Les paysages vivants: Résumé de l’évènement Forest Day 6

DOHA, Qatar (6 décembre 2012) _ Une approche intégrée du paysage pour la gestion des ressources a le potentiel d’aider à relever les défis mondiaux tels que la sécurité alimentaire et le changement climatique, mais la coopération intersectorielle sera une condition de son succès, selon un rapport du CIFOR récemment publié résumant les résultats de Forest Day 6.
, Wednesday, 19 Dec 2012
Peter Holmgren, directeur général du CIFOR, s'adresse aux participants de Forest Day à Doha en Qatar. Neil Palmer (CIAT).

Peter Holmgren, directeur général du CIFOR, s’adresse aux participants de Forest Day à Doha en Qatar. Neil Palmer (CIAT).

DOHA, Qatar (6 décembre 2012) _ Une approche intégrée du paysage pour la gestion des ressources a le potentiel d’aider à relever les défis mondiaux tels que la sécurité alimentaire et le changement climatique, mais la coopération intersectorielle sera une condition de son succès, selon un rapport du CIFOR récemment publié résumant les résultats de Forest Day 6.

Les intervenants lors de l’évènement ont également évoqué la nécessité de garanties solides sur le plan social et pour la biodiversité, ainsi que l’engagement du secteur privé dans le programme REDD + pour le développement durable, soutenu par l’ONU.

Le rapport de synthèse se trouve ci-dessous.

*************

Le sixième et dernier évenement Forest Day (Journée de la forêt) a eu lieu au Qatar à Doha, le 2 Décembre, en parallèle avec la dix-huitième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP18 CCNUCC) tenue du 26 novembre au 7 décembre 2011. Il y avait plus de 800 participants de 87 pays lors de Forest Day, y compris quelques 220 négociateurs et membres des délégations des pays de la CCNUCC. Des scientifiques, des chercheurs, des activistes, des représentants d’organisations non gouvernementales, des organisations de peuples indigènes et le secteur privé étaient également présents. Co-organisé par le Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR) et le Partenariat de Collaboration sur les Forêts (PCF), l’évènement Forest Day a été convoqué sous le thème de « paysages vivants », avec un accent particulier sur les interconnexions entre les forêts et l’agriculture, tout comme leurs impacts sur les personnes et la société.

Pour un bref historique sur les forêts et le changement climatique, lisez le rapport de l’Institut International du Développement Durable (IIDD) sur Forest Day 5 de l’année dernière.

PLÉNIÈRE D’OUVERTURE

Peter Holmgren, le nouveau directeur général du CIFOR, a souhaité le bienvenu aux participants de Forest Day 6 et a encadré la journée en déclarant que le moment était venu de réfléchir à de nouvelles méthodes pour résoudre de vieux problèmes. Le changement climatique doit être traité à travers des frontières entre les secteurs, a t-il dit, et la foresterie doit être examinée au travers du prisme de l’agriculture, la sécurité alimentaire et sous l’angle plus large du développement durable.

Eduardo Rojas-Briales, Président du Partenariat de collaboration sur les forêts (PCF) a fait écho à cette pensée, ajoutant que l’évenèment Forest Day devait évoluer en fonction des thèmes transversaux, afin de soutenir une prise de conscience croissante sur la nécessité de répondre aux besoins de 9 millions d’habitants d’ici 2050.

Will Steffen, directeur exécutif de l’Institut du changement climatique à l’Université nationale de l’Australie, a prononcé le discours d’ouverture. Il a évoqué les neuf limites planétaires et la façon par laquelle elles ont le potentiel de modifier les approches à la croissance et au développement durable. Il a particulièrement insisté sur les limites du climat et de la biodiversité, et a souligné la nécessité de s’orienter vers l’intendance de l’environnement plutôt que de ne penser qu’à son usage.

Wu Hongbo, sous-secrétaire général des Nations Unies pour les affaires économiques et sociales, a souligné le revenu invisible que les forêts apportent aux moyens de subsistance en milieu rural, avec un total de US $ 326 milliards de dollars de contributions en argent officiel en provenance des forêts pour les économies en développement – ce qui represente plus de deux fois la somme du total des flux d’aide publique au développement (APD).

