Note de la rédaction : La Journée Internationale de la Femme est célébrée le samedi 8 mars. En honneur des nombreuses contributions des femmes à la foresterie, Nouvelles des Forêts publie des histoires de lecteurs sur leurs «héroïnes de la forêt» – des femmes ayant consacré leur vie à faire la différence pour les forêts du monde et les personnes qui y vivent. Durant toute la semaine, nous allons partager ces histoires de femmes. Dans celle-ci, notre blogueur invité Theun Karelse raconte son héroïne de la forêt, Suprabha Seshan.
Suprabha Seshan est directrice du Sanctuaire Botanique Gurukula (SBG) dans les montagnes des Ghats occidentaux en Inde, où une petite équipe de femmes rurales utilisent des compétences qui les placent parmi les chercheurs en botanique et les écologistes les plus avancés du monde.
Grâce à une combinaison de connaissances scientifiques et traditionnelles, Suprabha et ses collègues Laly Joseph, Suma Keloth et Purvi Jain ont obtenu de bons résultats en matière de conservation des plantes dans cette région déboisée, où de nombreuses espèces sont menacées d’extinction. La zone du sanctuaire de 25 hectares a retrouvé un niveau supérieur de biodiversité. Il faut pour cela entretenir des milliers d’espèces végétales et animales, en incitant les actions de collaboration avec des groupes qui mènent des travaux de restauration dans d’autres parties des Ghâts occidentaux.
Suprabha cherche à honorer les peuples traditionnels et autochtones des zones forestières tropicales à travers la coopération et le soutien mutuel, ainsi qu’à sensibiliser les jeunes étudiants et militants pour les forêts sur les enjeux de la destruction et du renouvellement écologique. Elle envisage un «Phénix Vert», un mouvement soutenant la résilience et la restauration qui renaîtrait des cendres de la culture industrielle moderne.
Suprabha, qui a remporté le prix Whitley en 2006 au nom de l’équipe SBG, a écrit cette dépêche de la forêt, dans laquelle les plantes, animaux et communautés humaines sont menacées par l’assaut des forces destructrices de la mondialisation.
Dans ce document, Suprabha doute que la notion d’intelligence soit une caractéristique exclusivement humaine. En outre, elle questionne ce qui motive la relation entre les humains et l’environnement forestier. Selon Suprabha, la cohabitation avec des êtres sauvages est essentielle pour explorer les notions plus profondes de la vie:
Dans ma demeure forestière, les animaux et plantes offrent la réponse la plus douce aux questions du: où et qu’est-ce que l’intelligence?
L’intelligence, disent-ils, va du niveau personnel au niveau personnel ; elle est connue, expérimentée et vécue au niveau personnel et adoptée par celui-ci. Elle va de cet éléphant, à cet arbre, à cet oiseau, à cette vallée, à cette rivière, à cette terre, à cette mer.
Elle est profondément personnelle pour chacun de mes globules blancs, chacun des milliers de milliards de bactéries dans chaque tube digestif, chaque veine dans chaque corps, chaque enzyme dans chaque intestin, chaque arbre dans chaque forêt et pour chaque étoile dans chaque galaxie.
L’intelligence, disent-ils, nécessite le personnel, le bien-aimé et l’enraciné. Elle nécessite vous et moi. La dernière chose que nous devons faire, dans cette dernière heure, est de vouloir la prouver ou mesurer ou débattre ou de lui donner une valeur en dollars, ou de la contenir pour la postérité. Il suffit d’écouter votre corps.
Avant que je meurs, et plus important encore, avant que les forêts soient vaincues, je crois que nous sommes tenus de communiquer directement avec les membres réellement intelligents de l’univers. Ce sont eux qui ont compris comment la vie soutient la vie ; comment la mort soutient la vie ; comment la mort n’aboutit pas à des océans appauvris, à l’air intoxiqué, aux forêts effondrées, aux tigres disparus et aux humains dévastés ; et comment l’intelligence et la vie sont l’une pour l’autre tout comme l’est une onde pour une particule, une rivière pour les molécules d’eau ou le sang pour chaque cellule.
Et je crois que l’amour, la beauté, la vraie vie et une planète dynamique naissent de cela, entièrement.
Extraits de « From This Wounded Forest A Dispatch » (Dépêche de cette forêt blessée)
Theun Karelse est membre de Shibumi Friends International. Les opinions exprimées ci-dessus sont celles de l’auteur et non celles du Centre de Recherche Forestière Internationale.
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Whitley Award 2006: http://whitleyaward.org/winners/green-phoenix-plant-conservation-india/
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