Les négociateurs sur la biodiversité & le climat doivent ‘parler les uns aux autres’ pour le bien de la REDD +, préconise la Belgique

DOHA, Qatar (30 novembre 2012)_ Les négociateurs des pays aux pourparlers de l'ONU sur le changement climatique et la biodiversité doivent mieux communiquer avant de développer leurs positions nationales, afin de pousser le développement des sauvegardes environnementales et sociales pour les régimes d’atténuation du changement climatique telle que la REDD +, disent les experts.
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Les négociateurs au sein des pays ont besoin de parler les uns aux autres avant d’élaborer des positions nationales. The Verb/Laura Owsianka

DOHA, Qatar (30 novembre 2012)_ Les négociateurs des pays aux pourparlers de l’ONU sur le changement climatique et la biodiversité doivent mieux communiquer avant de développer leurs positions nationales, afin de pousser le développement des sauvegardes environnementales et sociales pour les régimes d’atténuation du changement climatique telle que la REDD +, disent les experts.

Les pays choisissent souvent des fonctionnaires ou autres experts pour agir en tant que négociateurs lors des réunions de l’ONU, mais seulement une poignée de ces mêmes négociateurs assiste aux deux réunions, sur la biodiversité (Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, ou CDB) et le climat (Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique, ou CCNUCC).

La crainte est que sans une meilleure coordination entre ces deux organismes, l’accent mis sur les forêts va complètement passer sous la convention sur le climat, qui ne place pas la biodiversité au cœur des discussions.

« Je peux comprendre qu’un grand nombre de pays ont des ministères différents, beaucoup de pays ont des processus très séparés, mais s’il vous plaît parlez l’un à l’autre avant d’élaborer des positions nationales [sur la biodiversité et le changement climatique]. La REDD + peut bénéficier seulement de l’expertise partagée », déclare Kelly Hertenweg, négociateur pour la Belgique et expert auprès du Service Public Fédéral de la Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement.

« Les forêts ne sont plus un écosystème qui relève du mandat de la CDB, elles sont juste un stock de carbone forestier qui relève du mandat de la CCNUCC », dit Simone Lovera de la Coalition Mondiale des Forêts.

Ceci vient à la suite d’un appel du Brésil lors de la réunion de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) de cette année, demandant aux Parties d’aligner leurs discussions afin d’éviter la « création d’obstacles à la REDD + plutôt que [de l’utiliser] à son objectif complet ».

Selon Tony La Viña, doyen de Ateneo School of Government et facilitateur des négociations de la REDD + pour la CCNUCC, un enjeu durement touché est le retard dans le développement de sauvegardes environnementales et sociales pour les régimes d’atténuation du changement climatique telle que la REDD +.

« La CCNUCC et la CDB élaborent indépendamment des avis et des conseils sur la REDD + et les sauvegardes. Nous croyons que les parties et les parties prenantes bénéficieraient d’un encadrement synergique … il n’est pas vraiment utile d’avoir des plans distincts », explique t-il.

La Réduction des Emissions issues de la Déforestation et la Dégradation des forêts (REDD +) est un système établit sous la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC), qui vise à atténuer les effets du changement climatique en récompensant financièrement les pays en voie de développement pour garder leurs arbres debout (et leur carbone stocké dans les forêts).

Toutefois, lorsque les arbres sont évalués seulement pour leur potentiel de séquestration des gaz à effet de serre qui changent le climat, ils deviennent simplement des paquets de « bâtons de carbone », selon Robert Nasi, directeur du CGIAR Programme de Recherche sur les Forêts, les Arbres et l’Agroforesterie.

« La plus grande valeur de la REDD + vient des avantages indirects largement négligés, telle que l’apport en gouvernance et en infrastructures améliorés », dit-il.

Pour résoudre les problèmes de gouvernance forestière, de respect des droits des peuples autochtones, de protection de la biodiversité naturelle et de déplacement des émissions (fuites) dans le cadre de la REDD +, sept sauvegardes volontaires ont été mises en place à la suite des négociations sur le climat de l’ONU en 2010 à Cancun au Mexique.

Alors que celles-ci ont été développées durant des COP ultérieures, les experts ont exprimé lors de la conférence climatique de l’année dernière à Durban leur déception sur le ‘très faible’ texte sur les Systèmes d’Information de Sauvegarde (SIS) de la REDD + visant à protéger les communautés locales, les populations autochtones et la biodiversité. Le texte réduisait les besoins de la collecte des données et la mesure des impacts de la REDD + à un simple rapport sur la manière dont les développeurs mettent en œuvre des mesures de sauvegarde (voir le texte ici).

Les sauvegardes sont devenus simplement des principes à respecter, dit Louis Verchot, chercheur chevronné en climatologie au Centre de Recherche Forestière Internationale.

« Si nous allons le réaliser ou ne pas le réaliser, ça n’aura pas d’importance vu que nous n’allons pas le mesurer. »

En Octobre de cette année, la CBD a rédigé des conseils pour les négociateurs de la REDD + participant aux pourparlers de l’ONU sur le climat de cette semaine à Doha (page 130) afin de discuter sur une identification basique des risques pour la biodiversité et sur le processus de la réduction des risques pour les activités nationaux de la REDD +.

Les conseils de la CDB mettent en garde contre la conversion des forêts naturelles en plantations, le reboisement dans les zones riches en biodiversité, le manque d’avantages tangibles pour les communautés autochtones et locales, l’absence de partage équitable des avantages et la perte des connaissances traditionnelles.

« Ce [texte de la CDB] est tout à fait pertinent pour les discussions [à Doha], il n’y a donc aucune raison de ne pas se référer au texte de la CDB. Il s’agirait d’une première [fois que cela arrive] parce qu’en général, et cela a été très fortement exprimé par le Brésil, [la CDB] n’interfère pas dans les processus de la CCNUCC », dit Mme Hertenweg.

Les acteurs du secteur privé et les pays se trouvant au niveau de la phase II du programme REDD + sont à la recherche de décisions fortes en matière de sauvegarde de la biodiversité et de la gouvernance afin de générer et protéger les investissements dans la REDD +.

Cependant les sauvegardes « ne sont pas un sujet où on ne va pas voir beaucoup de progrès [à Doha] avant que certaines choses, tel que le financement, ont été abordées », déclare Mr Verchot.

Une décision finale sur le calendrier et la fréquence des rapports sur les Systèmes d’Information de Sauvegarde (SIS) est sur l’ordre du jour des discussions de cette semaine à Doha.

Avec des informations supplémentaires de Vanessa Reid.

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