Un nouvel outil permet aux planificateurs forestiers du Brésil d’anticiper l’avenir

Une plateforme interactive simule les impacts des politiques sur la déforestation, les émissions de gaz à effet de serre et les crédits carbone.
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Vue aérienne de la forêt amazonienne près de Manaus, capitale de l’État d’Amazonas, au Brésil. Photo : Neil Palmer/CIAT

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Lancée le 22 février 2025, une nouvelle plateforme interactive permet aux décideurs politiques brésiliens d’étudier les facteurs de perte forestière en Amazonie et dans le Cerrado, et d’analyser les impacts potentiels des politiques de réduction de la déforestation et des émissions de gaz à effet de serre.

Les planificateurs peuvent modéliser la perte forestière et les émissions de carbone pour l’ensemble du biome, ou pour un territoire d’un État ou d’une municipalité. En prenant comme point de départ les taux de déforestation historiques de 2011 à 2022, la plateforme leur permet de comparer un scénario de statu quo pour 2023-2035 par rapport aux résultats projetés pour la même période dans le cadre des Plans brésiliens de prévention et de contrôle de la déforestation (PPCDs).

La plateforme fait partie de l’Étude comparative mondiale sur la REDD+ menée par le Centre de recherche Forestière Internationale et le Centre International de Recherche en Agroforesterie (CIFOR-ICRAF). Développé par des chercheurs de l’Université fédérale du Minas Gerais (UFMG) et du Centre d’Intelligence Territoriale, cet outil permet également de calculer les crédits de réduction d’émissions afférents à différents prix selon la méthodologie utilisée par l’Architecture pour les transactions REDD+ (ART).

« C’est un outil qui permet de visualiser les liens entre les utilisations des terres au niveau territorial et leurs conséquences potentielles sur les émissions de carbone », a déclaré Vincent Gitz, Directeur du CIFOR-ICRAF pour l’Amérique latine, lors de l’événement hybride pour le lancement. « Nous remarquons un potentiel important pour soutenir les gouvernements locaux et étatiques dans les discussions pour une meilleure gestion des terres et des forêts autour des zones protégées », a-t-il expliqué, ajoutant que cela pourrait également contribuer au respect des engagements du Brésil en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre conformément à l’Accord de Paris.

« Cette plateforme permettra aux décideurs et aux planificateurs de gagner du temps et de l’énergie dans un domaine évolutif. Cette plateforme constitue un moyen pour les scientifiques de répondre aux besoins exprimés par les participants », a affirmé Richard Van der Hoff, professeur à l’UMFG, qui a coordonné une série de discussions entre scientifiques et décideurs politiques au Brésil dans le cadre de l’Étude comparative mondiale sur la REDD+.

« Lorsque les gouvernements changent, les politiques peuvent elles aussi changer. En parallèle, la méthodologie de mesure des résultats de la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+) évolue rapidement. Suivre toutes ces évolutions constitue un travail considérable pour les équipes techniques gouvernementales, en particulier aux niveaux national et local », a souligné R. Van der Hoff.

En intégrant progressivement ces changements, la plateforme réduira la charge de travail des équipes techniques et mettra les données à la disposition de toute personne souhaitant s’informer sur la déforestation et la planification au Brésil.

« La plateforme facilite la visualisation des scénarios lorsque les décideurs politiques posent des questions hypothétiques sur l’impact des plans d’aménagement du territoire et des forêts sur les émissions de carbone. Maintenant, l’important est de conserver une communication continue avec les utilisateurs pour recevoir des commentaires et les informer des mises à jour », a ajouté Juliana Leroy Davis du Centre d’Intelligence Territoriale, qui a présenté le fonctionnement du site Web lors de l’événement de lancement.

Les responsables gouvernementaux qui ont partagé des commentaires ou posé des questions lors de l’événement de lancement réfléchissaient déjà à de nouvelles fonctionnalités, telles que les territoires autochtones, les impacts de l’exploitation forestière légale en plus de la déforestation illégale, et des informations sur les projets privés REDD+.

« Les commentaires ont montré que les personnes reconnaissent le potentiel de cette plateforme pour aider les responsables aux niveaux étatique et local, où toutes les juridictions n’ont pas les mêmes capacités d’analyse statistique », a rappelé R. Van der Hoff.

« À mesure que la plateforme se développera, elle pourrait inclure d’autres biomes en plus de l’Amazonie et le Cerrado, et représenter d’autres utilisations des terres au-delà de la dichotomie forêt/non-forêt, comme la restauration, l’agroforesterie et les zones dédiées aux produits de la socio-biodiversité. Cela permettra également aux décideurs de mieux comprendre et développer des synergies entre les actions axées sur la biodiversité et celles axées sur le climat », a précisé V. Gitz.

Pour définir les priorités de développement, les développeurs suivront l’utilisation de la plateforme et les problématiques politiques qu’ils analysent afin que les nouvelles fonctionnalités répondent aux besoins réels. Par ailleurs, ils continueront d’ajouter des données et d’intégrer d’autres plateformes pour étendre la portée du projet.

« Plus nous disposons d’informations pour la modélisation de scénarios, mieux c’est. C’est encourageant de constater que les personnes s’intéressent aux possibilités offertes par la plateforme », a conclut R. Van der Hoff.

Remerciements

Cette recherche fait partie de l’Étude comparative mondiale du CIFOR sur la REDD+ (www.cifor-icraf.org/gcs). Les partenaires financiers qui ont soutenu cette recherche sont l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (Norad, subvention n° QZA-21/0124), l’Initiative internationale pour le climat (IKI) du ministère fédéral allemand de l’Environnement, de la Protection de la nature, de la Sécurité nucléaire et de la Protection des consommateurs (BMUV, subvention n° 20_III_108) et le Programme de recherche du CGIAR sur les forêts, les arbres et l’agroforesterie (CRPFTA) avec le soutien financier des bailleurs de fonds du Fonds du CGIAR.


Pour plus d’informations sur ce sujet ou pour faire part de vos commentaires sur la plateforme interactive, veuillez contacter Christopher Martius à c.martius@cifor-icraf.org et Richard Van der Hoff à richard.vanderhoff@inteligenciaterritorial.org.

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