Un rapport sur la Zambie prône les contrôles locaux sur le charbon et commerce de bois

La gestion centralisée des ressources forestières - notamment le charbon et le bois - n'a pas fournit des résultats bénéfiques pour la Zambie ; elle a exacerbé la déforestation et la dégradation de l'environnement tout en mettant en péril les moyens de subsistance en milieu rural, selon une nouvelle étude.
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«Les communautés rurales sont les gardiennes des forêts et elles devraient avoir leur mot à dire sur la manière d’utiliser leurs ressources», dit Davison Gumbo, un scientifique basé en Zambie travaillant au CIFOR. Photo CIFOR/Jeff Walker

BOGOR, Indonésie (23 janvier 2013) – La gestion centralisée des ressources forestières -notamment le charbon et le bois- n’a pas fourni des résultats positifs pour la Zambie. Elle a exacerbé la déforestation et la dégradation de l’environnement tout en mettant en péril les moyens de subsistance en milieu rural, selon une nouvelle étude.

La recherche a révélé que les zones de production à long terme de charbon de bois sur les terres coutumières -où les contrôles traditionnels décident de qui a le droit de couper des arbres et assurent la régénération des forêts après la récolte- pourraient servir de modèles pour une production de charbon de bois durable.

Largement blâmées d’être les principaux facteurs de la déforestation en Zambie, les productions de bois et de charbon de bois représentent cependant une contribution importante aux moyens de subsistance en milieu rural, écrivent les chercheurs. Ils plaident pour un retour à la gestion locale des forêts, soutenu par des lois au niveau du district.

«Ceci commence par reconnaître que les communautés rurales sont les gardiennes des forêts et elles devraient avoir leur mot à dire sur la manière d’utiliser leurs ressources», déclare Davison Gumbo, un scientifique basé en Zambie travaillant au Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR).

L’industrie est de plus en plus dominée par les opérateurs illégaux, qui profitent du manque de surveillance et de la délivrance irrégulière de licences, selon l’étude intitulée «Les dynamiques du commerce de charbon de bois et de bois indigène en Zambie: Une étude préliminaire dans les provinces de l’est, du nord et nord-ouest».

Dans le cas de l’extraction du bois, l’étude a révélé que, bien que la production et le commerce soient organisés, les producteurs travaillent le plus souvent de façon illégale et la délivrance de licences devrait être décentralisée.

DEMANDE URBAINE

Puisque 70% des ménages en Zambie dépendent du charbon de bois comme combustible peu cher pour la cuisson et le chauffage, la demande pour le produit est élevée. Le charbon est généralement fabriqué dans des fours en terre inefficaces.

La demande est le plus élevée dans les centres urbains, selon l’étude, qui cite des chiffres d’une étude indépendante sur l’énergie indiquant que 85% des ménages de la capitale, Lusaka, utilisaient le charbon de bois, par rapport à seulement 15% dans les zones rurales. Le taux de consommation de charbon de bois d’un ménage à Lusaka a été estimé à 1,4 tonne par an, produite à partir d’environ 8,8 tonnes de bois, selon le rapport.

La pauvreté et les moyens limités de subsistance incitent la production de charbon en Zambie, où l’agriculture de subsistance est la principale utilisation des terres. Les taux de pauvreté rurale dans les trois provinces étudiées se situent entre 72 et 79%, selon les statistiques du gouvernement.

L’étude prédit que la demande en charbon continuera à augmenter à mesure que l’urbanisation se poursuit en Zambie, à moins que des alternatives abordables soient trouvées.

En Zambie, une augmentation de la propagation des marchés vendant du charbon de bois suggère des niveaux plus élevés de la demande, selon l’étude. Le travail de terrain effectué dans le cadre de la recherche a apporté des preuves du commerce informel transfrontalier, bien que la pratique soit interdite. En conséquence, certaines régions, en particulier celles proches des villes et routes, ont été complètement déboisées, tandis que d’autres ont été dégradées, les jeunes arbres y ont été coupés avant que la forêt ait pu se régénérer.

L’étude a conclu que «les impacts de la production du charbon de bois ont été exacerbés par les contrôles réduits, la surveillance limitée et une application inefficace de la loi».

«Nous avons également constaté qu’une grande proportion de la superficie utilisée pour la production de charbon a le potentiel de récupération rapide des forêts, en particulier avec une bonne gestion post-récolte, mais malheureusement aucun programme gouvernemental visant à améliorer la production n’a été mis en place», déclare M. Gumbo.

Dans une publication précédente, M. Gumbo et co-auteur Emmanuel Chidumayo signalent que dans l’ensemble des tropiques -à l’échelle des paysages- la production de charbon de bois entraîne souvent une dégradation, plutôt qu’une déforestation totale. Ceci renforce la recommandation faite dans l’étude récente sur la Zambie de focaliser les efforts sur «la restauration des zones ayant été dégradées par la production de charbon de bois».

D’autres recommandations comprennent notamment la production de charbon de bois durable, la gestion locale, le soutien aux femmes productrices, des fours plus efficaces et des poêles économes en énergie.

UNE PRODUCTION HORS LA LOI

Les stocks de bois commercial de la Zambie s’élèvent à 340,1 millions de mètres cubes, dont plus de la moitié pousse dans les trois provinces ciblées par la recherche du CIFOR, selon les estimations de la FAO.

L’industrie du bois fournit de l’emploi significatif, puisque le bois indigène est utilisé pour la construction en milieu rural, les exploitations minières, le mobilier et les menuiseries à travers la Zambie – une proportion est également exportée en planches, selon le rapport. L’exportation de rondins est interdite.

L’étude a révélé que, comme pour la production de charbon de bois, de nombreux producteurs de bois opèrent sans licence.

Entravé par une insuffisance du personnel et des ressources, le département forestier national est dans l’incapacité de faire respecter les lois visant à contrôler les ressources forestières, selon le rapport. D’après certains indices, les stocks de bois diminuent dans les trois provinces, avec une diminution alarmante d’espèces telles que le teck zambien (Baikiaea plurijuga), un bois dur, dense et résistant aux termites, retenu par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement.

L’étude a constaté que de nombreux scieurs doivent se rendre à Lusaka, la capitale zambienne, afin d’obtenir des licences. Le rapport recommande que les licences soient disponibles localement et que les conseils et chefs de district s’impliquent davantage dans la gestion des forêts.

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