DOUALA, Cameroun (15 mars 2012) _ Un nouveau projet du CIFOR dans le bassin du Congo porte l’espoir de renforcer les preuves scientifiques qui prouvent que la production durable de bois dans des forêts exploitées par des entreprises privées et des collectivités locales pourrait augmenter les stocks de carbone nécessaires afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement de la planète.
« Il est bien connu que la production de bois durable dans les zones de concession forestière a contribué à limiter la déforestation, surtout en Afrique centrale. Cependant, il n’est bien compris si elle peut augmenter les stocks de carbone globaux et contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre », a déclaré Richard Eba’a Atyi, coordonnateur régional du bureau du CIFOR en Afrique centrale et responsable du projet FORAFAMA.
« En surveillant les stocks de carbone dans différentes zones, nous espérons que cette recherche va révéler les pratiques les plus efficaces de gestion durable qui pourraient être utilisées pour améliorer les projets existants visant à réduire les émissions dues à la déforestation et à la dégradation, tels que la REDD », a t-il ajouté.
La forêt du bassin du Congo, le deuxième plus grand tractus de forêt tropicale dans le monde, est sous une menace croissante par la déforestation causée par l’essor du commerce des produits forestiers ligneux et non ligneux. Plus de 40% de ses 200 millions d’hectares sont affectés à la production commerciale de bois, mais seulement 4.5 millions d´hectares sont régulés par des programmes internationaux de certification forestière.
Sans règles strictes pour protéger les 25-30 millions de tonnes de carbone enfermées dans ces forêts, les pays qui ont signé la REDD + – un mécanisme qui accorde une valeur monétaire sur le carbone stocké dans les arbres – risquent de perdre leur part sur les USD 1,25 billion de dollars attendus des paiements compensatoires.
Le projet FORAFAMA qui se déroule sur trois ans, est effectué en collaboration avec l’Agence Française de Développement (AFD) et le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM). Il analysera les impacts de la production durable de bois dans les concessions forestières et les comparera à d’autres types de gestion des terres telles que les zones protégées, les forêts communautaires, la production de bétail et les forêts exploitées de manière libre .
En examinant quels secteurs sont les plus efficaces dans la conservation des stocks de carbone, l’étude espère gagner une compréhension plus large des pratiques les plus efficaces de production de bois, et si les normes établies par les systèmes de certification des forêts pourraient être compatible avec les normes et les garanties de la REDD +.
« La recherche pourrait non seulement contribuer à améliorer la conception et la gestion des programmes pilotes de la REDD +, elle pourrait aider à diminuer les conflits entre tous les acteurs impliqués dans la production durable de bois, – allant des grands investisseurs aux petits producteurs-, en veillant à ce que tout le monde ait une voix dans la REDD et profite de la compensation pour l’augmentation des stocks de carbone », a déclaré Atyi.
Toutefois l’étude ne va pas sans ses difficultés. En dépit d’un engagement récent par l’ensemble des dix pays d’Afrique centrale à pousser de l’avant la REDD + lors du récent sommet COP17 à Durban, seuls deux pays, le Cameroun et la République démocratique du Congo ont mis au point des projets pilotes REDD +.
Lors d’une conférence récente au Cameroun pour mettre en évidence le projet FORAFAMA, de nombreux participants ont exprimé des inquiétudes qu’il pourrait être trop tôt pour intégrer des pratiques de gestion durable de bois de la forêt dans la REDD +, d’autant plus que « les normes internationales n’ont pas été fixées et que la REDD + est encore un projet national et volontaire », a déclaré Alain Karsenty de l´organisme français de recherche le CIRAD.
Tirer des leçons d’autres pays confrontés à des défis similaires pourrait fournir des indications sur la meilleure façon de combiner les pratiques de gestion forestière et de conservation de la biodiversité. FORMAFAMA travaille actuellement avec des partenaires dans l’Amazonie afin d´apprendre les technologies de production de bois et des pratiques qui pourraient être utilisées dans le bassin du Congo. Malgré les différents facteurs de la déforestation et les différents milieux socio-économiques des deux régions, « les écosystèmes sont encore comparables », a dit Atyi.
Denis Sonwa, un chercheur du CIFOR, qui a présenté une évaluation des connaissances actuelles sur les liens entre les stocks de carbone et les concessions forestières gérées de manière durable, a reconnu que le projet était encore au stade embryonnaire et que la REDD n’a pas encore été officialisée, tout en soulignant que « nous devons toujours aller de l’avant et recueillir de l’information. »
« Nous avons jusqu’en 2013 pour obtenir les résultats », a déclaré Atyi. « Nous avons besoin de plus de données du terrain et une meilleure recherche scientifique pour réellement influencer les négociations REDD +, mais la porte s’ouvre pour les sociétés forestières engagées dans la gestion durable des forêts à travailler avec les parties prenantes de la REDD +. »
Avec des informations supplémentaires de Susan Linnee.
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