Face aux pressions croissantes exercées sur les écosystèmes africains par la déforestation, la dégradation des terres et les impacts du changement climatique, le continent s’engage résolument dans la recherche de solutions innovantes pour préserver ses ressources naturelles. C’est dans ce contexte que s’est tenue, du 8 au 11 octobre 2024 à Dakar, au Sénégal, la première réunion annuelle des Centres régionaux d’excellence pour la biodiversité et les forêts. Cet événement a réuni plus de 50 parties prenantes clés, incluant des représentants gouvernementaux, des organisations multilatérales, des institutions de recherche et des partenaires financiers, pour tracer une voie unifiée vers une gestion durable des écosystèmes, fondée sur des données scientifiques solides.
Cette rencontre s’inscrivait dans une dynamique continentale plus large, l’Afrique intensifiant ses efforts pour relever les défis environnementaux tout en favorisant un développement durable. Des initiatives telles que la Grande Muraille Verte, visant à restaurer les terres dégradées à travers le Sahel, et l’AFR100, qui ambitionne de restaurer 100 millions d’hectares de paysages forestiers, illustrent cet engagement.
Participants et activités lors de la 1ʳᵉ réunion annuelle des Centres régionaux d’excellence pour la biodiversité et les forêts, à Dakar, Sénégal. Photo de Gilberte Koffi/ CIFOR-ICRAF
Relier la science et la politique
L’initiative des Centres régionaux d’excellence, financée par l’Union européenne dans le cadre du programme ArcX (Africa Regional Centres of Excellence) dédié à la transition verte, vise à fournir des données fiables et actualisées pour orienter les décisions politiques. Avec les risques posés par le changement climatique, l’accès à des informations pertinentes et opportunes est essentiel pour assurer le bien-être des populations et soutenir une croissance durable.
Lors de la cérémonie d’ouverture, S.E. Jean-Marc Pisani, ambassadeur de l’Union européenne au Sénégal, a souligné l’importance de cette initiative pour combler le fossé entre la science et la politique, permettant aux décideurs de prendre des décisions éclairées favorisant la gestion durable des ressources naturelles.
Créer des synergies pour un impact accru
Un des objectifs clés de la réunion était de renforcer les synergies entre les Centres régionaux d’excellence pour la biodiversité et les forêts en Afrique de l’Est et australe, en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest.
Les discussions ont mis en lumière des thèmes transversaux essentiels, notamment la biodiversité, le programme NaturAfrica et l’outil d’efficacité de gestion intégrée (IMET). Cet outil offre une approche standardisée pour évaluer l’efficacité de la gestion des aires protégées en intégrant des indicateurs environnementaux, sociaux et économiques. Les participants ont souligné l’importance de l’adoption locale de ces outils pour garantir une gestion durable à long terme.
L’initiative NaturAfrica, qui combine conservation et développement communautaire, a également été largement saluée. Ce programme travaille en étroite collaboration avec les communautés locales pour protéger la biodiversité tout en améliorant les moyens de subsistance. Des institutions telles que la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont été identifiées comme des partenaires stratégiques pour assurer une coordination régionale adéquate.
Peter Minang, Directeur Afrique de CIFOR-ICRAF, lors de la 1ʳᵉ réunion annuelle des Centres régionaux d’excellence pour la biodiversité et les forêts, à Dakar, Sénégal. Photo de Gilberte Koffi/ CIFOR-ICRAF
Exploiter le potentiel des outils numériques
Les participants ont également mis en avant le rôle déterminant des outils numériques dans l’amélioration du suivi et de la gestion des écosystèmes. IMET, déjà reconnu pour son efficacité, a été recommandé pour un déploiement plus large. De plus, des accords de partage de données entre les pays producteurs et utilisateurs ont été jugés essentiels pour assurer un suivi harmonisé des indicateurs environnementaux, renforçant ainsi la transparence et l’efficacité des efforts de conservation.
« Ces Centres d’excellence sont vitaux pour l’Afrique car ils permettent des solutions fondées sur les données pour relever les défis environnementaux complexes auxquels nous sommes confrontés », a déclaré Peter Minang, Directeur Afrique de CIFOR-ICRAF.
Recommandations clés pour l’avenir
La réunion a abouti à plusieurs recommandations stratégiques visant à amplifier l’impact des Centres régionaux d’excellence. Le renforcement des accords de partage de données entre les pays figure en tête de liste, un pas crucial pour améliorer le flux d’informations et maximiser l’efficacité des analyses environnementales et des décisions politiques à l’échelle régionale.
Les participants ont également souligné l’importance d’harmoniser les efforts entre les centres, notamment en produisant des connaissances scientifiques de haute qualité et en menant des recherches approfondies sur les défis communs. Ce travail collaboratif permettra aux centres de s’imposer comme des leaders dans la gestion durable des ressources naturelles.
Enfin, la réunion a mis en évidence le rôle important de la communication stratégique. Pour accroître leur visibilité, les centres doivent non seulement mettre en valeur leurs réalisations, mais aussi sensibiliser les décideurs et le grand public aux défis urgents auxquels sont confrontés la biodiversité et les écosystèmes. Une communication ciblée sera essentielle pour mobiliser un soutien plus large.
Un avenir prometteur pour l’Afrique
Les Centres régionaux d’excellence sont appelés à devenir des moteurs clés de la transition écologique de l’Afrique. La réunion de Dakar a souligné la puissance de la collaboration régionale et internationale pour relever les défis environnementaux, insistant sur la nécessité d’une action coordonnée et efficace.
Réfléchissant au rôle stratégique de ces centres, Robert Nasi, Directeur des opérations de CIFOR-ICRAF, a déclaré : « Les Centres régionaux d’excellence incarnent la vision d’une Afrique résiliente, où la science et la coopération internationale convergent pour apporter des solutions concrètes aux défis environnementaux. »
« La réunion de Dakar a été une étape cruciale dans la consolidation de cette vision, mettant en lumière l’importance des stratégies collectives pour garantir un avenir durable à nos écosystèmes et aux communautés qui en dépendent », a ajouté Nasi.
Avec le soutien de partenaires stratégiques tels que l’Union européenne, cette initiative dépasse la simple préservation de la biodiversité et des écosystèmes. Elle vise également à créer des opportunités économiques et sociales durables pour les populations locales, renforçant ainsi leur résilience face aux crises climatiques.
Grâce à son immense capital naturel et à l’engagement croissant de ses institutions, l’Afrique se positionne comme un leader mondial dans la gestion durable des ressources. Ce modèle d’intégration entre science, politique et communauté offre une voie inspirante pour d’autres régions du monde confrontées à des défis similaires. Ensemble, les acteurs africains prouvent qu’une croissance durable et inclusive est possible tout en préservant les trésors écologiques du continent pour les générations futures.
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