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“Ambassadrices” s’est écriée Louise Lukumu, la formatrice des foyers améliorés, ” foyers améliorés à 3 pierres” répondirent les participantes avec beaucoup d’enthousiasme. C’était le dernier jour de formation et les participantes étaient impatientes de retourner dans leurs villages pour montrer leurs nouveaux talents.

Elles venaient des 4 coins des régions du Nord et de l’Extrême-Nord du Cameroun : Bawan, Tchamba, Pintchoumba, Tollore, Bang, Bame, Douroum, Gambour, Sassa-Mbersi et Mayo Djarendi pour acquérir des compétences dans la construction de foyers améliorés au charbon de bois.L’approche de diffusion choisie à cette fin était l’approche “Formation en cascade” où les femmes qui ont participé à la formation seront à leur tour responsables du transfert des connaissances acquises à leurs communautés.

Cette formation a eu lieu dans le cadre du projet INNOVACC, précisément dans sa quatrième composante qui vise à soutenir l’autonomisation des femmes par la formation, le coaching et diverses formes d’appui, notamment dans la gestion rationnelle des ressources en relation avec l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets. Cette activité vise notamment à réduire la forte demande en énergie domestique et à réduire les effets néfastes que celle-ci peut avoir sur l’environnement dans ces localités écologiquement fragiles et présentant des niveaux élevés de vulnérabilité socio-économique.

Dans les zones rurales du Cameroun, il existe plusieurs types de foyers améliorés. L’un d’entre eux est le foyer métallique, fabriqué en fer par des artisans spécialement formés. “Ils sont vendus localement et présentent l’avantage d’être transportables et légers”, explique Colette Maba, assistante de recherche en entreprenariat et gouvernance à INNOVACC. Il existe également des foyers améliorés en argile et des foyers améliorés à trois pierres, ces derniers ayant fait l’objet de la formation.

« Nous avons choisi ce type de foyer parce qu’ils sont construits avec des matériaux trouvés dans le village, contrairement aux foyers en métal », a déclaré Mme Maba. « De plus, apprendre à en construire un ne nécessite aucune qualification préalable et peut être réalisé par presque toutes les catégories sociales du village : les adolescents, les jeunes, les femmes et les hommes. En fait, chaque femme peut construire son propre foyer amélioré à trois pierres dans sa cuisine ».

Pour offrir ces avantages, le foyer doit être construit correctement. Ainsi, Lukumu a donc guidé les participantes tout au long du processus. Elles ont d’abord rassemblé les matériaux nécessaires : de l’argile ou la terre provenant de termitières ; fumier de vache ou d’âne ; de la paille ou des coquilles d’arachide ; kele (feuilles ou écorces collantes) ; et de l’eau.

   Mélange à sec des matériaux pour construire des foyers améliorés. Photo de Laureanne Mefan/CIFOR-ICRAF

« La durabilité du foyer dépend de la qualité de la terre prélevée”, conseille Lukumu : « Si la terre doit être prélevée dans une termitière, évitez la terre faite avec une très grande quantité de sable. Le foyer amélioré à trois pierres construit avec cette qualité d’argile ne durera pas ».

Après la collecte, les matériaux ont été mélangés – d’abord à sec puis avec de l’eau – en utilisant des pelles et en piétinant avec les pieds.

   Mélange à sec du matériel pour construire les foyers améliorés. Photo : Laureanne MEFAN/CIFOR-ICRAF
   Les participantes ajoutent de l'eau au mélange de terre. Photo de Laureanne Mefan/CIFOR-ICRAF
   Les participantes piétinent le mélange de terre avec leurs pieds. Photo de Laureanne Mefan/CIFOR-ICRAF

Le mélange a ensuite été recouvert de paille et de plastique pour éviter qu’il ne se dessèche et a été laissé pendant une semaine – arrosé tous les jours – afin que les matériaux puissent se décomposer partiellement.

Dernière étape, assemblage puis couverture. Photo : Laureanne MEFAN/CIFOR-ICRAF

Les participantes se sont ensuite attelées à la construction de leur premier foyer. Lukumu a d’abord souligné l’importance de s’accorder avec les bénéficiaires du ménage  sur l’emplacement du foyer, et de niveler le site s’il n’est pas plat. Le groupe a ensuite créé la forme de base en utilisant trois briques de boue ou des pierres pour la base, deux marmites de cuisson pour sculpter la zone de cuisson au-dessus, et des bouteilles en plastique pour créer l’ouverture pour ajouter du bois de chauffage et la cheminée.

   Première partie de la construction des foyers améliorés. Photo : Laureanne MEFAN/CIFOR-ICRAF
Deuxième phase de la construction du foyer amélioré. Photo de Laureanne Mefan/CIFOR-ICRAF.

Elles ont tassé le mélange de terre réhumidifié autour de ces objets et ont lissé la surface à l’aide de pierres lisses. Une fois le mélange devenu sec, les objets ont été retirés et le foyer était prêt à être utilisé.

« Ces foyers sont construits sur des pierres ou des briques de terre et émettent très peu de fumée car ils utilisent très peu de bois, cuisent rapidement les aliments et conservent la chaleur grâce à l’argile (ou la boue) avec laquelle ils sont construits », explique Lukumu. « Ils protègent également la santé des utilisateurs. »

À l’issue de la formation, les participantes sont rentrées chez elles, encouragées créer leurs propres foyers améliorés et à partager ces connaissances au sein de leurs communautés. Il est à espérer que de tels efforts permettront d’améliorer la santé, les habitations et les paysages dans le nord du Cameroun à l’avenir.

   Les participantes acclament à la clôture de la formation. Photo de Laureanne Mefan/CIFOR-ICRAF
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