Ephraim Kamuntu, le ministre de l’Eau et de l’Environnement de l’Ouganda, a également souligné la nécessité de veiller à ce que les moyens de subsistance en milieu rural soient abordés dans le cadre de l’agenda du changement climatique. Relever les défis du changement climatique est lié intrinsèquement à l’éradication de la pauvreté dans les pays en voie de développement, a t-il dit.

 

GROUPES DE DISCUSSION

Regardez les forums de discussions individuelles sur notre page YouTube ici.

Les forêts sur une planète cultivée  

Dans cette session, il y avait un large consensus sur le fait que la REDD n’était tout simplement pas réalisable sans une production agricole accrue et une amélioration de l’équité sociale. Le défi de la sécurité alimentaire doit être abordé et la REDD est désormais considérée comme un moyen de construire des capacités nationales d’aménagement du territoire, ce qui pourrait avoir des effets sur l’agriculture. Il ressort également de cette session, que la conservation des forêts peut contribuer à l’innovation dans l’agriculture intelligente face au climat, ce qui valide d’avantage le potentiel d’une approche paysagère pour la gestion des terres.

Lisez une « Question et Reponse » sur ces enjeux avec Deborah Bossio, l’oratrice principale de cette session.

Les cadres de gouvernance pour la REDD +

Dans le but d’assurer l’application effective de la REDD +, la session s’est focalisée sur la réalisation de résultats équitables pour les parties prenantes locales. Les expériences de la République démocratique du Congo, du Brésil, du Mexique et de l’Indonésie ont tous souligné la nécessité de réformes juridiques visant à clarifier et à faire respecter les droits coutumiers et fonciers, afin que les bénéfices de la REDD + pouissent atteindre des particuliers. Les gouvernements doivent se consulter et coopérer avec ces communautés, ainsi qu’avec la société civile et les organismes de recherche, qui vont respectivement tenir les gouvernements résponsables et qui vont orienter les politiques pertinentes. En outre, les gouvernements doivent répondre à des incohérences juridiques relatives à l’utilisation et la planification des terres, et s’efforcer de promouvoir la coordination entre les organismes afin d’améliorer la mise en œuvre de la REDD +.

Lisez une « Question et Reponse »  avec le député britannique Gardiner Barry, l’orateur principal de cette session.

Les systèmes nationaux de surveillance des forêts pour la REDD +

Cette session a proposé que les fonctions de systèmes nationaux de surveillance des forêts (National Forest Monitoring Systems ou NFMS) de la REDD + aillent  au-delà de l’estimation des émissions et absorptions de GES par les forêts ; ils devraient être mis en place afin d’inclure de multiples secteurs et acteurs locaux qui souhaitent s’engager dans la REDD +. Les NFMS doivent être pertinents pour la mise en œuvre de politiques nationales – si les systèmes peuvent inclure les enjeux socio-economiques, il est probable que les pays puissent acquérir une meilleure compréhension des causes de la déforestation et de la façon de les aborder. Les capacités nationales pour surveiller les forêts sont variables et là où il y a des manques de capacités, ils doivent être combler grâce à une approche par étapes. Un bon fonctionnement institutionnel au niveau national est l’un des principaux défis dans le développement des NFMS.

Les facteurs de la déforestation: Examiner les différences régionales et de nouveaux systèmes

Les orateurs de cette session ont examiné les facteurs actuels et futurs de la déforestation. Doug Boucher a souligné qu’on doit être attentifs aux facteurs émergents, car ils sont dynamiques et en évolution rapide. Meine Van Noordvijk du Centre mondial de l’agroforesterie a dit que les facteurs sont plus importants que les taux de déforestation – parce que nous avons « besoin de connaître la direction du bus et pas seulement sa vitesse ». Il a également discuté des définitions contradictoires de ce qui compte en tant que forêt. Les membres de l’auditoire ont discuté entre eux d’importantes questions concernant les facteurs. Certains sujets soulevés étaient la demande des facteurs et la consommation durable, l’utilisation de processus participatifs pour identifier les conducteurs, et « pas toutes déforestation est mauvaise ».

