Cinq enseignements clés de la COP16 de la Convention sur la Diversité Biologique à Cali, Colombie - CIFOR-ICRAF Forests News
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Lors de la COP16 à Cali, les temps a manqué aux Parties pour résoudre tous les points d’un ordre du jour dense. Toutefois, sous la présidence de la Colombie, un consensus s’est dégagé autour des avancées significatives réalisées. Selon un communiqué des Nations Unies, « Les résultats de la COP16 constituent des progrès majeurs vers la réalisation des 23 objectifs à l’horizon 2030 définis dans le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal (CMBKM). »

« L’histoire s’écrit ici, à Cali », a déclaré Susana Muhammad, ministre de l’Environnement de la Colombie et présidente de la COP16, soulignant l’importance de cet événement. La conférence a battu tous les records en enregistrant la plus grande participation jamais enregistrée en 30 ans d’existence de la Convention sur la diversité biologique (CDB), avec environ 18 000 délégués, 40 000 participants aux événements parallèles officiels et près d’un million de personnes impliquées dans les activités connexes. Cependant, le chemin à parcourir reste considérable. Des questions capitales — notamment le financement nécessaire pour soutenir les ambitions du CMBKM — restent non résolues. Malgré cela, Cali a laissé un héritage puissant marqué par des avancées significatives et un engagement ferme à agir, faisant indéniablement progresser les choses.

Voici cinq points clés qui façonnent la voie à suivre :

  1. Biodiversité et climat – Deux faces d’une même pièce

Historiquement, les préoccupations liées à la biodiversité — et les résultats des négociations de la CDB — ont souvent été reléguées au second plan par rapport au changement climatique. Cependant, la COP16 a marqué un tournant en soulignant l’urgence d’harmoniser les actions en matière de climat et de biodiversité. Les résultats de la conférence ont reflété cet appel à l’intégration, les Parties s’engageant à accélérer l’alignement des objectifs climatiques et de biodiversité.

« Il n’a jamais été aussi clair que mettre en œuvre le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal et l’Accord de Paris de manière synergique permettra de rétablir l’harmonie avec la nature », a affirmé Astrid Schomaker, Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique.

Les résolutions clés ont mis en avant la collaboration entre les autorités scientifiques, telles que le Conseil mondial de la biodiversité et le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), pour combler le fossé. À l’échelle nationale, il a été souligné que les Stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité (SPANB) devraient être étroitement alignés avec les instruments de planification d’autres Accords multilatéraux sur l’environnement (AME), y compris les Contributions déterminées au niveau national (CDN).

« Les actions basées sur les écosystèmes peuvent répondre durablement au changement climatique, à la perte de biodiversité et à une gamme de défis environnementaux, sociaux et économiques », a souligné Vincent Gitz, Directeur de CIFOR-ICRAF pour l’Amérique latine. « Nous appelons cela des Solutions fondées sur la nature. »

Cette synergie sera au cœur des discussions lors de la COP29 de la CCNUCC à Bakou, où des stratégies de protection climatique axées sur la nature, en alignement avec la conservation de la biodiversité, devraient progresser encore davantage.

  1. Un jalon historique pour la représentation autochtone

« Nous ne voulons pas seulement être inclus ; nous voulons faire partie des décisions et des solutions », a déclaré Sinéia Wapichana, une dirigeante autochtone brésilienne, lors d’un événement parallèle de CIFOR-ICRAF consacré aux Stratégies nationales pour la biodiversité. Ses paroles ont fortement résonné lors de la plénière de clôture de la COP16, où les Parties ont adopté un Programme de travail historique sur l’Article 8(j) pour garantir que les voix autochtones soient intégrées à la gouvernance de la biodiversité.

Ce programme établit des étapes concrètes pour impliquer de manière significative les Peuples autochtones et les Communautés locales (PA et CL) dans les objectifs principaux de la CDB : conserver la biodiversité, promouvoir son utilisation durable et partager équitablement ses bénéfices. En intégrant les contributions des PA et CL dans le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal (CMBKM), ce plan formalise la création d’un organe permanent dédié à soutenir leur engagement dans l’ensemble des processus de la Convention. Les peuples afro-descendants ont également été reconnus, mettant en lumière la valeur unique de leurs pratiques traditionnelles dans la conservation de la biodiversité.

« Les Peuples autochtones et les communautés locales — parmi les premiers affectés par les crises climatiques et de biodiversité — plaident depuis longtemps pour une participation effective et équitable aux COP », a déclaré Juan Pablo Sarmiento Barletti, scientifique chez CIFOR-ICRAF. « Leurs connaissances et expériences sont désormais reconnues en vertu de l’Article 8(j), soulignant leur rôle essentiel dans la réalisation des objectifs du CMBKM. Le défi réside désormais dans la mise en œuvre concrète de ces engagements. »

  1. Financer la restauration de la nature grâce aux bénéfices générés par celle-ci

Lors de la COP16, le Fonds révolutionnaire de Cali a été lancé — un

Aux environs du site de la COP16.
Photo de Yoly Gutierrez/CIFOR-ICRAF

mécanisme mondial visant à garantir un partage juste et équitable des bénéfices provenant des informations sur les séquences numériques (DSI) des ressources génétiques. S’appuyant sur les bases posées par les accords de la COP15, ce fonds collectera des contributions des secteurs commerciaux, notamment les entreprises pharmaceutiques et agricoles, en fonction des revenus qu’ils génèrent à partir des DSI.

