En harmonie avec la terminologie: à la recherche de «littérature grise» sur les paysages

Si vous demandez à 78 scientifiques, vous risquez d’obtenir 78 réponses différentes, selon les constats des participants d’une conférence récente sur l’utilisation des terres.
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Landscape in Uganda.   Photo by Douglas Sheil for Center

Paysage d’Ouganda. Dans le domaine du développement, l’usage de ce terme n’est pas bien défini. Photo: Douglas Sheil/CIFOR

NAIROBI, Kenya — Que signifie donc la «gestion intégrée des paysages»?

Si vous demandez à 78 scientifiques, vous risquez d’obtenir 78 réponses différentes. C’est le constat des participants d’une conférence récente sur l’utilisation des terres.

Le consensus sur les définitions est une caractéristique des sciences. Cependant, s’il n’y a pas de consensus, les choses peuvent s’avérer compliqué, en particulier lorsque la science rencontre la politique.

Ceci s’applique à «l’approche paysagère» au développement durable. Il s’agit d’un cadre qui englobe toute la gamme d’usages des terres, ainsi que tous les acteurs de l’utilisation et la gestion des terres.

En ce moment, il existe une grande confusion autour de ce qu’elle représente et pourquoi nous en avons besoin

Le terme «paysage» est devenu monnaie courante dans les discours mondiaux sur le développement et sur la gestion durables des terres et autres ressources naturelles. Néanmoins, la communauté scientifique ne s’est pas encore mise d’accord sur une définition unique concernant les «approches paysagères», probablement pour une bonne raison. Les participants de la conférence récente sur les Paysages pour les Hommes, l’Alimentation et la Nature, organisée par EcoAgriculture Partners et le Centre mondial d’Agroforesterie à Nairobi au Kenya, ont apprit qu’il n’y avait pas moins de 78 différents termes faisant allusion à la gestion intégrée des paysages.

Au cours des dernières années, le milieu de la recherche a consacré beaucoup de temps et d’énergie intellectuelle à essayer de cerner le terme «paysages», afin d’aboutir à une définition universellement acceptée pour les paysages et leur gestion. Puisqu’il est incontestable qu’une multitude de termes est inefficace lorsqu’il y a beaucoup de parties prenantes, la communauté scientifique s’est efforcée à fournir un cadre plus cohérent pour l’approche paysagère.

Lorsque le Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR) et ses partenaires ont publié un document exposant 10 principes qui réduisent l’approche paysagère à ses éléments essentiels, cela n’a pas permis de passer à l’étape suivante, qui est ce que cela signifie sur le terrain. 

DÉTERMINER LES GRANDES LIGNES

Au moment où le document a été publié, les médias se sont montrés très intéressés. Ils souhaitaient savoir où l’approche paysagère avait été appliquée avec succès, afin de voir les résultats. Le problème? Il existe peu d’endroits où cette approche a été explicitement appliquée.

L’épineuse question de la terminologie concernant les paysages menace de faire dévier la discussion et de détourner l’attention de la valeur et portée réelles de l’approche. Pour résoudre ce problème, les chercheurs du CIFOR font actuellement un travail d’analyse pour saisir ce que l’approche paysagère représente dans la pratique, tout en évitant une définition trop étroite en raison de la multitude de stratégies de mise en œuvre.

«Nous allons avoir recours à la recherche, fondée sur des données probantes, sous forme d’une analyse systématique», déclare James Reed, chercheur au CIFOR. «Il s’agit d’une méthode mise au point par les sciences médicales et adoptée plus récemment par les sciences naturelles et sociales.» L’objectif, selon M. Reed, est de synthétiser la base de données, actuellement fragmentée, relative aux approches paysagères et de comprendre ce que cette «approche» représente en réalité.

À partir de critères prédéterminés, l’équipe examinera des ouvrages selon leur pertinence et qualité afin de créer deux schémas. Le premier schéma affiche des cadres conceptuels d’approches paysagères produites par diverses institutions; le second est une carte interactive montrant où et comment des approches paysagères sont ou ont été mises en œuvre.

Selon Liz Deakin, un post-doctorant au CIFOR travaillant également sur l’étude, il est «extrêmement important» de clarifier ce que signifie l’approche paysagère sur le terrain. «En ce moment, il existe une grande confusion autour de ce qu’elle représente et pourquoi nous en avons besoin», dit-elle.

L’examen s’appuiera sur des études évaluées par des pairs et provenant de sources multiples. Toutefois, il inclura également des documents pertinents, non évalués par des pairs, tels que des thèses de mémoires, notes de terrain, notes de synthèse et d’autres types de «littérature grise».

La revue systématique, qui devrait être finalisée et présentée lors du prochain Forum mondial sur les paysages à Lima, au Pérou, en décembre 2014, est censée aider à faire avancer le discours sur les paysages au-delà des définitions et concepts flous. Ainsi, les chercheurs pourraient se focaliser sur l’application et le perfectionnement des approches paysagères. Ces approches proposent – contrairement aux autres options – des points de départ aux négociations entre les divers utilisateurs concurrents des terres.

Si vous souhaitez soutenir la revue systématique en contribuant à la littérature grise, veuillez contacter James Reed (j.reed@cgiar.org) ou Liz Deakin (l.deakin@cgiar.org).

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