La restauration des paysages forestiers: Améliorer bien plus que les stocks de carbone

Les conférenciers de cette session ont noté que plus de 2 milliards d’hectares de terres avaient le potentiel pour se soumettre à la restauration des paysages forestiers (RPF). Deux grands mythes doivent être surmontés, ont ils dit : que la RPF coûte trop cher et qu’elle prenne trop de temps. Le ‘Bonn Challenge’ (Défi de Bonn) prévoit la restauration de 150 millions d’hectares de forêts dégradées d’ici 2020 et il est estimé que la réalisation de cet objectif va générer près de 80 milliards de dollars par année en revenu supplémentaire pour les communautés vivant dans et autour des forêts. La campagne ‘Plant a Pledge’ (Planter un Engagement) de l’UICN, dont le but est de restaurer 150 millions d’hectares, a commencé plus tôt cette année et vise à soutenir le Bonn Challenge. L’aspect des droits humains de la RPF a également été souligné, étant donné que tant de personnes dépendent des forêts pour la nourriture, les moyens de subsistance et le logement. Au cours du dialogue qui s’en est suivi, les conférenciers et panélistes ont discuté comment intensifier les efforts de la RPF. Il a été noté qu’il existe un grand nombre de données disponibles au niveau macro, mais il y a un besoin de plus d’informations au niveau national, par conséquent, les projets REDD + peuvent et doivent chercher à générer de l’information nationale sur les possibilités de la RPF.

Visionnez une entrevue avec Bianca Jagger, ambassadrice de la campagne Plant a Pledge.

Les mangroves sous pression: Les zones humides oubliées dans le climat en changement

Cette section sera mise à jour avec les principales conclusions du rapporteur du Forum de Discussion.

Il y a un manque de conscience sur l’importance des mangroves et leur protection, les mangroves étant un élément crucial des efforts d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets. De nouvelles recherches montrent que les mangroves stockent exceptionnellement plus de carbone que les forêts tropicales. Cependant, un déclin de 30% à 50% des mangroves au cours du dernier demi-siècle a suscité des craintes qu’elles puissent avoir disparu dans 100 ans. Cette session a exploré le rôle que les mangroves jouent dans la lutte contre le changement climatique, leur état actuel et les programmes de restauration réussis.

Financer la REDD +: Combler le trou

En dépit de considérables incertitudes politiques et réglementaires, y compris l’architecture d’un accord sur le climat à long terme et le rôle de la REDD + dans ce cadre, il y a beaucoup qui peut et doit être fait maintenant pour protéger les forêts et les objectifs de la REDD +. Ce qui se passe entre aujourd’hui et 2020 sera formateur pour l’agenda de la protection des forêts. Des progrès significatifs partant de là où nous sommes aujourd’hui nécéssitera beaucoup plus que des promesses rapidement émises : le financement de la REDD + doit être adéquat et prévisible, et même si des progrès conceptuels ont été réalisés, la volonté et la flexibilité politique sont nécessaires dans l’application des financements disponibles. De fortes et crédibles garanties environnementales et sociales jouent un rôle clé dans l’encouragement des investisseurs, qui ne souhaitent pas prendre de risques et qui se sont retenus jusqu’à maintenant. La finance durable des forêts et de la gestion forestière doit être considérée comme un tout, et la REDD + doit être considérée dans ce contexte plus large et dans une perspective à long terme.

Vers un consensus sur les émissions de carbone dues à la déforestation tropicale

Cette section sera mise à jour avec les principales conclusions du rapporteur du Forum de Discussion.

Les participants de ce Forum de Discussion ont discuté sur les méthodologies, données et technologies nécessaires pour aider les autres chercheurs et les gouvernements à mieux comprendre les émissions dues à la déforestation, à la dégradation et à d’autres types d’utilisation des terres. Les discussions ont porté sur le contexte politique et les implications de la REDD +, raison d’être et approche de la collaboration, les résultats de recherche, et la nécessité d’avancées futures de la recherche dans le domaine.

