L’atténuation sans l’adaptation peut rendre les communautés vulnérables – étude

Comprendre la vulnérabilité des communautés dépendantes des forêts est un point de départ pour la conception de stratégies d'atténuation et d'adaptation plus efficaces.
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Kegiatan seperti hutan kota, pengelolaan hutan lestari dan wanatani tidak hanya mengurangi dampak-dampak dari perubahan iklim, menurut Denis Sonwa, ilmuwan senior Pusat Penelitian Kehutanan International, namun juga dapat mengurangi kerentanan masyarakat hutan terhadap tekanan dari iklim dan bukan iklim – jika kegiatan-kegiatan itu dirancang secara benar. Kredit foto: Carsten ten Brink

Les activités telles que la foresterie urbaine, la gestion durable des forêts et l’agroforesterie peuvent non seulement atténuer les impacts du changement climatique, mais également réduire la vulnérabilité des communautés forestières face aux stress climatiques et non climatiques – si elles sont planifiées correctement, selon Denis Sonwa, chercheur chevronné du CIFOR. Photo: Carsten ten Brink

Bogor, Indonésie (27 août 2013)_ Comprendre la vulnérabilité des communautés dépendantes des forêts est un point de départ pour la conception de stratégies d’atténuation et d’adaptation plus efficaces, révèle une étude.

Parmi ses conclusions, l’étude indique que les activités d’atténuation peut rendre les collectivités plus vulnérables aux effets du changement climatique et à d’autres facteurs.

Elle fait également valoir que les résultats positifs de la conservation dépendent de la volonté et de la motivation des communautés à s’engager et à participer aux activités d’atténuation.

L’étude*, publiée dans l’International Journal of Biodiversity and Conservation*, a principalement été écrite par Eugene Chia qui a mené la recherche dans le cadre d’une thèse à l’Université Norvégienne des Sciences de la Vie*.

L’ATTÉNUATION PEUT CRÉER PLUS DE VULNÉRABILITÉ

La recherche a porté sur deux villages dans les forêts tropicales du sud du Cameroun qui sont impliqués dans des projets pilotes de paiements pour services écosystémiques (PSE). Par les PES, les communautés reçoivent un paiement en argent comptant ou en nature pour la préservation de «services» tels que l’eau, le stockage du carbone et la biodiversité.

Les projets pilotes au Cameroun sont conçus pour maintenir les stocks de carbone et la biodiversité à travers d’activités telles que la protection et la régénération des forêts, ou encore l’agriculture durable. En outre, les projets comprennent des dispositifs pour renforcer la santé et l’éducation ayant trait aux infrastructures.

Financés par le Fonds pour les Forêts du Bassin du Congo*, les projets sont mis en œuvre par le Centre pour l’Environnement et le Développement* avec l’appui de Bioclimate, Econometrica* et Rainforest Foundation UK*.

Les chercheurs ont constaté que les projets pilotes sont axés sur la réduction de la déforestation et la conservation de la biodiversité, mais ne considèrent pas forcément les moyens d’aider les communautés à s’adapter à un climat changeant.

En fait, l’étude constate que les conditions imposées par les projets PSE ont eu des conséquences majeures sur les activités de subsistance dans le village de Nkolenyeng, communauté essentiellement agricole.

Par exemple, comme les projets interdisent la pratique de l’agriculture itinérante sur brûlis, certains agriculteurs âgés ont décidé de défricher moins de terres plutôt que d’opter pour d’autres méthodes de défrichage demandant plus de main d’oeuvre.

Finalement, ces décisions peuvent affecter la sécurité alimentaire et les revenus du village, créant ainsi une plus grande vulnérabilité, suggère l’étude.

«A mon âge, j’ai peu d’énergie pour préparer mes champs sans utiliser le feu, pour l’instant, avec les conditions du projet, je vais donc préparer seulement une petite parcelle», a déclaré un paysan âgé de 62 ans lors d’une discussion de groupe.

«Si vous demandez aux agriculteurs de ne pas faire de cultures sur brûlis, alors vous devez vous assurer qu’ils peuvent gagner le même revenu et faire pousser la même quantité de nourriture sur une plus petite unité de terre», dit Denis Sonwa, scientifique au CIFOR et co-auteurs de l’article.

