Criminalité et exploitation forestière vont souvent de pair. Une part importante de la récolte, du transport et de la transformation du bois, dans les pays développés ou en voie de développement, s’effectue sans respecter les lois en vigueur. De nombreuses études (Brésil, Canada, Cambodge, Cameroun, Indonésie, Myanmar, Papouasie Nouvelle Guinée, Philippines et Russie) montrent clairement l’existence d’illégalités à grande échelle. Les exploitants contournent la loi pour réduire leurs taxes, pour avoir accès à plus de bois, pour éviter les coûts sociaux ou environnementaux et pour acheter le soutien des officiels. Le non -respect des lois leur apporte généralement de gros profits et leur coûte peu finalement.
Les représentants des gouvernements ont du mal à faire appliquer les lois car la plupart de l’exploitation à lieu de manière dispersée dans des zones éloignées et souvent difficiles d’accès qui sont difficiles à surveiller. Par ailleurs, il n’existe pas de véritable incitation à faire respecter la loi. Faire respecter celle-ci implique souvent des conflits et plus de travail. Pour les officiels corrompus cela signifie aussi une perte importante de revenus. De plus les réglementations forestières demandent fréquemment des activités que l’exploitant a du mal à réaliser en conditions réelles. Tout cela, ajouté aux commissions demandées par les officiels corrompus, peut mettre une société dans l’impossibilité de respecter la loi même si elle le voulait.
La « criminalité » forestière créée de nombreuses victimes. Chaque année, les gouvernements perdent des dizaines de milliard de dollars en taxes non perçues qui auraient pu servir à construire des routes, des écoles ou des hôpitaux. L’étendue de ces corruptions mine la confiance dans les gouvernements et les processus démocratiques. De nombreux camps d’exploitation proposent des conditions de vie en deçà du minimum acceptable. L’utilisation de pratiques d’exploitation inappropriées cause d’importants dégâts environnementaux et réduit la productivité à long terme des écosystèmes.
« Forest Law Enforcement, An Overview » d’Arnoldo Contreras explore le problème mais propose aussi des solutions. Contreras considère que les lois elles-mêmes devraient être plus réalistes, avec des règles plus simples et moins nombreuses. Des lois non réalistes font inévitablement le nid de la corruption. Les médias, les ONG et les communautés locales devraient être les « chiens de garde » des activités forestières et faire pression sur les gouvernements pour les forcer à agir. Les décideurs ne devraient pas permettre que les capacités de transformation soient par trop supérieures à la production possible dans le respect des lois. Des entités indépendantes devraient auditer les administrations forestières, conduire des contrôles inopinés et vérifier la cohérence des informations fournies par les administrations. Les pénalités encourues pour des pratiques illégales devraient être renforcées. L’utilisation de la télédétection permet de nos jours une surveillance bien plus aisée de certaines activités illégales. Un système de certification volontaire pourrait réduire la charge pesant sur les services officiels. Les pays qui importent du bois ou d’autres produits forestiers pourraient stopper les achats en provenance de sources illégales.
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