Note de la rédaction : Une version de cet article a été publiée auparavant par l’Institut International pour l’Environnement et le Développement (IIED), ici.
Depuis les années 1980, les gouvernements, les donateurs et les organisations de conservation et de développement ont dépensé des sommes importantes pour des projets de «moyens de subsistance alternatifs», qui encouragent les personnes à remplacer une activité nuisible pour l’environnement par une activité durable. Toutefois, puisqu’il manque des preuves de l’efficacité de ces projets, une étude systématique des données est en cours – et sollicite des informations.
Des projets de moyens de subsistance alternatifs ont été mis en place dans des contextes variés: en Ouganda pour soutenir la conservation des gorilles et en Afghanistan pour réduire la dépendance des agriculteurs de la culture du pavot. Ils ont encouragé des personnes à cultiver des algues au lieu de pêcher, à utiliser des réchauds économes en carburant comme alternative aux feux traditionnels, ainsi qu’à élever et manger des rats des roseaux pour remplacer la viande de brousse.
Certains développeurs de projets REDD+, qui visent à réduire les émissions de carbone issues de la déforestation et la dégradation des forêts, ont reconnu la nécessité d’assurer que les communautés locales disposent de sources de revenus alternatives avant de mettre en œuvre d’autres aspects du programme, tels que les paiements pour la protection des forêts.
«Si vous n’offrez pas un autre moyen de subsistance durable et viable», a déclaré Erin Sills, associé principal du Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR), en 2011, «alors toute autre intervention va au final juste déplacer ou retarder la déforestation.»
Des résultats variables
Au mieux, les projets de subsistance alternative ont été reconnus comme un moyen de promouvoir la conservation et le développement. Le centre d’écotourisme Missool à Raja Ampat, en Indonésie, est un exemple d’un programme de conservation et d’engagement communautaire. Il emploie environ 120 personnes locales, soutient des écoles et a contribué à la mise en place d’une zone interdite à la pêche et un sanctuaire de requins et raies Manta.
De nombreux autres projets sont controversés. Les praticiens partagent des anecdotes sur des interventions mal planifiées et infructueuses. Bien évidemment, les projets créent souvent des problèmes lorsqu’ils ne tiennent pas compte des besoins socio-économiques des populations dans des zones potentielles de conservation. Par exemple, les communautés tribales déplacées du Parc national de Nagarhole en Inde ont longtemps soutenu que leurs nouveaux moyens de subsistance ne compensaient pas la perte de leurs ressources coutumières.
Où sont les preuves ?
Malgré tout l’argent, les efforts et le temps investis, on peut douter de l’efficacité des initiatives de conservation de la biodiversité et de lutte contre la pauvreté, y compris pour les projets de moyens de subsistance alternatifs. Il existe peu de preuves réelles de ce qui a fonctionné, ou pas, et pourquoi.
Une étude récente se demande pourquoi les preuves de réussite de conservation de la biodiversité et de réduction de la pauvreté sont si limitées. Elle cherche à savoir si c’est l’approche qui fait défaut ou si les preuves correctes ne sont pas réunies pour définir «les mesures appropriées du succès»?
Ce manque de preuves a conduit le Congrès Mondial pour la Conservation de l’UICN à adopter une résolution l’an dernier, faisant appel à un examen critique des bénéfices des projets de moyens de subsistance alternatifs pour la biodiversité.
En conséquence, l’IIED s’est uni avec le CIFOR et la Société Zoologique de Londres afin d’entreprendre un examen systématique des preuves. Un examen de la littérature académique ou grise (matériels publiés de manière informelle tels que les rapports de projet) est en cours pour déterminer s’il existe des preuves que les projets de moyens de subsistance alternatifs réduisent les menaces pour la biodiversité. Les résultats sont attendus cet été.
Pour ajouter à la confusion, ces projets sont décrits de multiples façons : «moyens de subsistance alternatifs», «activités génératrices de revenus», «soutien aux moyens de subsistance», «diversification des moyens de subsistance», «échanges des moyens de subsistance», «options de moyens de subsistance», et ainsi de suite.
Des organismes, tels que Fauna & Flora International, n’utilisent plus le terme «moyens de subsistance alternatifs» et ont adopté des termes tels que «diversification des moyens de subsistance» ou «approche de moyens de subsistance durables», afin d’indiquer une approche plus globale reflétant mieux la complexité de la vie des hommes et des moyens de subsistance.
À la recherche de vos contributions
Pensez-vous que les projets de «moyens de subsistance alternatifs» sont un moyen efficace pour réduire à la fois la pauvreté et préserver la biodiversité? Croyez-vous que les exécutants de projets exagèrent le succès pour satisfaire les bailleurs de fonds? Connaissez-vous un projet de «moyens de subsistance alternatifs» qui a été fructueux (ou pas) dans l’amélioration de l’état de conservation de certains éléments de la biodiversité?
Cela pourrait être, par exemple, un changement du statut de conservation d’une espèce, une réduction (ou pas) des taux de déforestation, ou tout simplement si une activité dégradant l’environnement a continué ou cessé. Si oui, veuillez envoyer s’il vous plaît les documents pertinents (tels que des rapports de projet, articles de journaux, chapitres de livres et autres) par e-mail à m.day@cgiar.org ou francesca.booker@iied.org.
Les résultats seront communiqués dans un blog cet été.
Pour plus d’informations sur ce sujet, veuillez contacter Michael Day sur m.day@cgiar.org ou Terry Sunderland sur t.sunderland@cgiar.org.
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