La sensibilisation sur l’importance de protéger l’environnement doit commencer dès le plus jeune âge, en particulier dans les communautés qui dépendent de l’exploitation des ressources naturelles pour leurs moyens de subsistance.
C’est pourquoi le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) a lancé un nouveau programme d’éducation à l’environnement en République démocratique du Congo (RDC) pour enseigner aux enfants les notions les plus importantes de la gestion durable des forêts. Dans le cadre du projet Formation, Recherche et Environnement dans la Tshopo (FORETS), financé par l’Union européenne, cette activité vise à promouvoir des changements de comportement et à soutenir un avenir plus durable dans le paysage autour de la Réserve de Biosphère de Yangambi.
Dans ce sens, l’équipe du projet FORETS a récemment lancé « Elikya, l’enfant de la forêt », un nouveau film d’animation qui suit les aventures d’un jeune garçon pour sauver la forêt et la biodiversité de son village des menaces de la destruction par l’homme – le premier film de ce genre à aborder la sensibilisation à l’environnement en lingala.
Les réalisateurs du film, Alfred Ntumba, journaliste environnemental chez Environews RDC, et Joelle Grandjean, coordinatrice du programme d’éducation environnemental du projet FORETS, expliquent davantage cette initiative.
Q : Comment vous est venue l’idée de faire ce film ?
JG : Nous avons lancé un programme d’éducation environnementale à Yangambi depuis l’année dernière. Pourtant, pendant la préparation des ateliers pour les écoles, nous avons rapidement fait face à un énorme défi : il n’existait pas d’outils pédagogiques disponibles adaptés au contexte local, avec des messages qui résonneraient avec les enfants vivant dans une communauté rurale juste en périphérie de la forêt tropicale.
Les films que l’on trouve sont généralement destinés aux enfants des pays développés et donc les réalités quotidiennes, l’environnement, les références, les menaces … tout est différent. Nous avions besoin d’un outil adapté, sinon, nos efforts seraient inutiles.
Q : Pouvez-vous nous en dire plus sur le format du film ?
JG : Nous avons choisi de réaliser un court-métrage sous forme de conte pour valoriser cette tradition africaine qui se perd et mérite d’être remise à l’honneur. Ce format permet au récit d’être court, porteur d’un message puissant destiné à distraire tout en s’instruisant.
Par ailleurs, il permet de porter un regard sur la réalité par le biais du merveilleux. La personnification des éléments de la nature permet de développer un sentiment d’empathie à l’égard de l’environnement et de la biodiversité.
De plus, cette forme littéraire permet de créer un monde dans lequel les enfants auront des repères, ce qui est important pour la compréhension du contenu et des messages colportés. Et le conte se termine avec un message positif, un exemple à suivre.
Q : Quelle problématique entend-elle résoudre ?
AN : La question de la protection de l’environnement intéresse peu le grand public en RDC. Dans le pays, parfois il y a une mauvaise perception que « l’environnement est une affaire des blancs ». Cette façon de voir les choses a impacté négativement sur des générations qui ne trouvent aucun intérêt à agir en faveur de l’environnement en général et de la forêt en particulier.
Ce film animé a pour but de changer ce paradigme. Nous voulons inspirer le grand public et pousser les jeunes congolais à aimer son environnement, rétablir le lien rompu avec celui-ci depuis des générations, renouer avec l’amour de la nature et développer la fibre environnementale.
Nous sommes convaincus que l’éducation environnementale est le premier pas vers un avenir durable en RDC.
Q : Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés dans la réalisation de ce film ?
AN : Partant de la conception du storyboard jusqu’au casting des acteurs de voix off, ce film a connu la participation de deux dizaines de personnes (dessinateurs, animateurs, preneurs des sons, monteurs, paysagistes, graphistes, et réalisateur) d’Environews RDC et ses studios partenaires – tous congolais.
Avec ce film, nous avons voulu montrer au monde que la RDC dispose des talents capables de faire mieux, s’ils sont appuyés. Donc le principal défi était de produire un travail à la norme internationale.
Q : Le film sera disponible où ?
JG : Nous allons utiliser le film pour continuer avec notre programme d’éducation à l’environnement à Yangambi, mais il est aussi disponible en ligne gratuitement, et tout le monde peut le regarder et partager.
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