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L’initiative durable des sols s’amplifie à la COP15 sur la désertification des terres et la sécheresse

La coalition d’action pour la santé des sols prend forme
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Cultures à Luwingu, Zambie. CIFOR/Joe Nkadaani

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La santé des sols est cruciale pour traiter les problèmes liés au changement climatique, aux défis environnementaux, au renforcement de la résilience, à l’amélioration de la sécurité alimentaire et à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies  en matière d’eau, de santé humaine et économique. Cependant, chaque année, la dégradation s’accroit davantage.

« Nous ne pouvons pas continuer comme cela sans rien faire », a déclaré Leigh Winowiecki, qui dirige la recherche sur la santé des sols et des terres au Centre International de recherche forestière et au Centre International de Recherche en agroforesterie (CIFOR-ICRAF), s’adressant aux délégués lors du sommet de la COP15 des Nations Unies sur la désertification des terres et la sécheresse à Abidjan.

Winowiecki co-dirige la coalition d’action pour la santé des sols (CA4SH) lancée récemment avec Le lauréat du Prix mondial de l’alimentation Rattan Lal, professeur distingué de science du sol à Ohio State University (OSU) et Kelly Witkowski de l’Institut inter-américain de coopération pour l’agriculture (IICA) basé au Costa Rica.

La coalition, qui comprend des agriculteurs, des organisations non gouvernementales, des détenteurs de droits fonciers, des chercheurs, des parties prenantes multisectorielles et d’autres défenseurs de la gestion durable des sols des secteurs privé et public, plaidera en faveur d’une action multipartite pour faciliter l’adoption et la mise à l’échelle d’un mécanisme et d’une démarche globale pour aborder la santé des sols à l’échelle mondiale.

Surmonter les défis majeurs auxquels sont actuellement confrontés les petits exploitants agricoles est un élément central de l’initiative.

Sur la scène internationale, l’Australie se distingue comme l’un des rares pays ayant une politique de santé des sols, a déclaré Winowiecki. La stratégie sur 10 ans lancée l’an dernier reconnaît et valorise le sol comme un bien national clé digne d’une gestion durable et à sécuriser pour le bénéfice de l’environnement, l’économie, l’alimentation, les infrastructures, la santé, la biodiversité et les communautés.

« C’est vraiment une réalisation révolutionnaire parce que ce n’est pas une politique agricole. Ce n’est pas une politique agroforestière. Ce n’est pas une politique sur les pâturages. C’est la santé des sols, dans toutes les utilisations des terres et c’est la restauration des écosystèmes », a-t-elle déclaré.

Les points forts du sommet organisé par la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et la sécheresse (UNCCD), l’un des trois traités mondiaux adoptés au Sommet de la Terre de Rio en 1992, comprenaient des accords visant à accélérer la restauration de 1 milliard d’hectares de terres dégradées d’ici 2030.

Le plan comprend l’amélioration de la collecte de données et du suivi des progrès par rapport à la réalisation des engagements en matière de restauration des terres, le renforcement de la résilience à la sécheresse, la création d’un groupe de travail intergouvernemental sur la sécheresse pour étudier les options possibles, y compris les instruments de politique mondiale et les cadres de politique régionale, pour soutenir le passage d’une gestion réactive à une gestion proactive de la sécheresse.

Les délégués se sont également engagés à lutter contre la migration forcée et les déplacements causés par la désertification et la dégradation des terres en créant des opportunités pour accroître la résilience rurale et la stabilité des moyens de subsistance, et en mobilisant des ressources pour des projets de restauration des terres.

Ils ont convenu d’améliorer la participation des femmes à la gestion des terres en tant qu’un élément essentiel d’une restauration efficace des terres, en s’attaquant aux problèmes de droits fonciers des personnes en situation de vulnérabilité et en recueillant des données par genre sur les impacts de la désertification, de la dégradation des terres et de la sécheresse.

« Ce sont toutes des recommandations très importantes, nous considérons l’amélioration de la santé des sols comme essentielle à leurs réalisations et espérons que la prochaine COP reconnaîtra la santé des sols comme le facteur unificateur de toute initiative de restauration des terres », a déclaré Winowiecki.

Une attention particulière sur les sols devrait conduire à des flux financiers, afin de garantir l’objectif de s’attaquer aux obstacles à la mise en œuvre : incitations financières pour les agriculteurs ; la surveillance des obstacles ; et ensuite encourager davantage de pays à prendre les devants, ou à suivre l’exemple de l’Australie et de l’Union européenne, qui ont également publié une stratégie sur les sols.

Bon nombre des nutriments importants contenus dans les aliments ne sont disponibles que parce qu’ils proviennent du sol, de sorte que lorsque le sol est géré uniquement avec la mesure du rendement, les risques pour la santé humaine et environnementale augmentent.

« Souvent, nous ne faisons pas le lien que ces nutriments proviennent réellement du sol », a déclaré Winowiecki. « S’il n’est pas disponible dans le sol, alors les bananes ne seront plus riches en potassium, par exemple. Il est donc essentiel d’établir ce lien entre un sol sain et des aliments nutritifs, mais nous devons également adopter une approche systémique globale. Le mantra du Dr Lal est résumé ainsi : un sol sain est égal à une alimentation saine qui est égale à une personne en bonne santé et est égale à une planète saine.

En 2022, en plus de la COP15, les principaux efforts de CA4SH comprennent la sensibilisation lors d’autres événements internationaux, tels que le Forum mondial pour l’alimentation et l’agriculture à Berlin, le Forum mondial des sols vivants à Arles-en-Provence, en France, et le prochain sommet des Nations Unies sur le climat COP27 dans la ville égyptienne de Sharm el-Sheikh.

L’initiative soutient également les pays ayant une déclaration sur la santé des sols reconnaissant le rôle central des sols sains pour les trois conventions de Rio qui, en plus de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et la sécheresse, comprennent la Convention sur la diversité biologique et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Tous préconisent des activités de soutien à l’adaptation au changement climatique.

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