DURBAN, Afrique du Sud (15 décembre 2011) – Le ministre norvégien de l’environnement et du développement international a déclaré que la REDD+ était jusqu’à présent le plus grand succès des négociations internationales sur le changement climatique, mais il a également appelé les pays à être « plus audacieux » dans leurs efforts de réduction des émissions et de ralentissement du réchauffement planétaire.
« Parmi les principaux enseignements tirés, […] (la réduction de la déforestation) n’est réaliste que si les gouvernements des nations en développement en prennent les commandes et que les paiements sont axés sur les résultats », a déclaré le ministre Erik Solheim en marge du sommet de l’ONU sur le climat, à Durban (Afrique du Sud). « Ce sont les gouvernements qui tiennent les rênes. Le secteur privé doit naturellement être associé, mais sans les gouvernements, il ne se passera rien. »
La Norvège a promis jusqu’à 2,8 milliards de dollars américains de financements bilatéraux et multilatéraux au titre de la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+), indique un rapport publié en novembre 2011 par l’Overseas Development Institute (ODI) et la Heinrich Boll Stiftung. Outre ses contributions à des fonds multilatéraux tels que le Fonds de partenariat pour le carbone forestier, le pays s’est également engagé dans des financements bilatéraux, notamment au Brésil, en Indonésie et au Guyana.
Erik Solheim, seul ministre en charge d’un maroquin associant l’environnement au développement international, a appelé les gouvernements des pays développés à « renforcer leur capacité à prendre des risques et à être plus audacieux » dans la conception de stratégies de développement. Il a expliqué qu’à son avis, la nouvelle manière de procéder en matière d’aide extérieure consiste à mettre aux commandes les gouvernements des pays en développement et à leur octroyer les fonds en fonction des résultats, en intervenant au minimum sur la manière dont ils les dépensent.
Toutefois, cette nouvelle approche fait l’objet de critiques. Le Guyana, par exemple, envisage de consacrer une partie du financement pour le climat accordé par la Norvège à la construction un barrage hydroélectrique de 165 mégawatts qui nécessitera la perte de 4 500 hectares de forêts, ce qui provoque un tollé. En réponse, Erik Solheim a objecté que le barrage permettrait à ce pays de supprimer les générateurs alimentés en pétrole, ce qui entraînera une perte nette d’émissions. Tant que les paramètres convenus sont respectés, « c’est au gouvernement du Guyana de décider de la manière de dépenser les fonds », a-t-il ajouté.
« La politique de “non-intervention” peut être bonne et mauvaise », estime Smita Nakhooda, chargée de recherche à l’ODI et coauteur du document de politique intitulé REDD+ Finance Delivery: lessons from early experience. Associée à des investissements dans le développement de cadres institutionnels nationaux, la non-intervention peut favoriser l’émergence d’un programme national solide susceptible de générer des bénéfices sociaux et environnementaux, a-t-elle expliqué. « Ce sera davantage le cas dans certains pays que dans d’autres. »
Depuis 2007, la Norvège a pris la tête de l’aide à la protection des forêts dans les pays en développement, lorsqu’elle a promis de dépenser jusqu’à 3 milliards de couronnes norvégiennes (500 millions de dollars) par an pour la REDD. De tels engagements financiers sont « cruciaux pour permettre aux pays forestiers de mobiliser et maintenir la volonté politique et les capacités nationales relatives aux activités de REDD+ par rapport à d’autres priorités nationales », avance le rapport de l’ODI. Celui-ci recommande par ailleurs que les pays développés « s’engagent à fournir un soutien financier important et pérenne aux pays forestiers qui progressent plus rapidement ».
– Avec la contribution de Michelle Kovacevic
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