LIMA, Pérou — Selon les premiers résultats d’une étude en cours, les forêts sont un maillon important dans la chaîne alimentaire, en particulier pour les femmes, les enfants et toute autre personne exposée à des risques plus élevés de faim et de malnutrition.
Les droits fonciers constituent néanmoins un facteur décisif pour la sécurité alimentaire des populations forestières, affirment les experts.
« Les forêts et les arbres ne pourront pas garantir à eux seuls la sécurité alimentaire au niveau mondial, mais ils peuvent jouer un rôle majeur », a déclaré Terry Sunderland, directeur de recherche au Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR), lors d’un débat d’experts au Forum mondial sur les paysages en 2014 à Lima. Gérer ces paysages multifonctionnels de manière à combiner la production alimentaire, la conservation de la biodiversité aide les familles à obtenir une sécurité alimentaire
Le forum a été organisé par le CIFOR, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en marge de la conférence annuelle des Nations Unies sur le changement climatique. Il a attiré plus de 1 700 personnes de 90 pays, y compris des négociateurs nationaux sur le climat, des ministres, des PDG, des chefs autochtones, des dirigeants de la société civile et des chercheurs.
Les paysages boisés fournissent de la nourriture, du carburant, du fourrage et des produits que des familles peuvent échanger ou vendre.
« Gérer ces paysages multifonctionnels de manière à combiner la production alimentaire, la conservation de la biodiversité et le maintien des services écosystémiques aide les familles à obtenir une sécurité alimentaire et nutritionnelle », explique M. Sunderland.
L’étude, qui examine les liens entre les forêts, la nutrition et la sécurité alimentaire, est menée par le Groupe mondial d’experts forestiers sur les forêts et la sécurité alimentaire, parrainé conjointement par le CIFOR et l’Union Internationale des Instituts de Recherches Forestières (IUFRO).
Plus d’un milliard de personnes dépendent des produits forestiers comme source de nourriture ou de revenu. Jusqu’à 20% des revenus des populations rurales proviennent de l’environnement, déclare M. Sunderland. Les populations rurales vivant sous les tropiques ont une longue tradition de gestion de leurs forêts ou de paysages partiellement boisés. 40% de la production alimentaire dans le monde proviennent de ces petits systèmes agricoles, dit-il. Les forêts, les arbres et l’agroforesterie: quels sont leurs rôles dans la sécurité alimentaire et la nutrition? par le Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR)
Une comparaison des données sur la nutrition et des cartes du couvert forestier dans 21 pays en Afrique montre que plus le couvert forestier est élevé, plus le régime alimentaire est diversifié – du moins jusqu’à un certain point, selon M. Sunderland.
Une étude portant sur 93 000 enfants a constaté que la consommation de fruits et de légumes augmente avec le couvert forestier. Cette consommation atteint son maximum lorsque les forêts couvrent environ 45% du paysage, puis elle diminue au-delà de ce seuil.
Bien que les forêts abritent également du gibier, il n’existe pas de relation statistiquement significative entre le couvert forestier et la consommation de gibier. Si nous nous concentrons uniquement sur les habitants des forêts, nous omettons tout un secteur de production alimentaire
Les résultats indiquent que les paysages forestiers sont plus adaptables, résilients et diversifiés que les monocultures. En outre, ils offrent une variété de services importants pour la nutrition et, par conséquent, pour la santé humaine, affirme M. Sunderland.
Toutefois, les bénéfices de l’approvisionnement alimentaire des forêts vont au-delà de ceux qui vivent dans la forêt.
Les facteurs de changement dans le contexte des forêts et de la sécurité alimentaire et les options de réponse à petite échelle du Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR)
LE RÉGIME FONCIER, UN ENJEU DE SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
Des habitants des forêts aux citadins, il existe de nombreux types de paysages qui combinent arbres et agriculture dans des proportions différentes, déclare Henry Neufeldt du Centre Mondial de l’Agroforesterie (ICRAF).
« Si nous nous concentrons uniquement sur les habitants des forêts, nous omettons tout un secteur de production alimentaire qui se base sur des arbres ainsi que des systèmes agricoles incluant des arbres », explique M. Neufeldt.
Pour les petits exploitants il est important de détenir les droits juridiques sur la terre et les arbres, dit-il.
Puisque garantir l’accès aux forêts est important, le régime foncier n’est pas seulement une question juridique, mais il est également lié à la nutrition et à la sécurité alimentaire, déclare Susan Braatz, expert forestier à la FAO.
Les politiques peuvent encourager la conservation des forêts en permettant aux personnes l’accès aux ressources, affirme Mme Braatz. Elle cite en exemple un cas au Niger où des personnes ont planté 5 millions d’hectares d’arbres après que la politique du gouvernement a changé en leur donnant des droits sur arbres de leurs terres.
En modifiant les politiques, les gouvernements peuvent également créer des incitations perverses, comme celles qui interdisent aux petits agriculteurs de couper et vendre des arbres dans des systèmes agroforestiers et fermes gérés. S’ils ne peuvent pas bénéficier de ces ressources, ils n’ont plus d’incitation pour bien les gérer, dit-elle.
Mme Braatz souligne la nécessité d’inclure les femmes dans la prise de décision et d’assurer que les informations du groupe d’expert atteignent les décideurs politiques.
Le groupe d’experts sur les forêts et la sécurité alimentaire prévoit de produire un rapport basé sur ses recherches. Leur objectif est d’aider les responsables politiques et autres personnes concernées à concevoir, sur une base scientifique, des politiques et des projets relatifs aux forêts, à la nutrition et à la sécurité alimentaire.
Pour plus d’informations sur ce sujet, veuillez contacter Terry Sunderland sur t.sunderland@cgiar.org.
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