La question du climat est vitale en République Démocratique du Congo (RDC), un pays qui abrite plus de la moitié des forêts du bassin du Congo et possède une biodiversité impressionnante fournissant des services écosystémiques essentiels à l’équilibre écologique du bassin du Congo, de l’Afrique et de la planète. Le couvert forestier de la RDC est fortement impacté par la déforestation et les changements climatiques.
Après la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 27) qui s’est tenue en Égypte, une concertation permanente entre les acteurs (décideurs politiques, scientifiques et organisations de la société civile) reste un aspect important pour traduire en réalités nationales tous les débats qui se déroulent au niveau global. C’est dans ce contexte que le Centre pour la Recherche Forestière internationale, le Centre International de Recherche en Agroforesterie (CIFOR-ICRAF) et l’Université de Kinshasa (UNIKIN) ont organisé une conférence scientifique de 3 jours visant à faire le pont entre la politique et la science dans les domaines de la lutte contre les changements climatiques et la déforestation en RDC. La conférence a réuni des scientifiques, des décideurs politiques et une large catégorie de membres de la société civile pour discuter de la voie à suivre, en tenant compte de leurs différentes perspectives.
Dans son discours d’ouverture, la représentante du Recteur de l’UNIKIN, Mme Rose Gato, a déclaré : « Aujourd’hui plus que jamais, l’humanité a pris conscience de l’importance de l’environnement dans le maintien de la santé et du bien-être public. L’approche Une seule santé souligne la nécessité des réflexions multidisciplinaires afin d’aboutir à des solutions adéquates aux grands défis de notre société. C’est pourquoi ce symposium organisé par le CIFOR et l’UNIKIN arrive à point nommé avec un thème novateur ».
Ce message a été relayé par Dr Richard Eba’a Atyi, Coordonnateur Régional du CIFOR en Afrique centrale. Il a également souligné l’importance de politiques éclairées pour relever les défis de notre époque : « Nous sommes conscients qu’une petite organisation comme la nôtre, agissant au niveau du paysage, ne suffit pas à avoir un impact sur le développement. C’est pourquoi nous nous dirigeons également vers l’impact des politiques, car elles peuvent avoir plus de résonance aux niveaux national, régional et même international ».
La présente démarche du CIFOR et de l’UNIKIN vise une synergie d’actions en vue d’une lutte efficiente contre les changements climatiques tout en concentrant les efforts sur la déforestation en RDC. C’est ce qu’a rappelé Dr Denis Sonwa – chercheur senior au CIFOR – lors de la cérémonie de clôture :« l’objectif de cet atelier était de réunir un certain nombre d’acteurs (les décideurs politiques, les chercheurs, les groupes autochtones, les bailleurs de fonds, les étudiants) afin de réfléchir sur les politiques et les progrès, discuter sur la contribution de la science dans la prise de décision basée sur des évidences scientifiques et de partager les connaissances entre les parties prenantes pour une meilleure prise en charge des questions climatiques et de la déforestation ». Il s’est réjoui de l’organisation de ces journées de réflexion qui selon lui ‘’ont permis de diffuser de nouvelles informations sur la science, partager les méthodologies et montrer comment la science doit être pluridisciplinaire pour pouvoir répondre aux questions.’’
Chacun continue d’être attentif aux différents agendas portant sur la conservation des forêts, la gestion durable des ressources naturelles et le développement local.
Le processus REDD+ (une initiative soutenue par les Nations Unies qui vise à freiner les changements climatiques en arrêtant la dégradation des forêts et la déforestation) a également été au centre des discussions. Assani Ongala, le Coordonnateur National de la CN-REDD/RDC, a présenté les 10 mesures prises par le gouvernement pour faire avancer l’agenda climatique. Il a noté que « l’objectif de l’engagement de la RDC dans le processus REDD+ est double : réduire les émissions de gaz à effet de serre causées par la déforestation et la dégradation des forêts, et améliorer les conditions de vie des communautés locales. Le mécanisme REDD+ est le point de départ de la RDC vers une économie verte ». M. Ongala a souligné l’importance de transformer ces 10 mesures en réalité pour faire progresser l’agenda climatique en RDC.
En effet, la RDC poursuit ses efforts pour avancer dans la mise en œuvre de la REDD+ en signant une deuxième lettre d’intention avec l’initiative pour la forêt de l’Afrique Centrale (CAFI), en soumettant sa deuxième Contribution Déterminée au niveau Nationale (CDN) à l’Accord de Paris sur le changement climatique et en entreprenant des réformes pour redresser le secteur forestier et les politiques de changement climatique. Cependant, des défis pour réussir la mise en œuvre de la REDD+ subsistent et devraient être pris en compte dans les prochaines étapes.
Outre les découvertes scientifiques et les méthodologies, la conférence a été enrichie par des thèmes critiques tels que les inégalités sociales, l’équité climatique et l’importance d’un cadre juridique adapté pour soutenir les actions et les activités déployées dans le pays. Patrice Bigombe, chercheur à l’Université de Yaoundé II, a de même reconnu l’équité climatique comme étant « essentielle dans la lutte contre les changements climatiques ». Pour aborder cette question de manière appropriée, il a suggéré la création d’un cadre juridique qui implique l’approfondissement des garanties environnementales et sociales.
La rencontre s’est achevée par un appel pressant à l’action lancé par Dr. Denis Sonwa : ‘’que chacun continue d’être attentif aux différents agendas portant sur la conservation des forêts, la gestion durable des ressources naturelles et le développement local ». Il a relevé que « nous travaillons à restaurer et à préserver la nature certes, mais que nous devons également apporter le développement à cette région particulière et à ses communautés’’.
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L’étude comparative mondiale du CIFOR-ICRAF sur la REDD+ est financée par l’Agence norvégienne de coopération au développement (Norad), l’Initiative internationale sur le climat (IKI) du ministère fédéral allemand de l’environnement, de la protection de la nature et de la sécurité nucléaire (BMU), l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et le Programme de recherche du CGIAR sur les forêts, les arbres et l’agroforesterie (CRP-FTA).
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