Analyse

Jazz, science et développement durable

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Il n’est pas facile d’améliorer les revenus des populations to en stoppant la dégradation des ressources naturelles en zones sèches, montagneuses ou forestières. Il n’existe pas de solutions simples ou miraculeuses. Les milliards dépensés pour résoudre de tels problèmes ont produit des résultats modestes. Construire des routes, assurer les soins de base et l’éducation primaire ont effectivement réduit la pauvreté rurale mais d’énormes problèmes sociaux et environnementaux subsistent.

Pour les résoudre nous devons comprendre le pourquoi des échecs passés et où se trouvent les opportunités réelles. En d’autres mots, nous avons besoin de recherche. Malheureusement de nombreux gouvernements ou bailleurs de fonds n’aiment pas financer la recherche car ils la considèrent par trop académique et incapable de fournir des solutions pratiques.

Ils ont quelque part raison. La plus grande activité de la recherche consiste majoritairement à produire des publications scientifiques au lieu d’aider les décideurs et les gestionnaires à résoudre leurs problèmes. Les chercheurs décident bien souvent de leurs sujets d’études sans consulter les personnes qu’ils sont supposés aider. Ceci est en partie du fait des demandes des bailleurs de fonds qui demandent des propositions détaillées indiquant exactement ce qui sera fait une fois le financement accepté même si, le projet démarré, il apparaît une meilleure façon d’appréhender les choses ou si le contexte change de façon dramatique.

« La Science du Développement Durable » (The Science of Sustainable Development) par Jeff Sayer (WWF) et Bruce Campbell (CIFOR) plaide pour une approche plus dynamique de la recherche. Ils considèrent que les chercheurs devraient passer plus de temps à comprendre les véritables problèmes et à construire des liens avec les groupes impliqués avant de décider sur quoi travailler. Il faut certes des objectifs clairs mais les aspects spécifiques et les méthodes doivent pouvoir évoluer avec le temps en fonction du contexte et des connaissances nouvelles. Pour résoudre ces problèmes complexes, les chercheurs doivent faire appel à de nombreuses disciplines et travailler à plusieurs échelles mais ils ne doivent pas nécessairement tout étudier. L’idée n’est pas tant de développer et transférer des technologies que d’aider les décideurs à analyser les différentes options, trouver les opportunités et apprendre de leurs expériences passées.

En fait la conception d’une « bonne recherche » pour Sayer et Campbell se rapproche du jazz. Les scientifiques, comme les musiciens de jazz, doivent savoir ce qu’ils font, comment le faire et cela doit venir du cœur ou des tripes ! Après tout est question d’improvisation et d’adaptation sans termes de référence compliqués ou autres cadres logiques.

Comment les auteurs savent-ils que cela marche ? Ils ne le savent pas en fait ! Le livre présente des exemples tirés de plusieurs pays mais aucun ne rempli vraiment toutes les conditions. Il est difficile de trouver des chercheurs qui font ce que les auteurs proposent et encore plus dur de trouver des gens prêts à financer ce genre d’approches. N’empêche, la plupart des approches statiques pour résoudre les problèmes de pauvreté et de gestion des ressources naturelles en milieu marginal ne fonctionnent pas. Alors c’est peut-être le moment d’un peu de recherche jazzy : réactive, adaptable et en phase avec ce qui se passe autour.

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Pour envoyer vos questions ou commentaires aux auteurs vous pouvez écrire à Jeff Sayer ( mailto:jsayer@wwwfint.org ) ou Bruce Campbell ( mailto:b.campbell@cgiar.org )

La référence complète du document est : Sayer, J. & Campbell, B. 2004. The science of sustainable development: local livelihoods and the global environment. Cambridge University Press, Cambridge.