BOGOR, Indonésie (16 juillet 2012)_Vu du ciel, une exploitation minière pourrait ressembler à « un petit trou dans le canopée » – visuellement une empreinte plus petite que l’effet des autres principaux processus de production de produits de base – tels que l’agriculture de plantation, admet le chercheur Louis Putzel du CIFOR. Cependant, en termes de perte totale de forêt, une mine peut causer des dommages beaucoup plus importants en faisant appel à une main-d’œuvre importante et une infrastructure de support, selon un document de travail récent du CIFOR sur le commerce et l’investissement chinois dans le bassin du Congo.
« Les routes pour atteindre la mine ouvrent l’accès à la forêt », explique Mr Putzel, qui est l’auteur principal du document de travail. « Ensuite, il y a les gens qui viennent en raison des opportunités. Cette migration humaine peut avoir un effet sur les forêts du site de la mine et aussi sur les villages voisins en raison de la nouvelle demande en terres agricoles et en bois de feu. »
Le bassin du Congo détient la deuxième plus grande forêt humide du monde, ce qui représente environ 18 pour cent de la jungle tropicale mondiale. Elle est célèbre en tant que habitat des chimpanzés et des bonobos. Mais c’est aussi une destination de choix pour les chasseurs, les exploitants illégaux et les prospecteurs miniers. Au cours des dix dernières années, l’extraction minière majeure dans le bassin du Congo a augmenté d’au moins vingt fois.
La Chine – bien qu’un arrivant relativement récent dans cette ruée vers les ressources – a déjà réussi à s’assurer une part importante du commerce de minéraux au bassin du Congo pour elle-même. Les importations chinoises de minerais et minéraux en provenance d’Afrique sont passées de 350 millions de dollars en 2000 à 7 milliards de dollars en 2009. Plus de 40 pour cent de ce total provenaient uniquement de la République démocratique du Congo (RDC). Qu’est-ce que l’entrée d’un tel investisseur gourmand en ressources signifie alors pour les forêts du bassin du Congo?
Vue que la Chine n’est pas un pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), elle n’est pas liée aux critères d’évaluation d’impacts environmentaux de l’OCDE pour les aides aux pays en voie de développement. Cela dit, dès les années 1990 Pékin avait déjà décidé unilatéralement de « restreindre le crédit aux industries [aux entreprises chinoises] pour polluer ou nuire à l’environnement autrement», comme indiqué dans un autre document de travail du programme sino-africain du CIFOR. À partir de 2005, le Conseil d’État chinois a renforcé cet « encouragement » en ordonnant « les banques de retirer le crédit des entreprises qui ne respectent pas la politique industrielle nationale et les normes environnementales ».
Ces mesures pourraient aider à atténuer les atteintes à l’environnement par les grands projets miniers conjoints sino-africain où le gouvernement de l’État chinois est le principal partenaire, une catégorie qui représente l’essentiel des investissements miniers chinois documentés dans le bassin du Congo. Mr Putzel souligne cependant qu’il y a aussi un nombre croissant de l’investissement sans-papiers dans des opérations minières « artisanales » à petite échelle qui pourraient être sans suivi.
« Il est plus difficile de connaître les conditions dans lesquelles les minéraux sont obtenus dans les mines artisanales – est-ce que les mineurs bénéficient d’une protection suffisante? Reçoivent-ils un salaire équitable pour leur travail? Il y a quelques agences qui tentent de gérer ces effets, tels que le Service de la RDC pour l’assistance et l’encadrement des l’exploitations minières artisanales et à petite échelle (SAESSCAM). Mais il est difficile de savoir s’il y a suffisamment de capacité pour surveiller cette activité. »
Les activités minières en RDC à large échelle et documentées ont tendance à être des exploitations plus âgées et déjà établies, tel que l’investissement de 6 milliards USD du gouvernement chinois dans la concession Sicomines précédemment détenue par la société minière Gecamines de l’État de la RDC. Sur de tels sites, comme l’indique Mr Putzel, « la majeure partie de la déforestation associée s’est produite il y a longtemps ».
Ce n’est pas nécessairement le cas avec les mines « artisanales », qui emploient aujourd’hui environ 700.000 personnes en RDC.
« Le mouvement d’un grand nombre de personnes vers les terres forestières est un problème avec les petites mines, vu que l’exploitation minière à petite échelle implique généralement des mines plus étalées.”
Pour un coup d’œil sur ces impacts sur l’environnement, vous pouvez utiliser des outils de télédétection mises à disposition au public, tel que Google Earth, dit Mr Putzel. Prenons par exemple un petit site minier de cobalt d’une entreprise chinoise en RDC du Sud-Est. En volant à environ 3 kilomètres au-dessus de la canopée, la région au nord de la mine apparaît comme une couverture de vert, une jungle florissante. Regardez vers le sud et vous voyez du sol nu autour d’un groupement de maisons et tentes, parsemé seulement par quelques arbres.
Une telle perspective met en évidence la nécessité d’un suivi, ajoute Mr Putzel. « La télédétection peut montrer où est-ce que les gens vivent et l’exploitation minière a lieu. En travaillant sur le terrain, vous pouvez mieux évaluer les changements dans l’accès aux forêts dus aux activités minières actuelles ».
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