CRÉER UNE SYNERGIE ENTRE L’ADAPTATION ET L’ATTÉNUATION

Les deux communautés se sont avérées être vulnérables aux stress climatiques et non climatiques.

Par ce qu’ils ont appelé «accidents climatiques», les villageois ont déclaré des variations de température et d’ensoleillement, des précipitations et des périodes traditionnelles de semis et de récolte. «La pluie arrive à l’improviste pendant la saison sèche et est retardée quand elle est censée venir», explique un villageois durant une discussion de groupe.

Les chercheurs et les villageois ont réfléchi à des stratégies d’adaptation qui pourraient assurer des revenus durables et une sécurité alimentaire. Quelques idées ont préconisé davantage de cultures mixtes, des variétés nouvelles et améliorées de cultures, l’agriculture maraichère et l’agroforesterie. Les activités potentielles génératrices de revenus allaient d’une collecte et commercialisation améliorées des fruits issus de la forêt à l’apiculture, la pisciculture et à la culture de champignons.

«Certaines activités sont déjà mises en place via le projet d’atténuation de PSE», explique M. Sonwa. «Par exemple, ils plantent des arbres, promeuvent l’agriculture durable et renforcent les capacités pour l’apiculture. L’important est que les activités d’atténuation soient planifiées avec l’adaptation à l’esprit afin de créer une synergie entre les deux approches.»

Les activités telles que la foresterie urbaine, la gestion durable des forêts et l’agroforesterie peuvent non seulement atténuer les impacts du changement climatique, dit M. Sonwa, mais aussi réduire la vulnérabilité des communautés forestières face aux stress climatiques et non climatiques – si elles sont planifiées correctement. «Une approche holistique et intersectorielle, qui engage les communautés, les gouvernements et les scientifiques, est nécessaire pour assurer que les projets favorisent à la fois l’atténuation et l’adaptation», dit-il. «Sinon les projets peuvent ne pas profiter des avantages de la synergie, ou pire, inclure des éléments qui nuisent l’impact global.»

LE RÔLE DU DROIT FONCIER ET DES BÉNÉFICES ÉQUITABLES

D’autres résultats confirment des recherches antérieures* qui suggèrent que des droits fonciers – ou des droits de gestion – clairs, motivent les communautés à s’impliquer dans la conservation des forêts. Les membres de la communauté étaient prêts, par exemple, à entreprendre des activités d’atténuation parce qu’ils croyaient que les bénéfices leur reviendraient à eux, plutôt qu’à l’État. En outre, le document fait écho à d’autres études* sur l’importance d’une répartition équitable des ressources et des bénéfices que représentent les forêts.

À Nomedjoh, 93% des personnes interrogées disent qu’elles pensent que les bénéfices seront partagés à parts égales. Ceci indique que la communauté se conformerait à l’interdiction de l’agriculture sur brûlis et à d’autres conditions, disent les chercheurs.

À Nkolenyeng, cependant, les personnes interrogées déclarent être encore frustrées par la mauvaise gestion et le détournement de fonds dans un projet forestier précédent et seulement 87 % pensent que le projet actuel sera équitable pour tous. Ce sentiment de méfiance a des répercussions sur la volonté des villageois de participer et de se conformer aux conditions du projet, selon les chercheurs.

«Il s’agit d’un projet pilote, c’est donc un processus d’apprentissage», dit M. Sonwa. «En tant que scientifiques, nous essayons d’évaluer la vulnérabilité des communautés et d’offrir des leçons qui puissent être utiles. Le message clé est que nous devons nous assurer que les activités de subsistance soient résiliantes et que les communautés ne deviennent pas plus vulnérables».

Pour plus d’informations sur les enjeux abordés dans cet article, veuillez contacter Denis Sonwa sur d.sonwa@cgiar.org.

Ce document a été produit à partir de deux projets du CIFOR : le projet Forêts du Bassin du Congo et Adaptation au Changement Climatique (CoFCCA), financé par le Centre de Recherche pour le Développement International du Canada (CRDI) et le Département Britannique pour le Développement International (DfID) ; ainsi que le projet Adaptation et Atténuation du Changement Climatique dans les Forêts du Bassin du Congo (COBAM), qui s’inscrit dans le cadre du Programme d’Appui à la Conservation des Écosystèmes du Bassin du Congo (PACEBCO), financé par la Banque Africaine de Développement et la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale.

*Liens non traduits en français

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