La culture du khat en Éthiopie alimente l´économie et réduit la déforestation - CIFOR-ICRAF Forests News

La culture du khat en Éthiopie alimente l´économie et réduit la déforestation

BOGOR, Indonésie (21 mars 2012) _ Le khat - une plante à feuilles utilisée en tant que stimulant naturel dans la Corne de l'Afrique - est devenu l'épine dorsale de l'économie de la région, constituant la principale source de revenus pour les agriculteurs, ainsi que des emplois pour des milliers de personnes travaillant au différent niveau de la chaîne de valeur.
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Photo reproduite avec la permission d´Alfred Weidinger/flickr.

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BOGOR, Indonésie (21 mars 2012) _ Le khat – une plante à feuilles utilisée en tant que stimulant naturel dans la Corne de l’Afrique – est devenu l’épine dorsale de l’économie de la région, constituant la principale source de revenus pour les agriculteurs, ainsi que des emplois pour des milliers de personnes travaillant au différent niveau  de la chaîne de valeur.

« Comme les ménages gagnent plus de revenus par la culture du khat, ils ont réduit leur dépendance de la vente du bois combustible – un des principaux moteurs de la déforestation en Afrique », a déclaré Habtemariam Kassa, chercheur au CIFOR et co-auteur de Khat and livelihood dynamics in the Harer highlands of Ethiopia: Significance and challenges (Khat et les dynamiques des moyens de subsistance dans les hauts plateaux Harer de l’Éthiopie : Importance et défis).

Dans une région touchée par des sécheresses fréquentes et une fertilité des sols en diminution, l’augmentation de la population agricole dans les hauts plateaux Harer en Éthiopie a posé, au cours des 40 dernières années,  des défis supplémentaires aux agriculteurs, en limitant davantage les terres arables et en réduisant les propriétés foncières pour les ménages agricoles.

« En réponse à des tailles plus petites des terres et des rendements céréaliers stagnants, les agriculteurs se sont tournés vers le khat (Catha edulis), dont la production et le prix ont considérablement augmenté au fil du temps, et ceci a conduit à une meilleure gestion des terres et une augmentation des revenus des ménages », indique l’étude.

Les agriculteurs des hauts plateaux Harare cultivent le khat depuis  de nombreuses années. Mais il est  est devenu leur principale culture au cours des dernières décennies. Le khat s’est avéré être une plante souple qui peut être utilisée dans le bâtiment et la construction ainsi qu´en tant que bois combustible. Les feuilles restantes des branches commercialisables sont des aliments importants, en particulier pour les chèvres.

Le khat joue également un rôle essentiel dans la réduction de l’érosion et de la dégradation des sols, vu que les parcelles où le khat a été planté ne sont pas utilisées pour le pâturage et sont mieux gérées par les agriculteurs en termes de terrasses et d’ajout de fumier.

« La culture du khat ne nourrit pas seulement des ménages, elle aide à protéger nos forêts », a déclaré  Kassa.

Alors que les agriculteurs des hauts plateaux Harer ont historiquement subsisté grâce à un mélange de cultures, les ventes de khat constituent aujourd’hui la principale source de revenu agricole. Le khat génère le plus grand rendement à l’hectare de terre cultivée par rapport à d’autres cultures des hauts plateaux Harer, y compris le café, une autre culture principale éthiopienne.

Depuis les années 1970, la production de khat a augmenté le niveau d’emploi dans la région, devenant l’occupation avec la croissance la plus rapide et la plus rentable qui implique des millions de paysans, de commerçants et d´autres prestataires de services en particulier dans les hauts plateaux Harer. Bien que des chiffres officiels ne soient pas disponibles, des centaines de milliers de ménages agricoles sont soupçonnés être directement impliqués dans la production et la commercialisation du khat.  Kassa fait écho aux conclusions d’études antérieures qui ont montré que la production et la distribution du khat soutiennent désormais les moyens de subsistance de millions d’Éthiopiens.

Au cours de la dernière décennie, la culture du khat s’est également étendue à d’autres régions de l’Éthiopie et est devenue une partie intégrante de l’agriculture dans les régions montagneuses du centre et de l’ouest de l’Éthiopie,  a dit Kassa.

En répondant aux préoccupations des décideurs politiques et des spécialistes du développement qui mettent en question la viabilité à long terme d’un système agricole dominé par le khat, l’étude souligne la nécessité de diversifier l’économie régionale et avertit que la production de khat ne peut pas répondre à la demande alimentaire croissante de l´Éthiopie.

Toutefois, face aux préoccupations de santé publique concernant la dépendance au khat et face à la pression internationale croissante pour interdire sa distribution Kassa insiste également sur la nécessité de politiques efficaces pour mieux gérer la production, la consommation et le commerce du khat, et de créer une politique d´appui et un soutient institutionnel afin d´encourager l’épargne des revenus issus de la production et de la commercialisation du khat et d´encourager les investissements dans des options de moyens de subsistance alternatifs.

Les avantages écologiques et économiques doivent être mis en balance avec la santé et d’autres inconvénients sociaux. La nécessité d’une réflexion attentive et clairvoyante est soulignée par toutes les parties intéressées.

« Vu que l´économie des ménages et l´économie régionale basées sur le khat sont dépendantes du marché d’exportation, toute interdiction d’importation aura un impact dévastateur sur les moyens de subsistance de nombreuses personnes dans les hauts plateaux Harer», a t-il ajouté.

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