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Les hommes, les femmes et le pouvoir de la nourriture

Les forêts sèches sont souvent sous-estimées. Le rôle des femmes aussi.
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Pour les femmes, plus de travail au niveau de l’agriculture signifie parfois un statut plus important. CIFOR

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Quand les groupes d’aides ont commencé à encourager les femmes en Gambie à planter des jardins dans les années 80, la qualité nutritive des repas des ménages n’est pas la seule chose qui s’est améliorée.

Dans ces communautés dominées par les hommes, le statut de la femme a aussi été renforcé.

Lentement, les femmes ont obtenu des droits relatifs aux terres et des bénéfices économiques. Elles ont commencé à négocier plus avec leurs maris, réduisant ainsi les conflits à l’intérieur des foyers.

Quelques années plus tard, de nouveaux groupes arrivèrent et demandèrent aux résidents de la communauté de planter des arbres. Ils travaillèrent principalement avec les hommes, rapporte Carol Colfer, associée senior au Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR), faisant référence à l’étude de 1999

L’arrivée d’acteurs extérieurs peut vraiment affecter la dynamique des genres. Cela se produit souvent dans les projets de foresterie

Carol Colfer

Par conséquent, les femmes perdirent les droits et le statut qu’elles avaient précédemment acquis et les conflits au sein des ménages augmentèrent à nouveau.

« L’arrivée d’acteurs extérieurs peut vraiment affecter la dynamique des genres [dans une communauté] », dit Colfer. « Cela se produit souvent dans les projets de foresterie. »

Un article récent, publié dans une édition spéciale du International Forestry Review, traitait de l’enjeu de la dynamique des genres au sein des communautés vivant dans ou près des forêts sèches.

Pour l’étude, qui était une revue de la littérature déjà existante, Colfer et ses collègues ont examiné 130 études académiques, ainsi que des chapitres de livres et d’autres ressources. Ils s’intéressaient à la façon dont les hommes et les femmes vivent dans les forêts sèches, soit les forêts qui reçoivent moins d’un mètre (3,3 pieds) de pluie chaque année.

Les forêts sèches présentent des défis uniques pour les personnes qui en dépendent.

Parce qu’il n’y a que très peu d’eau, la terre est difficile à cultiver. Les communautés des forêts sèches doivent également faire face à une très grande densité de population – un couvert forestier épars signifie beaucoup plus de grands espaces à découverts que dans les forêts humides.

Malgré que les populations soient plus grandes dans les forêts sèches, Colfer a découvert qu’il y a plus de littérature portant sur les genres et les forêts humides.

Tout de même, les études sur les forêts sèches ont révélé quelques tendances susceptibles d’aider à orienter les efforts du domaine de la foresterie dans ces régions.

Les conflits à petite échelle étaient beaucoup plus fréquents dans les forêts sèches que les forêts humides, où les affrontements ont tendances à être davantage centrés sur les principaux acteurs comme les compagnies forestières ou les gouvernements nationaux.

Une étude menée en Tanzanie a documenté des conflits au niveau de la communauté en lien à un vol de bétail ou à de la sorcellerie.

Un autre conflit au sein d’un ménage éclata après que des travailleurs humanitaires eurent donné de la nourriture à des femmes éthiopiennes, rapporte une autre étude. Étant donné que les femmes sont devenues celles qui subviennent aux besoins des ménages, la dynamique de pouvoir à l’intérieur des maisons changent et les hommes sentent leurs rôles menacés.

Plusieurs études décrivent de la violence faite envers les femmes.

L’ASCENSION DES FEMMES

Colfer a constaté que les migrations, afin de trouver de meilleurs moyens de subsistance, avaient un impact plus grand sur la dynamique entourant le rôle et le genre dans les forêts sèches que dans les forêts humides.

Au Kenya, par exemple, quand les hommes quittent leurs foyers pour aller à la recherche de meilleures opportunités, ce sont les femmes qui demeurent à la maison et prennent sur leurs épaules une plus grande charge de travail. Cela représente un fardeau supplémentaire pour les femmes, mais cela accroit aussi leur statut à l’intérieur de la communauté.

Le phénomène des femmes qui prennent la relève du travail agricole lorsque les hommes doivent quitter à cause d’une pénurie de travail ou d’une crise environnementale, considéré par certains chercheurs comme la féminisation de l’agriculture, existe depuis des décennies déjà et est en pleine augmentation depuis les dernières années, rapporte Colfer. 

Vous pouvez mobiliser l'énergie et l'intelligence et la motivation des femmes. Cela permet de doubler votre population de collaborateurs

Carol Colfer

Malgré ces nouveaux rôles importants, les femmes sont souvent ignorées lorsque des projets de foresterie sont élaborés et mis en œuvre.

Ceux qui œuvrent dans le domaine de la foresterie ont encore tendance à se tourner vers les hommes en ce qui concerne le travail. C’est en partie parce que les femmes qui sont responsables du travail domestique ont plus de contraintes liées au temps et ne sont pas habituées à voyager loin de la maison. De plus, alors que plusieurs hommes parlent la langue nationale officielle, ce n’est souvent pas le cas pour les femmes.

Toutefois, inclure les femmes peut être crucial pour la réussite du projet.

«Vous pouvez mobiliser l’énergie et l’intelligence et la motivation des femmes et pas seulement celles des hommes », dit Colfer.

« Cela permet de doubler votre population de collaborateurs et de personnes susceptibles d’être proactives.

« On ne fait que gaspiller la moitié des ressources humaines [disponibles] en n’impliquant pas les femmes et ne s’attardant pas à leurs besoins. »

Comprendre les forêts sèches, en particulier, pourrait s’avérer crucial considérant que le changement climatique assèche présentement les régions humides.

Plus que jamais, de plus en plus de gens se retrouveront à vivre autour ou près de forêts sèches.

Mais les forestiers ne peuvent pas supposer que toutes les communautés des forêts sèches sont partout les mêmes, dit Colfer. Chaque région a des besoins et des dynamiques uniques que les forestiers doivent comprendre avant de tenter de nouveaux projets.

« Une des façons d’aller de l’avant est d’essayer de travailler plus étroitement avec les communautés », dit-elle.

« Il ne s’agit pas d’un remède miracle qui fonctionne rapidement, mais après, rien ne l’est non plus. Et puis, ce “remède”, je pense, as en réalité plus de chance de réussir sur le long terme. »

Pour plus d’information sur les recherches du CIFOR sur les forêts sèches et les genres, veuillez contacter Carol Colfer : c.colfer@cgiar.org

Ces recherches s’inscrivent dans le cadre du Programme de recherche du CGIAR sur les forêts, les arbres et l’agroforesterie et le financement a également été assuré par le Département britannique pour le développement international ainsi que USAID.

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