Transcription du discours du directeur général du CIFOR Peter Holmgren lors du Forum mondial sur les paysages les à Lima (6-7 décembre 2014):
C’est incroyable de constater l’intérêt et les contributions de tant de partenaires à ce forum. Nous devons sérieusement réfléchir à la manière dont nous pouvons valoriser cela.
Je pourrais commencer en disant que cette année, nous devons vraiment nous concentrer sur le «comment». L’année dernière était plutôt consacrée au «quoi». De quoi s’agit-il? Pourquoi sommes nous ici? Pourquoi devrions nous commencer à travailler ensemble?
Nous nous sommes dit qu’il s’agissait d’une bonne idée, mais nous devons maintenant creuser et comprendre ce qu’est le «comment». Et pourquoi, pour commencer, nous croyons à l’approche paysagère? Je pense que la réponse est simplement que chacun d’entre nous est d’accord – et si quelqu’un ne l’est pas, levez la main s’il vous plaît – pour dire que nous avons besoin de paysages en bonne santé pour répondre à la fois aux défis climatiques et à tous les aspects du développement durable.
Nous parlons là d’une grande partie des solutions, et je vous mets au défi aujourd’hui de penser grand. Pensez large. C’est la planète, ce sont tous les paysages. C’est le meilleur forum pour débattre de la manière dont nous pouvons trouver ces solutions intégrées. Nous devons voir une avancée. Nous ne devons pas nous contenter d’études de cas individuelles ou d’approches fragmentées. Et je vous défie de faire cela lors du forum de cette année.
De plus, bien sûr, Rachel [Kyte] en a souligné l’urgence. Nous devons travailler vite, et nous devons nous engager à aller de l’avant.
Trop longtemps, nous avons été bloqués par des priorités sectorielles. Maintenant, nous avons la chance de pouvoir changer cela – via la foresterie, l’agriculture, les petits paysans, le secteur des entreprises et de la finance. Il y a beaucoup à faire.
Au CIFOR, bien sûr, nous venons avec une perspective forestière. Nous voyons les nombreuses contributions que le secteur forestier peut apporter aux différents programmes. Nous avons toujours travaillé au-delà des secteurs et considéré les forêts dans leur contexte. Et cela nous a naturellement amenés vers la pensée paysagère. L’idée ici est que le fait de travailler ensemble au niveau des paysages renforce la foresterie. Parfois, nous entendons les oppositions de critiques, mais je pense que nous devrions tous adopter cette perspective. Quel que soit le secteur que l’on représente, l’approche paysagère renforce nos projets.
Travailler ensemble au niveau des paysages renforce la foresterie
J’aimerais aborder trois points. Le premier est lié aux droits de l’homme et à la sécurité. Ce sont les pré-requis de l’approche paysagère. Les paysages sont essentiels pour négocier les priorités et trouver des actions intégrées. Mais suggérer ce type d’approche pour promouvoir ces priorités ne sert pas à grand chose si les acteurs des paysages continuent à mourir en se battant pour leurs droits.
Ensuite, nous avons aussi l’équité, les questions de santé, la sécurité alimentaire, et les genres qui l’emportent sur les ambitions paysagères. Il y faut aussi avoir un point de vue élargi sur l’ordre du jour.
Deuxièmement, le financement. Le financement de l’utilisation durable des terres doit évoluer. Beaucoup de priorités pour les paysages vont au-delà des résultats économiques en tant que tels. Mais il est clair que le secteur financier doit faire un pas en avant si nous voulons sérieusement soutenir l’approche paysagère, et si nous voulons sérieusement aller de l’avant. Je suis désolé de le dire, mais le Fonds vert pour le climat ne suffira pas. Il sera très utile, il engagera les politiques, mais il ne sera pas suffisant.
Il est clair que le secteur financier doit faire un pas en avant si nous voulons sérieusement soutenir l’approche paysagère
Nous devons relier des fonds de capitaux importants aux besoins des petits producteurs pour investir dans l’utilisation des terres. Nous devons parler de trillions, pas de billions. Nous devons simplifier. Nous devons préparer le terrain avec des indicateurs de durabilité intelligents, des coûts de transaction plus faibles, et améliorer la gestion des risques. Le financement est un gros défi.
Maintenant, mon troisième et dernier point. Il faut améliorer le partage de connaissances. En science, nous disposons de nombreux articles sur la gestion des paysages. Et, soyons honnêtes, ce n’est pas un concept nouveau. Nous travaillons dessus depuis des dizaines d’années, voire des siècles. Il y a eu beaucoup de travaux réalisés à ce sujet, et il n’y a pas beaucoup d’options pour découper le gâteau. On constate de nombreux succès, mais là encore, de manière très fragmentée. Cela complique la réflexion sur nos avancées.
Au CIFOR cette année, nous avons fait une recherche systématique sur environ 13000 articles, et nous avons trouvé 47 cas où l’approche paysagère est appliquée en pratique. Nous savons qu’il y en a bien plus, mais la connaissance n’est pas suffisamment partagée. Nous devons améliorer cela.
Donc il est urgent d’aller de l’avant. Et que nous parlions des droits, de la finance, ou de la recherche sur les paysages, nous ne devons pas hésiter à penser large – très large. Merci.
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