. Il nous revient de montrer comment.
Suite à 12 mois de discussions sur les défis de développement les plus urgents, la réunion finale des États, représentés au sein du Groupe de travail ouvert sur les Objectifs de Développement Durable des Nations Unis, a porté sur les forêts, la biodiversité et les océans. La scientifique Dr Daju Resosudarmo du CIFOR a été invitée par les pays membres afin de présenter des recommandations sur le rôle des forêts dans le cadre futur de développement. Sa présentation a porté sur les contributions positives des forêts à travers des objectifs – allant de l’éradication de la pauvreté à l’eau et la sécurité alimentaire – ainsi que sur les opportunités que les ODD peuvent fournir pour la reconnaissance de la valeur des paysages forestiers et de la foresterie.
Le Groupe de travail ouvert vient de publier un de ses résultats intermédiaires. En se basant sur une longue séquence de données actualisées, la commission de l’Assemblée générale a désormais réduit la liste d’éléments à 19 «domaines d’intervention» dans un nouveau document. Lors des poursuites des négociations, ceux-ci seront finalement transformés en un cadre pour les ODD.
Cependant, le document sur les «domaines d’interventions» représente une étape importante et constitue un moment pour réfléchir à la direction que prend le processus.
D’un point de vue forêt/foresterie, certaines institutions ont réagi avec horreur: «Il n’y a rien sur les forêts! Ils nous ont exclus! Nous avons été enlevés de la liste! Qu’adviendra-t-il maintenant des forêts?».
À mon avis, ces craintes ne sont pas fondées. Au lieu de cela, nous sommes maintenant face à une excellente opportunité pour recadrer la «foresterie» et connecter toute la gamme des domaines d’intervention. Cela positionnera la foresterie et les institutions forestières, afin que nous puissions maximiser la contribution des forêts au développement durable, pour un avenir souhaitable et une planète saine.
Certains vont encore faire valoir qu’une telle approche va fragmenter la foresterie et diminuer le rôle des institutions forestières. En réponse, on peut se poser la question de savoir s’il a était fructueux pour la discipline de la foresterie d’isoler le secteur durant les dernières décennies dans des établissements dédiés? Est-il possible d’affirmer que des progrès significatifs ont été réalisés? Les approches paysagères transversales ont-elles été promues? Est-ce que les solutions communes et les objectifs multiples ont été suffisamment pris en compte?
Je soutiens que nous devrions profiter de l’occasion pour promouvoir la foresterie par une vision large et inclusive. Au CIFOR, nous prévoyons de jouer un rôle de premier plan dans ce processus et dans la redéfinition de la foresterie; le but étant qu’elle soit mieux intégrée à l’agenda de développement et aux processus mondiaux plus vastes, tels que les ODD et la CCNUCC. Cette dernière espère trouver, au cours des 15 prochains mois, un accord sur un successeur au Protocole de Kyoto.
Il est temps pour la foresterie de sortir de la forêt! Les forêts sont essentielles à travers du prisme des domaines d’intervention pour le développement.
Regardez la liste des 19 domaines d’intervention – ils sont énumérés ci-dessous. Pour moi, la foresterie est très pertinente pour chacun d’eux, comme on peut le voir à travers des recherches du CIFOR et comme illustré dans la colonne de droite. Nous n’avons pas besoin d’un domaine d’intervention distinct portant sur les forêts. De fait, il pourrait distraire de nombreuses contributions importantes que la foresterie peut avoir ailleurs. Je suis curieux de savoir si quelqu’un partage ce point de vue.
La liste des domaines d’intervention des ODD depuis le 21 février, avec des exemples pertinents et récents de foresterie:
Ce sont les enjeux que le CIFOR abordera lors de deux conférences majeures durant cette année – le Sommet de l’Asie sur les Forêts en mai et le Forum Mondial sur les Paysages 2 en décembre. Le Sommet de l’Asie sur les Forêts informera sur et s’informera sur des initiatives nationales et des processus clés en Asie du Sud-Est. Le deuxième Forum Mondial sur les Paysages s’appuiera sur le succès de notre événement de l’an dernier, en aidant à intégrer l’approche paysagère au développement et à soutenir les processus mentionnés ci-dessus.
Nous vous invitons à rejoindre ce débat important et ces deux grandes conférences, où nous allons nous réunir pour apprendre, débattre et contribuer à ces processus mondiaux.
Tout comme pour le meilleur «slow food», il faudra ajuster les ingrédients des ODD pour de trouver la meilleure combinaison. Mais nous sommes sur la bonne voie.
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