BOGOR, Indonésie (15 août 2012)_Pendant que Phosiso Sola travaillait en Zambie, sa voiture est tombé en panne dans le parc national de Kafue. Elle et ses collègues ont dû couvrir 58 kilomètres à pied jusqu’en sécurité, en allumant des feux occasionnels sur la route pour écarter les animaux, mais finalement une meute de lions suivait la piste derrière eux.
Agée de 43 ans, le dévouement de Mme Sola pour son travail l’ a amené à Nairobi, où elle rassemble ses expériences – allant des forêts et exploitations agricoles de la Zambie et du Zimbabwe aux études doctorales au Pays de Galles et aux camps de réfugiés du Bangladesh et du Rwanda – pour coordonner les travaux du CIFOR à travers de l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.
Elle rejoint le CIFOR après près de deux décennies d’expérience dans le domaine, dont 14 ans de gestion de projet et de recherche-action. Récemment, elle a conçu, supervisé et mis en œuvre la recherche sur les pesticides de plantes en Afrique sub-saharienne, et a également étudié l’application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux dans la Communauté de développement de l’Afrique australe.
L’impact des conflits
Plus tôt dans sa carrière, pour son premier projet de recherche financé par l’Institut international de développement durable, elle a étudié comment les gens s’adaptent à un environnement en changement afin de subvenir à leurs besoins. Les communautés densément peuplées des régions éloignées du Zimbabwe qu’elle a visité étaient très dépendantes des forêts.
« Certaines de ces communautés avaient été en première ligne à plusieurs reprises de sorte à ce que ces gens avaient à se déplacer de chez eux et à vivre dans des camps. J’ai commencé à comprendre les questions socio-économiques et politiques, qui ont affecté la façon dont les gens ont fait face et se sont adaptés à l’environnement changeant. »
Son projet le plus difficile a été la gestion de l’environnement dans des camps de réfugiés, où la déforestation, la contamination de l’eau et l’empiètement sur les communautés locales étaient courants. Au Tchad elle a travaillé dans un camp de réfugiés construit sur des écosystèmes sahéliens extrêmement fragiles, entraînant une érosion massive. Au Bangladesh, une forêt domaniale protégée a été décimée par des réfugiés en ramassant du bois – ce qui a engendré la destruction d’un bassin versant et réduit la capacité de stockage du réservoir d’eau.
Mme Sola a aidé l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) et ses partenaires à recommander des moyens pour éviter l’endommagement des écosystèmes, mais avec une forte rotation du personnel, l’exécution était un défi.
« À chaque fois que je suis allée sur un site, j’ai dû repartir à zéro », dit-elle. « Dans certains camps, il n’y a aucune trace que j’ai été là. »
Renforcer les moyens de subsistance
La passion et spécialité de Mme Sola ont été d’aider les gens à construire des moyens de subsistance durables grâce à la commercialisation de produits forestiers.
Son projet favori était avec Southern Alliance for Indigenous Resources (Alliance du Sud pour les ressources indigènes ou SAFIRE) au Zimbabwe, aidant à améliorer la production, le contrôle de qualité et la commercialisation du thé Makoni, qui est récolté dans une forêt arbustive germant tous les ans. En débutant la recherche en 1999, elle a étudié la quantité de thé Makoni disponible dans la forêt et les schèmes de croissance généraux qui influencent sa récolte. En collaboration avec l’équipe du projet SAFIRE, elle a assisté la communauté pour assurer que la qualité était à la hauteur et depuis 2003 le thé est en vente sur les marchés internationaux.
« La valeur ajoutée au niveau local – soit au niveau local ou national – et le commerce équitable, c’est ce que nous devons faciliter. »
Mener les rangs du CIFOR
Mme Sola est entrée en contact avec le CIFOR en 1998, quand elle a fait un travail avec Bruce Campbell, qui était à la tête de Institute of Environmental Studies et également lié au CIFOR, où elle a produit un document de référence pour le groupe de travail Mabalauta. L’ étude de cas, basée sur le travail de ses études de maîtrise, était une évaluation des moyens de subsistance dans une région du Zimbabwe, où la population a été extrêmement marginalisée et très peu d’enfants allaient à l’école secondaire.
Dans cette étude elle a appris que la communauté dépendait fortement des palmiers – pour fabriquer des paniers, des nattes, des portes et la toiture. Ils mangeaient les fruits du palmier et faisaient du vin à partir des jeunes tiges. Elle a évalué la manière dont ils géraient les palmiers, puis elle a analysé combien valaient les paniers durant les différents stades de production et de commercialisation.
Grâce à une petite subvention du CIFOR, elle a fait une analyse socio-économique approfondie sur les paniers en palmiers, qui a été publié en 2004 par le CIFOR, faisant partie du livre « Riches of the Forest: For health, life and spirit in Africa ». Cela a été repris dans ses études de doctorat qui portaient sur l’évaluation des effets de la commercialisation des produits forestiers non ligneux sur la santé des écosystèmes et le bien-être humain.
Sa passion pour les forêts et ses habitants se fonde sur une appréciation de la biodiversité – une graine plantée dans son enfance qui a prospéré grâce à ses années dans le domaine.
« Même avant que je comprenne l’écologie des communautés, j’ai toujours été fascinée par l’interconnexion et l’interdépendance entre les arbres, les animaux, les sols, les herbes et les humains. La perte des forêts réduit les produits et services des écosystèmes et finit par détruire les moyens de subsistance des gens. »
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