Comment les communautés locales du nord du Cameroun restaurent leurs terres

Les communautés et les autorités locales du village de Gambour, prêtes à lutter contre la désertification
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Une femme du village de Gambour tenant une jeune plante. Photo de Colette Maba / CIFOR-ICRAF.

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Dans les régions septentrionales du Cameroun, où le climat se caractérise par de longues saisons sèches et de faibles précipitations, les communautés sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. Privées de pluie, brûlées par une chaleur incessante et combinées à des températures en hausse, les terres sont confrontées à une intensification de la sécheresse, à la dégradation des sols et à une réduction de la disponibilité de l’eau.

« Cette année, nous avons connu une saison sèche d’une sévérité historique », explique Kabirou Mohammadou, chercheur en changement climatique pour le projet Adaptation au changement climatique (INNOVACC). « Elle a été si sévère que le ministre de la santé publique a dû publier un communiqué de presse soulignant quelques points clés pour la survie pendant cette période. »

Au fur et à mesure que les températures grimpent et que la pluie se retire, les sols autrefois fertiles se dégradent en poussière et les sources d’eau disparaissent, rendant les communautés du Nord de plus en plus vulnérables. Les rendements agricoles diminuent. La sécurité alimentaire vacille. Et comme plus de 95 % des ménages dépendent du bois de chauffage pour la cuisine, les quelques arbres survivants sont gravement menacés.

Pour faire face à ces problèmes, le projet INNOVACC a été lancé en 2022 et travaille avec les communautés des régions du Nord et de l’Extrême-Nord pour améliorer leur résilience au changement climatique. Le projet promeut des pratiques durables pour restaurer les paysages dégradés et améliorer l’accès à des ressources énergétiques plus efficaces nécessaires au développement économique des ménages ruraux.

Un accent sur les pépinières communautaires et les villages climato-intelligents !

Les pépinières communautaires établies dans six sites pilotes, appelés « villages climato-intelligents », sont au cœur du projet : Tollore, Pintchoumba, Bamé et Bang dans la région Nord, et Gambour et Gambour dans l’Extrême-Nord. Ces pépinières sont axées sur l’agroforesterie et la gestion durable des ressources ligneuses, deux éléments essentiels pour s’adapter aux conditions environnementales de la région.

Les pépinières communautaires jouent un rôle clé dans la lutte contre la désertification, en servant de mesures de résilience tangibles pour l’atténuation de la sécheresse et la restauration des terres. Pour mieux reconnaître l’importance des pépinières locales, un événement a été organisé à la fin du mois de juin pour marquer la Journée internationale de la désertification. À Gambour, l’un des villages climato-intelligents, l’engagement de la communauté à entretenir sa pépinière a donné l’occasion de faire participer activement tout le monde – hommes, femmes et jeunes – à des discussions sur l’agroforesterie et la gestion durable des ressources en bois-énergie.

« Nous voulions sensibiliser la population aux défis de la sécheresse et de la dégradation des sols », explique Colette Maba, chercheure au sein du projet INNOVACC. « Et surtout, nous voulions explorer des solutions, en mettant l’accent sur le rôle des arbres dans l’adaptation au changement climatique ».

L’événement a donné lieu à des discussions sur les avantages de l’agroforesterie pour la biodiversité, la qualité des sols et la sécurité alimentaire, ainsi que son impact sur les températures locales, les conditions de sécheresse et la disponibilité du bois pour la cuisine. Les membres de la communauté ont appris la valeur médicinale de certaines espèces d’arbres produites dans les pépinières communautaires. Ils ont également participé à des sessions de formation sur l’enrobage biologique des semences animées par Braï Pierre, le responsable de l’équipe des pépinières villageoises.

Un responsable anime une session de formation sur l’enrobage biologique des semences à Gambour, au Cameroun. Photo de Colette Maba / CIFOR-ICRAF.

Planter des arbres, Faire grandir la résilience !

La journée s’est achevée par la présentation des réalisations de la pépinière locale et la distribution de 15 700 plants. Dix espèces de plants ont été remises aux ménages pour soutenir les efforts de reboisement dans les zones locales, notamment les routes principales, le marché et la forêt sacrée du village voisin.

« Tous les membres ont compris l’importance des arbres », déclare Pauline Kobe, employée de la pépinière. « C’est pourquoi nous avons travaillé dur pour assurer le succès de ces pépinières.

Des femmes participant à la formation et à la distribution de plants d’arbres. Photo de CIFOR-ICRAF.

« Nous connaissons tous l’importance des arbres dans notre vie », déclare Pierre. « Ils nous aident à lutter contre la sécheresse et à réduire l’impact du vent. Les arbres sont un atout pour notre communauté.

« En fait, ici, il y a un dicton populaire qui dit ceci : Si tu n’as pas planté d’arbre, tu as vécu en vain », ajoute Pierre.

 

La restauration des zones arides au Cameroun est un processus long et complexe qui nécessite l’engagement de tous les acteurs. En partenariat avec les autorités, les communautés locales jouent un rôle essentiel dans ce processus. Les résultats obtenus jusqu’à présent sont encourageants, notamment la forte mobilisation des populations locales, démontrant que la restauration des écosystèmes est possible, à condition de mettre en œuvre des politiques cohérentes et de mobiliser les efforts collectifs.


Remerciements

Cette recherche a été soutenue par le projet Innovation pour l’adaptation au changement climatique (INNOVACC), financé par l’Union européenne. Ce projet est mis en œuvre par un consortium d’institutions de recherche nationales et internationales, à savoir le Centre pour la recherche forestière internationale et l’agroforesterie mondiale (CIFOR-ICRAF), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) et la Fondation Energies pour le Monde (FONDEM).

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