La REDD +, la biodiversité et les hommes : opportunités et risques

Les membres du Panel mondial des forêts sur le biodiversité, la gestion des forêts et la REDD + ont présenté sept principales conclusions du nouveau rapport montrant un lien étroit entre la biodiversité et le carbone. Le rapport couvre également un large éventail d’enjeux qui doivent être abordés dans la REDD + (telle que la nécessité d’inclure tôt les objectifs socio-économiques dans la planification et la mise en œuvre de la REDD + et l’importance d’une approche de gestion intégrée du paysage afin de concilier les considérations environnementales, sociales et économiques relatives à la REDD +).

Les intervenants ont souligné que l’étude fait appelle à des politiques cohérentes aux niveaux international, national et infranational, qui prennent en compte les structures de gouvernance locale. Les intervenants ont également souligné l’importance de faire avancer immédiatement la mise en œuvre de la REDD + et d’apprendre par la pratique, plutôt que de se tenir hors de l’action tout en essayant de trouver l’idéal.

Voici une session de « Questions et Responses » avec les auteurs du rapport ici.

SESSION DE HAUT NIVEAU

Les orateurs de la session de haut niveau, qui étaient des membres d’institutions internationales ou d’agences gouvernementales, ont expliqué comment ils avaient commencé à intégrer un grand nombre de leurs départements afin de relever les défis du développement durable et des paysages dans leur ensemble. Tous les participants ont souligné la nécessité d’une coopération intersectorielle pour mettre fin aux cloisonnements qui ont empêché une politique efficace dans le passé et pour mieux intégrer les secteurs (et pas seulement l’agriculture et la sylviculture, mais aussi la finance et la planification), dans le but d’adopter une approche multi-paysage au développement. La REDD + a été perçue comme une nouvelle occasion de discuter sur une approche intersectorielle, afin d’aligner les impératifs du développement et de la réduction de la pauvreté, tout en préservant les paysages et en réduisant les émissions. Les finances, les améliorations dans l’éducation et dans le partage d’information au niveau national et local, ainsi que le développement de nouvelles technologies / techniques pour accroître la productivité, ont été cités comme des solutions potentielles aux nouveaux défis d’operer à travers des paysages.

PLÉNIÈRE DE CLÔTURE

Peter Holmgren a fait un tour d’horizon des discussions qui ont eu lieu tout au long de la journée. Une vidéo commémorative a été montrée, retraçant l’histoire de Forest Day depuis ses débuts en Bali à nos jours. Tony La Viña a donné aux participants une mise à jour de l’état actuel des négociations sur la REDD + et de ses projections pour la seconde moitié de la semaine. Jane McAlpine a parlé de l’impact de l’Année internationale des forêts sur le rehaussement du profil des forêts d’une manière positive, et a souligné quelques-unes des idées entrepreneuriales et des solutions créatives à de nombreux défis auxquels font face les forêts par les populations locales sur le terrain. Tony Simons a parlé de l’histoire de Forest Day, avec un regard vers la façon dont une « approche paysagère intelligente face au climat » est nécessaire pour faire face aux défis futurs liés à l’agriculture, les forêts et le changement climatique. Peter Holmgren a conclu le dernier évènement de Forest Day à la CdP de la CCNUCC en exprimant ses remerciements à toutes les parties prenantes, les partenaires et les participants qui ont fait de Forest Day un grand succès au cours des six dernières années.

Pour voir des vidéos du Forest Day, y compris des entrevues avec des intervenants aux marges de l’événement, visitez notre chaîne YouTube.

Pour plus d’informations du CIFOR sur COP18 et Forest Day 6, cliquez ici.

 

Copyright policy:
We want you to share Forests News content, which is licensed under Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International (CC BY-NC-SA 4.0). This means you are free to redistribute our material for non-commercial purposes. All we ask is that you give Forests News appropriate credit and link to the original Forests News content, indicate if changes were made, and distribute your contributions under the same Creative Commons license. You must notify Forests News if you repost, reprint or reuse our materials by contacting forestsnews@cifor-icraf.org.