Pour stimuler l’innovation, il est important, voire vital, d’assurer l’interaction entre les différents acteurs, notamment les producteurs, les chercheurs et les agents de vulgarisation, afin qu’ils puissent mettre en commun leurs idées, leurs opinions et leurs connaissances pour résoudre les problèmes ou relever les défis auxquels ils sont confrontés.
Dans ce contexte, l’initiative DeSIRA (Development Smart Innovation through Research in Agriculture) de l’Union européenne a adopté une approche de partenariat d’innovation multi-acteurs. Elle cherche à rassembler un large éventail de parties prenantes pour échanger des idées et combiner des ressources, afin de mener des activités coordonnées pour faire progresser leurs innovations.
Cependant, la création d’un tel partenariat ne se fait pas spontanément, et encore moins systématiquement ; les services de facilitation sont très utiles pour donner vie à de tels partenariats. « Comme il s’agit d’une nouvelle profession, les gens demandent souvent ce qu’est un facilitateur d’innovation », explique Kola Nomande Prosper, formateur au centre DeSIRA-LIFT (Leveraging the DeSIRA Initiative for agri-food systems transformation), lors d’une formation destinée à 16 dirigeants locaux à Garoua, au Cameroun. “Un facilitateur d’innovation est un professionnel qui guide et soutient les personnes impliquées dans un projet innovant. Son rôle principal est de créer un environnement propice à l’émergence de nouvelles idées, à la collaboration et à la résolution de problèmes”, a-t-il conclu.
Les facilitateurs sont recrutés pour animer les différents partenariats multi-acteurs qui ont été adoptés et conçus dans le cadre des différents projets DeSIRA. Pour mener à bien leur mission, ces animateurs doivent disposer d’un certain nombre de compétences matérielles et immatérielles. Il s’agit de compétences techniques, méthodologiques, de partenariat ou de réseau et de compétences interpersonnelles.
Dans cette optique, le programme DeSIRA-LIFT a conçu une formation permettant aux facilitateurs d’acquérir les compétences nécessaires pour aider les différents partenaires et acteurs des partenariats à atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés. La première formation de ce type s’est tenue en août 2023 à Cotonou, au Bénin, et la deuxième à Madagascar.
Pour la troisième cohorte camerounaise, le programme a fait équipe avec les projets Renforcement des systèmes d’innovation au Nord-Cameroun (ReSI-NoC) et Innovation pour l’adaptation au changement climatique (INNOVACC) pour mener la formation.
Le cours de quatre jours avait trois objectifs spécifiques pour ses apprenants : apprendre à diriger un processus d’innovation multipartite, à organiser et à faciliter des partenariats d’innovation multipartites, et à engager les parties prenantes de manière durable.
Les 16 apprenants, sélectionnés dans le cadre de ces projets et d’autres projets connexes (tels que Cameroun : Septentrion Vert et Résilient (CaSeVe) et Farmer-led Research and Innovation (FORI)), venaient d’horizons très divers, mais avaient un seul objectif commun : devenir le facilitateur de l’innovation nécessaire à la mise en œuvre de leur projet.
La formation était divisée en trois modules. Le premier était axé sur la compréhension du processus agricole et l’importance des partenariats multi-acteurs. Le deuxième était centré sur la facilitation des partenariats multi-acteurs, à travers des cadres et des mécanismes de collaboration tels que les ateliers de co-construction. La dernière portait sur la manière d’impliquer les parties prenantes dans le processus d’innovation à long terme. Les méthodes d’apprentissage utilisées comprenaient des sessions en direct, des travaux pratiques individuels et en groupe, un mentorat individuel et un retour d’information individuel de la part des formateurs.
La formation a eu un impact profond sur les participants, dont beaucoup ont exprimé leur satisfaction quant aux compétences qu’ils avaient acquises. Par exemple, Berthe Mewo, une jeune scientifique de ReSI-Noc, a déclaré qu’elle n’était pas familière avec plusieurs des concepts clés du projet, tels que le suivi de l’innovation, mais qu’elle a fini par les comprendre en profondeur grâce au processus de formation.
Mvondo Valentin, chercheur à l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) du Cameroun et gestionnaire de l’un des champs de démonstration du projet INNOVACC dans le village climato-intelligent de Bang, a également admis qu’il n’avait auparavant aucune idée du concept de facilitation de l’innovation.
« J’ai beaucoup appris sur le suivi de l’innovation », a-t-il déclaré, « et j’ai une meilleure idée de la manière d’organiser des ateliers, d’élaborer un diagramme de discussion, d’impliquer les parties prenantes et d’appliquer les micro-compétences nécessaires pour être un bon facilitateur ».
Ola Dolinska, co-formatrice de DeSIRA-LIFT et facilitatrice pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a partagé son point de vue sur les impacts plus larges de l’événement. « C’était vraiment formidable de voir les participants s’approprier les éléments de ce que nous proposions et les relier à leurs activités sur le terrain et aux défis qu’ils rencontrent dans leurs projets », a-t-elle déclaré. “Cela nous donne l’assurance que les éléments qu’ils ont reçus seront réellement appliqués.
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