DURBAN, Afrique du Sud (9 décembre, 2011)_La communauté des donateurs pourrait faire davantage pression en faveur de l’inclusion des femmes dans les stratégies climatiques, a affirmé un réseau de femmes lors des négociations de l’ONU sur le changement climatique, à Durban.
De nombreuses agences et organisations font preuve d’« indifférence aux sexospécificités », ce qui se traduit par un investissement et un soutien insuffisants pour les programmes en faveur de l’égalité des sexes dans le secteur de la foresterie, par exemple en matière de REDD+.
« Sans la pression des donateurs ou un effort visant à institutionnaliser les sexospécificités dans les programmes, les incitations à entreprendre des programmes en faveur de l’égalité des sexes sont rares. Les donateurs devraient assurer un soutien accru aux programmes qui cherchent à améliorer le rôle des femmes dans la foresterie et la gestion des ressources », a déclaré Jeannette Gurung, la directrice exécutive du réseau Women Organising for Change in Agriculture and Natural Resource Management (WOCAN).
Dans le secteur forestier, le manque de voix féminines fortes au niveau local renforce également l’idée reçue que les hommes dominent ce secteur, a-t-elle expliqué. Les donateurs soutiennent les programmes en faveur de l’égalité des sexes, mais ceux-ci se concentrent en général sur les traditionnels secteurs « doux » de la santé, du social et de l’éducation, au lieu d’encourager le rôle des femmes dans la gestion des ressources naturelles.
L’intégration réussie des sexospécificités dans les cadres politiques sera vitale pour assurer l’inclusion des droits et des besoins des hommes et des femmes dans la conception et la mise en œuvre des stratégies d’atténuation du climat. Bien que certaines agences donatrices disposent de solides politiques de genre à l’échelle nationale, « celles-ci soutiennent rarement les organisations de femmes locales » avance Jeannette Gurung. Il est donc nécessaire de veiller à ce que l’égalité des sexes dépasse la rhétorique pour une mise en œuvre effective des politiques.
« Les donateurs devront analyser leurs structures, processus et cultures organisationnelles internes qui renforcent les inégalités de genre, afin d’identifier les lacunes devant être comblées. Des changements internes exigeant de l’attention et une allocation de ressources aux questions de genre dans le secteur forestier sont également nécessaires, en particulier pour les programmes de REDD », a-t-elle ajouté.
Ces questions sont symptomatiques des problèmes plus généraux liés à l’intégration des sexospécificités dans les programmes de développement, comme l’a souligné un rapport de la Banque africaine de développement publié en mai 2011.
Ce rapport indique que les organisations donatrices ont échoué à « mettre en place les ressources et les systèmes organisationnels nécessaires pour que les questions de genre deviennent l’affaire de tous ». Cela inclut les ressources nécessaires pour embaucher des spécialistes du genre, améliorer la coordination entre les organisations et assurer le suivi efficace des programmes en faveur de l’égalité des sexes. Une autre raison à cet échec, poursuit le rapport, est la « lassitude relative au nombre toujours croissant de priorités […] les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), l’efficacité de l’aide et les programmes de gouvernance ont empêché l’intégration des sexospécificités ».
Des enseignements doivent être tirés si l’on veut inclure les droits et les intérêts des femmes dans les stratégies et les propositions de réduction des émissions liées à la déforestation et la dégradation des forêts (REDD). Les femmes dépendent davantage des ressources forestières pour la majeure partie de leur alimentation, de leurs combustibles et de leurs moyens de subsistance, et donc plus susceptibles de jouer un rôle actif dans la protection des forêts.
« Les études montrent de plus en plus que lorsque les femmes participent à la gestion des forêts, elles ont un effet positif sur la gestion durable de celle-ci », estime Esther Mwangi, chercheuse au CIFOR et spécialiste des questions de genre. « Si elles sont associées aux décisions prises en matière de REDD+, notamment à une partie des bénéfices de la REDD+, il est logique qu’elles se sentent incitées à protéger les ressources forestières. »
Nombre d’organisations, telles que WOCAN, GenderCC, l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) et le CIFOR, travaillent pour veiller à ce que les droits des femmes d’accéder aux ressources foncières et forestières soient reconnus dans les stratégies de REDD+. Elles appellent également à un effet de levier politique accru afin de permettre aux femmes d’influencer les décisions politiques et les discussions relatives à la REDD+.
« Même lorsque des accords internationaux sont en place, ou que l’égalité des sexes est inscrite dans la législation nationale, il ne faut pas s’arrêter là. Les gouvernements et les agences donatrices doivent s’approprier et rechercher des manières de mettre en œuvre leurs engagements face à un éventail de priorités concurrentielles. De bons exemples existent en la matière. Les récentes réformes du système des centres de recherche du Groupe consultatif favorisent encore plus la recherche sur les questions de genre dans la gestion des ressources naturelles par les donateurs et la communauté de développement dans son ensemble », conclut Esther Mwangi.
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