Le Fonds de Cali prévoit de canaliser un soutien financier directement vers les pays en développement et les Peuples autochtones et communautés locales (PACL), en priorisant les projets de renforcement des capacités et de transfert de technologies. Un point essentiel à retenir est qu’ au moins la moitié des fonds sera allouée aux PACL, avec la mise en place de mécanismes rigoureux de suivi et de transparence pour garantir la reddition des comptes. La présidente de la COP16, Susana Muhammad, a salué ce fonds comme un « véraitable catalyseur de changement » dans le financement de la biodiversité.

  1. Avancer dans la gestion durable de la faune

Un autre résultat significatif de la COP16 a été l’adoption d’un cadre pour la gestion durable de la faune, mettant l’accent sur la nécessité de la surveillance, du renforcement des capacités et de l’inclusion active des Peuples autochtones, des Communautés locales (PACL) et des femmes. Cette décision souligne également l’interconnexion entre l’utilisation de la faune, la perte de biodiversité et les maladies zoonotiques — une problématique urgente à mesure que les implications pour la santé publique deviennent de plus en plus évidentes.

Événement parallèle : Points forts des initiatives conjointes du Partenariat collaboratif sur la gestion durable de la faune sauvage, organisé par le CPW lors de la COP16 de la CDB des Nations Unies à Cali, Colombie.
Photo de Yoly Gutierrez/CIFOR-ICRAF.

« Nous devons collectivement définir ce que signifie une utilisation durable de la faune et établir des indicateurs pour mesurer la conformité avec l’objectif 9 du cadre de la CDB, qui vise à garantir que les espèces sauvages soient gérées de manière durable au bénéfice des populations », a déclaré Nathalie van Vliet, scientifique au CIFOR-ICRAF et membre du Programme de gestion durable de la faune, une initiative financée par l’Union européenne opérant dans 15 pays pour promouvoir des modèles de gestion durable de la faune en faveur de la sécurité alimentaire et de la conservation de la biodiversité. Elle a souligné l’importance de l’engagement local, plaidant pour l’intégration des connaissances écologiques locales dans des systèmes de surveillance efficaces.

Dans le cadre du Partenariat collaboratif sur la gestion durable de la faune, des scientifiques et experts de 13 organisations travaillent à soutenir la conformité volontaire avec le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal (CMBKM). Leurs efforts incluent le développement d’indicateurs de suivi pour les objectifs 5 et 9, des étapes essentielles pour une gestion durable de la faune et la conservation de la biodiversité.

  1. Les forêts méritent plus d’attention dans le CMBKM

Les forêts couvrent 31 % de la surface terrestre, abritent jusqu’à 80 % de la biodiversité terrestre et soutiennent les moyens de subsistance de millions de personnes. Pourtant, elles reçoivent souvent une attention insuffisante dans les dialogues sur la biodiversité. Le 25 octobre, la CDB et le Partenariat collaboratif sur les forêts ont lancé The Forest Factor, un rapport mettant en lumière le rôle essentiel de la conservation, de la restauration et de la gestion durable des forêts dans la réalisation des objectifs du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal (CMBKM).

Le rapport explore les liens cruciaux entre la santé des forêts, le changement climatique et le développement durable, en mettant en avant des recommandations concrètes telles que l’amélioration des pratiques légales de récolte, la réduction des impacts des chaînes d’approvisionnement et la mise en place d’incitations pour encourager la conservation des forêts. Le rapport appelle également à accorder une attention soutenue aux forêts des zones arides, tempérées et boréales, en identifiant des voies politiques pour aligner les pratiques de gestion forestière sur les objectifs du CMBKM.

 

Prochaines étapes 

À Bakou, les Parties devraient mettre en avant le rôle de la nature en tant que solution climatique, en s’efforçant de faire progresser les objectifs climatiques et de biodiversité de manière concertée. Cependant, à la fin des négociations de la CDB, des défis clés demeurent non résolus, notamment la mobilisation de 200 milliards de dollars par an provenant de toutes les sources d’ici 2030 pour soutenir les initiatives mondiales en faveur de la biodiversité. Les négociations se poursuivront l’année prochaine à Bangkok, préparant le terrain pour la COP17 en Arménie.

D’ici là, les pays devraient avoir finalisé leurs Stratégies et Plans d’Action Nationaux pour la Biodiversité (SPANB) — les feuilles de route essentielles pour atteindre les objectifs nationaux. Pourtant, à la clôture de la COP16, seuls 44 pays avaient réussi à soumettre ces plans, soulignant l’urgence d’une action rapide si le monde veut atteindre les objectifs fixés dans le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal (CMBKM).

 

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