Recherche : Une maladie du cacao dévaste les moyens de subsistance des planteurs en Côte d’Ivoire – mais l’espoir demeure

Un effort collectif est nécessaire pour atténuer l’impact de la maladie du swollen shoot du cacaoyer
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Le Ghana est l’un des plus importants producteurs mondiaux de cacao. Photo par Ahtziri Gonzalez/CIFOR-ICRAF

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La maladie virale du swollen shoot du cacaoyer (CSSD), transmis naturellement par les cochenilles farineuses est endémique en Afrique de l’Ouest. Les dégâts du CSSD combinés aux effets du changement climatique constituent une menace majeure pour la durabilité de la production cacaoyère, un moteur économique important pour de nombreux pays de la région. La maladie a déjà causée des pertes économiques irréversibles aux petits producteurs de cacao dans les zones d’infection massive.

Dans ce contexte, une étude conduite par une équipe de chercheurs de l’Université Félix Houphouët-Boigny, du Centre National de la Recherche Agronomique (CNRA), et du Centre de Recherche Forestière Internationale et du Centre International de Recherche en Agroforesterie (CIFOR-ICRAF) a été réalisée pour mettre en évidence les conséquences de la maladie du swollen shoot du cacaoyer (CSSD) sur la vie des cacaoculteurs en milieu rural. En examinant les caractéristiques socio-économiques des ménages impactés par la maladie et leurs pratiques agricoles, ils ont collecté des informations précieuses sur les obstacles rencontrés par ces producteurs, ainsi que sur les stratégies potentielles d’atténuation.

Une plantation de cacao en Côte d’Ivoire dévastée par la maladie du Swollen shoot. Photo par Koffie Kouakou/CIFOR-ICRAF.

L’équipe a réalisé des entretiens avec 800 producteurs de cacao, en comparant les ménages affectés par la maladie à des ménages similaires qui n’étaient pas touchés.

Les résultats de cette étude ont montré que les ménages touchés consacraient moins d’argent à des besoins familiaux importants telles que l’éducation de leurs enfants et les soins de santé. Cette contrainte financière a engendré un cycle perpétuel de ressources et d’opportunités limitées, qui a été aggravé par des difficultés à accéder aux services de santé modernes, contribuant ainsi à accentuer l’impact socio-économique de la maladie.

L’étude a également examiné les facteurs influençant la probabilité d’apparition de la maladie du swollen shoot dans les exploitations de cacao. D’après Mahyao Adolphe, un socio-économiste au CNRA “Les caractéristiques socio-économiques telles que l’âge du producteur, le niveau d’éducation, l’accès au crédit et la main-d’œuvre familiale influencent significativement la probabilité d’infection des cacaoyères en zones d’infection de la maladie”. Cependant, “la possession d’autres sources de revenus non agricole, l’expérience dans la production du cacao, le contact avec les services de vulgarisation, la fréquence des opérations de désherbage et l’utilisation d’engrais chimiques ont eu un impact négatif sur les taux d’infection dans les parcelles des producteurs interrogés”, a-t-il ajouté.

Les conclusions de cette étude ont conduit à des recommandations précises pour atténuer l’impact de la maladie du swollen shoot sur les petits exploitants agricoles. Les co-auteurs ont souligné qu’il était essentiel de renforcer la sensibilisation et la formation des producteurs sur la maladie du swollen shoot du cacaoyer. En fournissant aux producteurs des connaissances sur les mesures préventives, les outils de détection précoce et les pratiques appropriées de gestion de la maladie, la propagation et l’impact de la maladie du swollen shoot du cacaoyer peuvent être atténués. Ils ont également souligné l’importance de diversifier les sources de revenus des ménages des producteurs de cacao. Les chercheurs ont expliqué que le fait de compter uniquement sur la monoculture augmentait la vulnérabilité aux effets négatifs de la maladie du swollen shoot tandis que des activités alternatives de génération de revenus pouvaient fournir des filets de sécurité et renforcer la résilience.

Les efforts de recherche pour lutter contre la maladie du swollen shoot dans la région ont progressé significativement ces dernières années avec des travaux en cours dans divers domaines notamment en ce qui concerne la caractérisation de la maladie du swollen shoot, le développement de variétés de cacao résistantes, les stratégies de gestion intégrée des maladies et ravageurs, la lutte contre les vecteurs, les études épidémiologiques et la détection précoce de la maladie au champ sur les arbres asymptomatiques en infection latente où les symptômes caractéristiques ne sont pas encore visibles.

En Côte d’Ivoire, la recherche en prévention des maladies, dirigée par ICRAF dans le cadre du projet Vision for Change (V4C) depuis 2012, a abouti au développement d’un kit de détection rapide, à moindre coût et utilisable sur le terrain. Ce kit de détection est plus précis qu’un test en laboratoire et fournit des résultats en moins de 60 minutes. Cette technologie est actuellement soumise à des essais sur le terrain en conditions de champ. Développé en collaboration avec Mars Incorporated, SwissDeCode et le CNRA, ce kit offre aux producteurs un moyen efficace d’identifier rapidement les plantes infectées avant l’apparition des symptômes sur les feuilles.

Koffie Kouakou, chercheur au CIFOR-ICRAF et l’un des co-auteurs de l’étude, a souligné l’importance de cette avancée. “Le processus de validation du kit de diagnostic du CSSD sur le terrain a révélé son efficacité dans la détection rapide de la maladie à partir d’échantillons de feuilles de cacaoyer asymptomatiques”, a-t-il déclaré. “Cette technologie pionnière apportera une contribution substantielle à l’amélioration du système de surveillance des cacaoyères à travers l’appui des services de vulgarisation.”

« Les efforts collectifs tels que ceux décrits ci-dessus, impliquant des chercheurs, des gouvernements, des agriculteurs et l’industrie du cacao, sont nécessaires pour lutter efficacement contre la maladie du swollen shoot du cacaoyer en Afrique de l’Ouest », ont déclaré les co-auteurs de l’étude. Ils ont exprimé leur optimisme sur le fait que grâce à la recherche multidisciplinaire continue et à la collaboration, des solutions innovantes continueront à émerger pour protéger la production de cacao et les moyens de subsistance de millions de personnes dans la région.

   Un kit de diagnostic rapide pour la surveillance et la prévention des maladies dans les parcelles replantées. Photo par Gilberte Koffi/CIFOR-ICRAF.
   Une productrice de cacao surveille un jeune plant de cacao. Photo de Koffie Kouakou/CIFOR-ICRAF.
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