Comment préserver la biodiversité des forêts et les moyens de subsistance des communautés

Une étude conjointe de la FAO et du CIFOR étudie l’intégration de la biodiversité dans les politiques publiques, stratégies et pratiques
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Le chercheur François Bapeamoni examine un martin-pêcheur pygmé africain (Ispidina picta) dans la réserve forestière de Yoko, Kisangani, République Démocratique du Congo. Photo par Ollivier Girard/CIFOR

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Les experts affirment que la perte de la biodiversité des forêts peut être stoppée sans pour autant compromettre les moyens de subsistance des personnes qui en dépendent, à condition que des actions soient menées pour enrayer et inverser la déforestation, lutter contre les activités forestières illégales et non réglementées ainsi que pour empêcher la conversion des forêts naturelles en plantations d’arbres.

Lors de la 26ème session du Comité des forêts (COFO26), les orateurs ont appelé à agir collectivement en faveur de la reconnaissance des droits fonciers et forestiers des Peuples autochtones et des communautés locales, insistant sur l’efficacité de cette stratégie pour lutter contre les activités forestières illégales, notamment dans les zones où les communautés locales sont de facto en charge de la gestion de la forêt.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) ont publié une étude approfondie sur l’intégration des questions de la biodiversité dans le secteur de la foresterie, passant en revue les bonnes pratiques et les solutions capables de garantir un juste équilibre entre conservation et utilisation durable de la biodiversité forestière.

« Nous constatons une hausse de la demande en bois, et nous devons absolument réussir à y répondre tout en préservant nos forêts qui abritent la grande majorité de la biodiversité terrestre », a déclaré Robert Nasi, Directeur général du CIFOR. « Il est possible d’y parvenir à l’aide d’un cadre juridique approprié ainsi qu’avec la participation des communautés autochtones dont les moyens de subsistance dépendent des forêts. »

Il a par ailleurs souligné l’importance de la biodiversité dans les forêts non protégées et a expliqué que « les forêts correctement gérées peuvent favoriser la biodiversité tout en générant des revenus. »

L’étude publiée en marge de la COFO26 intitulée « Mainstreaming biodiversity in forestry » est le fruit d’une initiative prise lors de la Conférence virtuelle sur la biodiversité « One World – One Health » organisée par le Forum mondial des paysages (GLF) le 28 octobre 2020 grâce aux efforts conjoints des membres du programme de recherche sur les forêts, les arbres et l’agroforesterie (FTA) du CGIAR ainsi que de la FAO. Elle passe en revue le processus d’intégration ou de « popularisation » des questions de la biodiversité dans les politiques publiques, les stratégies et les pratiques des principaux acteurs du secteur public et privé afin de promouvoir la conservation et l’utilisation durable des ressources naturelles.

Vincent Gitz, Directeur des plateformes et programmes du CIFOR-ICRAF et ancien Directeur du programme sur les FTA, a déclaré qu’il est crucial de développer et partager les connaissances liées à la biodiversité forestière afin de lutter contre les menaces auxquelles elle est confrontée.

« L’intégration de la biodiversité dans la gestion des forêts nécessite des connaissances de base supplémentaires en matière de gestion, notamment sur les techniques d’évaluation des impacts. Les personnes qui dépendent des forêts doivent être sensibilisées sur l’importance de la biodiversité, l’impact de leurs activités sur la biodiversité ainsi que sur les mesures et les connaissances qu’elles peuvent appliquer pour préserver la biodiversité forestière », a exhorté Vincent Gitz.

L’étude confirme que la déforestation est le principal facteur de perte de la biodiversité dans le monde avec chaque année environ 10 millions d’hectares de forêt déboisés pour convertir les terres à d’autres usages, principalement l’agriculture.

L’étude a également analysé les autres menaces qui pèsent sur les forêts et la biodiversité, notamment les perturbations qui n’engendrent pas nécessairement de déforestation mais qui ont néanmoins un impact dévastateur sur la santé et la vitalité des forêts ainsi que sur leur capacité à fournir l’ensemble de leurs ressources et services écosystémiques.

« Par exemple en 2015, les insectes, les maladies et les événements météorologiques extrêmes ont endommagé environ 40 millions d’hectares de forêts. Plus de 98 millions d’hectares supplémentaires ont été endommagés par des feux de forêt en 2015, principalement dans les tropiques », recense l’étude.

La complexité et le manque d’harmonisation des systèmes juridiques et réglementaires, y compris de ceux dont les rôles institutionnels sont imprécis voire contradictoires, peuvent contribuer, entre autres, à la prévalence des activités illégales. La corruption élevée et le manque d’application de la loi ont également engendré une hausse de l’utilisation illégale des forêts et une perturbation de la biodiversité.

L’étude s’est principalement attachée à expliquer comment donner la priorité aux politiques, plans, programmes, projets et investissements forestiers qui ont un impact positif sur la biodiversité au niveau écosystémique et génétique ainsi qu’au niveau des espèces. Elle a également eu pour objectif de déterminer comment intégrer les problématiques liées à la biodiversité dans la gestion et les pratiques forestières du quotidien.

Des études de cas ont été menées dans huit pays : la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, la Finlande, le Japon, la Malaisie, le Mexique, le Pérou et le Royaume-Uni. Elles ont permis d’identifier les facteurs de réussite et d’évaluer les progrès réalisés en matière d’intégration des questions de biodiversité dans le secteur forestier en fonction du contexte national.

Thomas Hofer, Responsable principal en charge des forêts à la FAO, a indiqué que le rythme auquel les forêts sont détruites incite à trouver le bon équilibre entre objectifs de conservation et satisfaction des besoins des communautés concernées.

« Nous espérons que la richesse des informations et des recommandations fournies dans cette étude insufflera la volonté d’agir chez les personnes impliquées dans la gestion et la conservation des forêts. La diffusion de cette publication marque le début, et non la fin, de la gestion de la biodiversité forestière », a conclu Thomas Hofer.

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