Le cacao est la principale source de revenus dans le sud du Cameroun, où il représente 48% de l’utilisation totale des terres agricoles. Dans cette région et dans d’autres régions tropicales, la manière dont les agro-forêts de cacao sont gérées dépend énormément des moyens de subsistance – mais aussi du climat.
Les agro-forêts de cacao varient considérablement en termes de composition et de structure des arbres, mais, jusqu’à récemment, peu d’études avaient été menées pour comprendre l’impact de ces différences sur les stocks de carbone. En attendant, les pratiques irresponsables de gestion des terres n’avaient pas comme seul effet que les plantations de cacao échouent à contribuer aux objectifs de réduction des émissions des pays, mais elles provoquaient également une dégradation massive des forêts dans des pays tels que la Côte d’Ivoire et le Ghana, responsables à eux seuls des deux tiers de la production mondiale de cacao. La ‘ceinture de cacao’ devenait de plus en plus sujette à la déforestation et à la sécheresse, et les paysages de plants de cacao d’autres pays à forte production d’Asie et d’Amérique latine suivaient ses traces.
Lorsque la COP21 de la CCNUCC à Paris a vu les fabricants de chocolat commencer à prendre des engagements liés à la déforestation, un revirement a commencé à s’opérer dans les pratiques de l’industrie. Il est ainsi également devenu impératif pour les scientifiques de générer des connaissances pour aider les changements attendus à transformer les paysages de forêt de cacao de la manière la plus bénéfique.
En réponse, le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) et les organisations partenaires ont présenté les stocks de carbone des agro-forêts de cacao dans trois zones écologiques du Cameroun méridional (Yaoundé, Mbalmayo et Ebolowa) et ont identifié les types de plantes et de systèmes de gestion optimaux pour accélérer le stockage du carbone.
« Ces connaissances sont importantes pour mettre en œuvre les contributions nationales (NDC) au programme climatique mondial et ses mesures pour réduire les émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+) en promouvant des chaînes de valeur de cacao durables », déclare l’auteur principal et chercheur principal du CIFOR, Denis Sonwa.
Depuis Paris, les plus grandes entreprises de chocolat – Mars, Nestlé et Ferrero, pour n’en citer que quelques-uns – se sont regroupées dans une série d’accords, passant de l’accord signé par le Prince de Galles à des ‘cadres d’action’ sectoriels à la COP23 à Bonn. L’objectif est de voir leur industrie atteindre un niveau de déforestation nul et d’améliorer les moyens de subsistance locaux, et cette recherche est une étape cruciale du processus.