Itw: La place – et la voix – des enfants dans la planification environnementale

Ayant été demandés de dessiner le présent et l'avenir de leur environnement, les enfants ont montré une connaissance surprenante des fonctions naturelles de leur environnement.
Partager
0

Sujets liés Articles

Detil gambar dari seorang anak yang dilihat dalam studi baru-baru ini di Kalimantan, Indonesia. Lihat gambar lain-lain di sini. Foto @ CIFOR

Détail d’un dessin d’enfant fait dans le cadre d’une étude récente au Kalimantan, en Indonésie. Cliquez ici pour voir un album de dessins. Photo: CIFOR

BOGOR, Indonésie — Une nouvelle étude, menée en partie par le Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR), montre que les enfants qui vivent en Kalimantan, sur l’île de Bornéo, ont généralement une sombre opinion de l’avenir de leurs paysages forestiers.

Quand on leur a demandé de dessiner le présent et l’avenir de leur environnement, les enfants ont montré une connaissance surprenante des fonctions naturelles de leur environnement. Dans l’ensemble, leurs dessins prédisent un paysage largement dépourvu de faune et de zone boisée.

Nouvelles des Forêts s’est récemment entretenu avec Erik Meijaard, un associé du CIFOR et co-auteur de l’étude.

Q: D’un point de vue scientifique, que signifient les perceptions des enfants pour la conservation et la gestion des ressources?

R: Dans la recherche environnementale appliquée, nous voulons déterminer la façon dont nous pouvons changer les interactions entre les humains et leur environnement. Pour ce faire, nous pouvons nous concentrer sur les personnes jeunes, d’un âge moyen ou âgées. Nous avons choisi d’écouter les enfants, car ils sont souvent les principaux initiateurs de tendances au sein des sociétés. Par exemple, les gens ont cessé de fumer dans de nombreux pays non pas parce que les médecins leur ont dit que c’était malsain – ce fait était connu depuis longtemps – mais parce que de plus en plus de jeunes considéraient fumer comme démodé.

«Il existe une bonne base pour améliorer d’une part les programmes d’éducation à l’environnement en Indonésie, d’autre part la prise de décision et la gestion environnementale»

Nous considérons que les enfants sont, plus que les personnes âgées, sensibles à de nouvelles impressions et de nouvelles idées. Et puisque les enfants d’aujourd’hui sont les décideurs de demain, il est important de comprendre ce que les enfants pensent actuellement. Cette compréhension permet de concevoir des messages spécifiques visant les jeunes générations, ce qui pourrait aider à établir de nouvelles tendances sur la façon dont les populations interagissent avec leur milieu naturel.

Q: D’un point de vue politique, comment cette recherche peut-elle affecter les gouvernements et les décideurs?

R: Les enfants ne votent pas, de ce fait il pourrait être facile pour les politiciens d’ignorer leurs opinions. Pourtant, il existe un attrait émotionnel important pour la compréhension de la pensée des enfants et cet aspect émotionnel est plus difficile à ignorer. C’est exactement pour cette raison que les médias utilisent mondialement des images d’enfants -en exemple actuel, il suffit de regarder les images d’enfants blessés pendant la guerre à Gaza. Nous voulons utiliser le fait que les enfants de Kalimantan sont très préoccupés par l’état de leur environnement pour influencer la pensée politique.

Les gouvernements ne peuvent pas continuer à prendre des décisions du haut vers le bas sur l’aménagement du territoire. La plupart du temps, ces décisions sont motivées par des considérations économiques, mais elles ignorent les conséquences sociales et environnementales. Si les enfants se disent en désaccord avec ces choix d’utilisation des terres, nous estimons que ceci représente une bonne opportunité pour influencer la pensée politique.

Q: Avez-vous été surpris de voir à quel point les enfants sont conscients de leur environnement?

R: Oui, très surpris. Nous nous attendions effectivement à un effet plus fort du décalage de la base référentielle, par lequel les enfants perçoivent l’état actuel de leur environnement comme étant l’état «normal». Ceci n’a pas été le cas. Les enfants de Kalimantan ont une compréhension claire des tendances passées, présentes et futures de leur environnement, qui correspondent à nos évaluations indépendantes des changements environnementaux.

En outre, les enfants connaissent en général les relations fonctionnelles entre la couverture terrestre (telle que la forêt par rapport à la non-forêt) et la fourniture de services écosystémiques (tels que le contrôle des inondations et de la température). Une connaissance aussi approfondie de l’environnement indique qu’il existe une bonne base pour améliorer d’une part les programmes d’éducation à l’environnement en Indonésie, d’autre part la prise de décision et la gestion environnementale.

Q: Serait-il utile de reproduire une telle étude ailleurs?

R: Cette étude pourrait être reproduite ailleurs puisque sa méthodologie est simple et facile à expliquer aux jeunes enfants. Notre méthode, qui se base sur le dessin, est un bon moyen pour les jeunes enfants de s’exprimer librement et de capter leurs points de vue.

Parce que c’était considéré comme un exercice amusant, il était également facile de faire coopérer les enfants et les enseignants.

Il serait utile de saisir ce que pensent les enfants de leur environnement dans d’autres régions, à la fois en milieu rural et urbain. Ainsi, nous espérons que d’autres scientifiques appliqueront notre recherche ailleurs.

L’étude, «À travers les yeux d’enfants: perceptions des changements environnementaux à Bornéo», a été publiée dans la revue PLoS ONE en libre accès.

Pour plus d’informations sur les sujets de cette recherche, veuillez contacter Anne-Sophie Pellier sur pellier.annesophie@gmail.com; Erik Meijaard sur emeijaard@gmail.com; ou David Gaveau sur d.gaveau@cgiar.org.

Ce travail s’inscrit dans le cadre du Programme du CGIAR sur les Forêts, les Arbres et l’Agroforesterie, soutenu par le programme de recherche Forêts et Environnement de l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID), ainsi que la Fondation Arcus.

Politique sur le droit d’auteur :
Nous vous autorisons à partager les contenus de Forests News/Nouvelles des forêts, qui font l’objet d’une licence Creative Commons Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Partage dans les mêmes conditions 4.0 International (CC BY-NC-SA 4.0). Vous êtes donc libres de rediffuser nos contenus dans un but non commercial. Tout ce que nous vous demandons est d’indiquer vos sources (Crédit : Forests News ou Nouvelles des forêts) en donnant le lien vers l’article original concerné, de signaler si le texte a été modifié et de diffuser vos contributions avec la même licence Creative Commons. Il vous appartient toutefois d’avertir Forests News/Nouvelles des forêts si vous republiez, réimprimez ou réutilisez nos contenus en contactant forestsnews@cifor-icraf.org.