Le 2 décembre 2012, j’aurai l’honneur d’ouvrir la sixième édition de la Journée des forêts qui se déroulera à la 18ème Conférence-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP18 de la CCNUCC) à Doha. Il ne fait aucun doute que cet événement consacré au devenir des forêts et au futur de la filière forêt-bois rassemblera de nombreux acteurs et sera une source d’inspiration. Partenariat de collaboration sur les forêts associent chaque année leurs efforts pour organiser la Journée des forêts, et ce depuis la COP13 à Bali en 2007 qui a été marquée par une attention sans précédent apportée à la problématique des forêts. Jamais autant de chefs d’États ne s’étaient penchés sur ce thème et jamais les dotations internationales en faveur des forêts n’avaient été si généreuses. Je crois que nous pouvons dire sans hésitation que l’attention accordée aux forêts s’est accrue de manière définitive depuis les cinq dernières années. Nous pouvons être fiers que la Journée des forêts et tous ses partenaires aient joué un rôle majeur dans ce succès.
Toutefois, la sixième Journée des forêts sera la dernière que nous organiserons à la COP de la CCNUCC. Nous pouvons dire que la question des forêts figure à présent en bonne place parmi les préoccupations liées aux changements climatiques. Cette mission accomplie, il s’agit de nous investir dans une autre, toute nouvelle, qui consiste à œuvrer pour la croissance durable, rationnelle pour le climat et équitable des secteurs verts. Pour réaliser cette mission, nous avons besoin d’approches holistes et de briser les barrières entre secteurs qui nous empêchent de voir clair et nous limitent dans nos choix de solutions. Nous sommes donc impatients de tirer les acquis des Journées des forêts afin d’opérer un rassemblement plus large de partenaires dans les domaines de l’agriculture et du développement rural à l’occasion de la Journée des paysages à la COP de la CCNUCC l’année prochaine. Ce n’est pas une étape facile à franchir.
Depuis la première Journée des forêts, plus de 5 000 acteurs du secteur de la forêt provenant d’une centaine de pays ont participé à cet événement. Parmi ceux-ci figuraient près de 1 000 négociateurs de la CCNUC, plus de 400 journalistes et plus de 300 orateurs, dont un Président, des ministres, des lauréats du prix Nobel, des chefs autochtones et des spécialistes et chercheurs d’envergure internationale. Plus de 100 000 autres personnes ont rejoint l’événement en ligne. Les sondages nous indiquent que plus de 90 % des participants à ces journées ont estimé qu’elles avaient été réussies ou très réussies. Il est clair que les Journées des forêts sont devenues l’un des événements phare de la communauté internationale des forêts et de la filière bois-forêt. Mais alors, pourquoi changer ce qui marche ?
Je voudrais dégager deux raisons principales à cela.
Premièrement, les négociations sur le climat évoluent. Au cours des années précédentes, des accords fructueux sur le REDD+ ont été passés, même si les résultats ont été beaucoup moins probants aux plus hauts niveaux. Tous les éléments du REDD+ sont progressivement définis et adoptés. Cette année, à Doha, il est tout à fait plausible que les textes sur les systèmes nationaux de surveillance des forêts et sur le suivi, la notification et la vérification (SNV) seront adoptés, et que des progrès seront réalisés sur les questions relatives aux moteurs. Les débats portant sur la prise en compte des avantages multiples sont intéressants et révèlent l’importance du contexte de mise en œuvre du REDD+. Au fur et à mesure que le REDD+ se développe et se concentre davantage sur la mise en œuvre, il y aura moins de demande pour un événement de haut niveau consacré uniquement aux forêts, et de plus en plus de demande pour des contributions différentes, en particulier des travaux de recherche pertinents sur des sujets bien précis.
Deuxièmement, la prochaine grande étape à venir pour la CCNUCC est le nouvel accord sur le climat dont la conclusion est prévue pour 2015. Là encore, nous pensons qu’en vue de ce processus, il est indispensable d’accroître l’importance des secteurs verts et de s’assurer qu’ils occuperont une place importante dans le plan de travail de la CCNUCC. Nous avons vu à quel point il avait été difficile d’amener les négociations sur les questions agricoles pendant les années précédentes, et que les résultats ont été très mitigés. Sans doute parce que les débats ont porté essentiellement sur une problématique environnementale touchant les ressources naturelles. Il faut que la Convention prenne conscience de l’importance de la gestion et de l’économie des ressources naturelles, non pas seulement parce que ces dernières sont à l’origine d’une bonne partie des émissions, mais aussi parce que les secteurs verts et la sécurité alimentaire à long terme seront les plus affectés par les changements climatiques et parce que l’agriculture et la filière forêt-bois restent essentiels pour la survie de milliards de personnes. Nous pensons qu’une plateforme consacrée aux paysages peut aider la Convention à se pencher davantage sur ces questions.
J’ai déjà dit qu’il était temps que la filière de la forêt sorte du fonds des bois. Passer de la Journée des forêts à la Journée des paysages illustre très bien la voie à suivre. Il n’y a pas de limites nettes entre les forêts et les paysages dans leur ensemble. Ni géographiquement, ni économiquement, ni du point de vue du développement durable.
Pour terminer, je voudrais remercier tous ceux qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour faire des Journées des forêts passées un véritable succès. Nous aurons très certainement l’occasion de fêter cette réussite la semaine prochaine et de discuter de l’étape suivante dans laquelle les paysages seront centraux dans l’intérêt de la CCNUCC, mais aussi de la façon dont nous pouvons continuer à adapter le concept Journée des forêts à d’autres forums.
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